3 mois en Tanzanie en camping-car : bilan et infos pratiques
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Notre séjour en Tanzanie aura pour le moins été étrange et bouleversé ! Nous y sommes arrivés le 18 mars 2020, choisissant de nous auto-confiner sur la côte de l’océan indien tandis que les pays fermaient leurs frontières à vitesse grand V. Nous avons donc tracé sur la partie nord du pays, ne nous sentant pas les bienvenus à l’époque où en Afrique le Covid-19 était perçu comme une maladie apportée par les blancs… Après 2 mois passés sur une plage, nous sommes finalement rentrés en Europe le 20 mai. Et revenus le 16 novembre ! J’ai déjà dressé le bilan des 3 semaines passées sur Zanzibar, je m’attacherai ici plutôt au bilan des 3 mois passés en Tanzanie continentale. Mais pas si facile de dresser ce bilan dans la mesure où nous avons été sédentaires forcés les 2/3 du temps, que nous avons passé de longues heures à cogiter sur la suite de notre aventure et que nos choix nous ont couté plusieurs milliers d’euros. Donc oui nous avons aimé la Tanzanie, surtout l’accueil, la gentillesse et l’enthousiasme des gens depuis notre retour en novembre. Mais nous restons sur un goût d’inachevé. Nous n’avons pas fait autant de rencontres que dans les autres pays, nous avons l’impression d’avoir été plus spectateurs qu’acteurs de notre voyage. Sans compter que, comme au Kenya, nous avons été confrontés à la réalité du tourisme de luxe en Tanzanie nous privant de pas mal d’activités au regard de notre budget limité.
Durée : 96 jours, du 18 mars au 20 mai 2020 puis du 8 décembre au 8 janvier 2021 (+ 22 jours à Zanzibar)
4 220 kilomètres parcourus
Dépenses : 4940€, soit 51,50€/jour tout compris. Enfin sans compter les vols de retour liés au Covid !
J’ai hésité à vous communiquer ce bilan financier car franchement, il n’est pas du tout représentatif de notre voyage. Même si nous sommes parvenus à rester dans notre « moyenne » quotidienne, la répartition des dépenses est très différente des autres pays. Les frais d’hébergement pèsent pour 30% du budget, en raison de notre confinement sur un campsite sur la plage de Pangani (moyennant 25$/j). La rubrique « frais et charges » est également surreprésentée par rapport à d’habitude : nous avons eu des frais de stockage du camping-car (350€), des frais de paiement par CB pendant notre confinement, sans oublier 250$ de tests Covid. Le reste, c’est la vie quotidienne sur place et quelques visites sur les dernières semaines de notre séjour. La vie quotidienne est peu chère en Tanzanie si l’on s’en tient aux produits locaux dans les endroits non touristiques. Comme souvent, les prix augmentent rapidement pour les produits importés et/ou plus « occidentaux (beurre, thon en boite, lait). Et nous avons souvent dû négocier pour ne pas payer le « mzungu price », le prix pour les occidentaux. Nous n’avons fait que 4 activités ici : le bateau pour nager avec les requins-baleine sur Mafia, la balade à Isimila et la météorite à Mbozi et un ciné Père/Eliott. Ça ne fait pas beaucoup en plus de 3 mois !
Ce qu’on a aimé
- Nager avec les requins-baleine au large de l’ile de Mafia : une expérience absolument incroyable ! Article à lire ici
- Au risque de me répéter, l’accueil des tanzaniens est vraiment sympa : les sourires dans la rue, les signes de la main, les salutations de bienvenue… Nous avons d’autant plus apprécié cette chaleur humaine après l’indifférence polie scandinave 😉
- Un confinement dans des conditions idéales : alors oui, comme tout le monde on s’est un peu ennuyés pendant les 2 mois où nous n’avons vu personne d’autre que notre cercle familial et Kassim, la personne du campsite qui s’occupait de nous. Mais avouons-le, nous étions dans des conditions de rêve, les roues quasiment sur la plage, avec une piscine, un espace « lounge », le hamac devant la porte, des singes et des mangoustes pour nous tenir compagnie, du poisson frais, des fruits à profusion…
- La côte de l’océan indien : Nous sommes restés à 3 endroits sur la plage (Fish eagle point au nord, Pangani et Kimbinji) et à chaque fois c’était vraiment chouette et relax. Seule petite déception, comme au Kenya il est quasiment impossible de trouver un endroit pour bivouaquer dans la nature gratuitement en bord de plage. Soit il n’y a pas d’accès en véhicule, soit l’accès est privé.
- Et même si j’ai fait un bilan « à part » sur nos 3 semaines passées à Zanzibar, l’ile faisant partie de la Tanzanie ça restera dans nos meilleurs souvenirs du pays.
- Un pays sans Covid, quelle sérénité ! Sans faire de politique ni de médecine, on a aimé l’ambiance Covid free lors de notre retour en novembre : ici, personne n’en parle, la vie s’écoule tout à fait normalement, personne ne porte de masque. C’est simple, officiellement le Covid n’existe pas. Et dans la réalité ? Pas de presse libre, pas de chiffres, pas de déclarations, pas de tests… donc impossible de mesurer la réalité. Alors bonne ou mauvaise politique du président ? (qui a affirmé que Dieu avait chassé le virus du pays, qui n’a plus fait de test après le 5 avril, qui n’a pris aucune mesure à part à la fermeture des écoles et des frontières pendant 2 mois…). Je ne sais toujours pas quoi penser. On a essayé de faire attention, mais quand tout le monde s’en balance ce n’est pas évident !
Ce qu’on a moins aimé
- Un gout d’inachevé : A cause du Covid et de notre course contre la montre pour nous auto-confiner sur la côte, nous n’avons pas pu visiter toute la partie nord du pays, celle où il y a le plus de choses « à faire » ou « à voir » : Le lac Victoria, Arusha, Moshi, le Kilimandjaro, les montagnes d’Usambara, Lushoto… C’est dommage et cela gâche un peu notre visite de ce grand pays.
- Vous connaissez le comble pour un overlander en Afrique ? C’est d’être sur une belle route goudronnée sans pouvoir dépasser 50KM/h. Mon dieu ces limitations de vitesse interminables bien après la fin du village ! Ajoutez à cela les nombreuses lignes blanches interdisant les dépassements, les dos d’âne en pleine descente et les milliers de poids lourds sur les axes principaux… vous obtenez un conducteur qui râle… beaucoup !
- Alors vous me direz sûrement : « oh mais c’est l’Afrique, non ? la ligne blanche on s’en moque un peu ». Et bien que nenni (tiens, si on remettait cette expression à la mode ?) !! Car des milliers de policiers sur la route sont là pour vous rappeler les règles. Un truc de dingue, ils sont partout : après chaque village, dans chaque descente, sous chaque grand arbre en bord de route. Nous avons été arrêtés plusieurs dizaines de fois, j’aurais dû compter ! Au début pour de petite infractions car Renaud le prenait un peu trop cool (nous avons eu 2 amendes officielles, payées à la banque avec reçu). Ensuite, lorsque Renaud a compris qu’il fallait rouler à 40km/h tout le temps et rester derrière les camions, même en montée, ils nous arrêtaient par reflexe, par simple curiosité, pour échanger quelques mots et jeter un œil à notre étrange monture. Mais en Afrique, ce n’est jamais très agréable de se faire arrêter par la police car tu ne sais jamais comment ça va se dérouler, et carrément stressant sur la fin de notre périple car nous étions en totale infraction (plus d’assurance, véhicule ayant largement dépassé les 3 mois autorisés dans le pays et road tax non payée depuis juin…). Oups 😉
- Après les quelques mois passés en Scandinavie où la nature est accessible gratuitement pour tous, nous avons eu un peu de mal à nous remettre dans la logique du « tu es étranger donc tu paies pour tout et beaucoup plus cher ». Et je ne parle pas des « mzungus price » qu’on veut nous faire payer sur les marchés, ça c’est quasiment un jeu et ça fait partie du voyage. Non, je parle là de la moindre cascade, la moindre balade dans un lieu naturel (lac de cratère, pitons rocheux…) qui est payante. Et le forfait minimum ici, c’est 10$/personne, enfants payants moitié prix à partir de 5 ans. Alors à 5, ça pique un peu. Idem pour les tarifs des campings si tu veux dormir dans un coin sympa (voir rubrique bivouac). Et le pompon ce sont quand même les parcs nationaux : 70$ par jour et par personne, 30$/personne pour dormir dans l’enceinte du parc, et 200$/jour pour faire entrer notre camping-car. Allo, le gouvernement ? ça va, tu n’as pas l’impression de t’en mettre plein les fouilles ? Bref, comme au Kenya petite frustration de nous sentir limités dans nos activités et la découverte du pays par de simples considérations financières.
Les petits trucs qu’on a remarqués
- Des stations-service XXL : nous sommes habitués depuis notre arrivée en Afrique aux petites stations-service poussiéreuses. Mais ici elles sont super grandes, et souvent plutôt propres, elles peuvent servir de parking nocturne pour les minibus ou les poids-lourds. A noter que Total est très très présent.
- Egalité Homme-femme dans le domaine de la sécurité ? Bon égalité je ne sais pas mais on a remarqué pas mal de femmes en uniforme exerçant un métier lié à la sécurité (près d’une banque, d’un dépôt de gaz…). En tout cas suffisamment pour que je le remarque 😉
- Il y a 2 religions dominantes en Tanzanie, avec une répartition géographique assez marquée : la côte et Zanzibar sont clairement beaucoup plus musulmans que l’intérieur des terres qui est très chrétien. Il y a aussi beaucoup de « prédicateurs » qui clament leurs discours en pleine rue.
- On a repéré un nombre non négligeable de personnes albinos. En fait c’est le 1er pays où l’on en voit autant. Cela m’a d’autant plus marquée que j’avais lu des articles sur le fait que les albinos étaient persécutés en Tanzanie, littéralement chassés et dépecés et leurs membres utilisés dans certaines préparations vaudous aux effets supposés « magiques ».
Infos pratiques pour circuler en camping-car
- Point d’entrée : Rusomo, en arrivant du Rwanda. Formalités rapides, nous refusons poliment les quelques fixers qui tentent de nous accompagner. Il y a une Road Tax de 25$ à payer pour le véhicule (20$ pour les mois suivants, 3 mois maximum). Il faut payer à la banque qui se trouve à la frontière. Pas de fouille du véhicule à l’entrée du pays. Les 100km premiers kilomètres ne sont vraiment pas terribles du tout, mais « moins pire » que les 80km au Soudan pour rejoindre la frontière éthiopienne.
- Visa : 50$ pour 90 jours, pris à la frontière.
- Point de sortie : Tunduma, vers la Zambie. Un peu « busy » mais aucun besoin de prendre un fixer. Le camping-car étant resté 10 mois en Tanzanie, nous aurions dû payer la road tax de 20$/mois sur l’ensemble du séjour. Et normalement en cas d’overstay la douane peut nous coller une amende équivalente à 20% de la valeur du véhicule. Dans notre cas personne ne nous a rien demandé, nous n’avons pas insisté. A noter : si vous avez le temps, optez pour le poste frontière un peu plus à l’ouest, la route pour rejoindre Mpika en Zambie est bien meilleure que celle de Nakonde visiblement.
- Assurance : nous étions couverts jusqu’à la fin de l’année par la yellow card achetée en Ethiopie (équivalent de la carte verte européenne pour l’Afrique de l’est). Nous n’en n’avons pas pris pour la fin de notre parcours. L’attestation d’assurance ne nous a jamais été demandée. Nous avons eu un accident le dernier jour de notre séjour, nous avons embouti une voiture, vitre et portière bien amochées. Nous avons réglé cela avec le propriétaire moyennant 120€.
- Monnaie : le shilling Tanzanien, au taux approximatif de 1€ = 2800TSH à la fin du séjour (on était plutôt autour de 1€=2500TSH en mars 2020, soit 11% de dépréciation de la monnaie locale par rapport à l’euro en quelques mois !). On trouve des ATM dans toutes les villes, les retraits sont limités à 400 000 TSH (environ 140€) et la plupart des banques prennent des commissions de 6 à 8$/retrait. Nous avons trouvé les banques DTB et KCB ne prenant pas de commissions, mais on ne les trouve pas partout. On peut payer par CB pour le gasoil et les courses dans les plus « grands » supermarchés, mais prévoir du cash car souvent les terminaux sont en panne. Les campsites prennent des frais de 2 à 3% pour les paiements par CB.
- Routes : les routes principales sont plutôt bonnes, mais compte-tenu de la taille du pays on a trouvé qu’il y avait peu de routes secondaires. On tombe assez vite sur des pistes. Les pistes principales sont bonnes, mélange de gravier/sable. Dans l’ouest du pays, nous avons eu pas mal de pluie et les pistes se sont vites dégradées pour nous (boue).
- Bivouacs : si l’on met de côté nos 2 mois d’«auto-confinement », nous avons fait beaucoup de bivouacs sauvages ou gratuits en Tanzanie. Nous nous sommes sentis parfaitement en sécurité. Les coins trouvés n’étaient pas forcément super sympas pour rester plusieurs jours, mais très bien pour des bivouacs de transition. Les tarifs des campsites sont élevés pour une famille de 5, souvent 10$/personne et par nuit et les enfants demi-tarif. Nous avons payé en moyenne 23$/nuit les différents campsites. Répartition de nos bivouacs en Tanzanie :
- 19 nuits isolés dans la nature en bivouac sauvage
- 59 nuits en campsite payant (4 nuits au Fish Eagle Point, 51 au Peponi Campsite, 2 au Kimbinji Beach Lagoon et 2 au TanSwiss Camping)
- 9 nuits dans le garage où nous avons stocké notre CC
- 1 nuits dans le jardin de locaux
- 5 nuits gratuites à côté d’installations (3 stations-service, 1 hôtel à Arusha, 2 nuits au visitor center de la météorite)
- 3 nuits d’hôtel sur l’ile de Mafia
- Sécurité : RAS, nous avons trouvé la population très accueillante, curieuse mais respectueuse (on met de côté la 1ère semaine où nous ne nous sentions pas les bienvenus, évidemment) ;
- Police : j’en ai déjà parlé ! Incroyable le nombre de check-points ! Nous avons eu 2 amendes de 30 000 TSH (= 12€), payées à la banque avec reçu.
- Eau : certaines stations-services ont de l’eau, mais pas toutes. Dans tous les gros villages il y a généralement un robinet commun, ou bien des réservoirs d’eau de pluie. Les car wash se font dans les rivières, donc ce n’est pas le bon plan en Tanzanie 😉
- Carburant : Le prix du carburant est moins cher qu’au Kenya, en moyenne nous l’avons eu autour de 1700 TSH/l (= 0,60€/l). On le trouve globalement entre 1600 et 1800 TSH. Il est de plus en plus cher à mesure qu’on s’éloigne de Dar es Salam. Aucune difficulté pour trouver des stations-service.
- Internet : nous avons pris une carte sim Tigo à 1000 TSH (= 0,40€) et un forfait mensuel autour de 20 000 TSH les 16 ou 20Go. A noter : sur Zanzibar Renaud a pris une carte Zantel mais a eu des difficultés pour la recharger sur le continent. Globalement, la réception internet en Tanzanie c’est pas foufou. Nous avons été relativement satisfaits de la couverture de Tigo. On capte surtout dans les villes, mais dès qu’on s’éloigne le signal diminue très vite.
- Courses : Alors qu’au Kenya on trouvait des grandes surfaces, il y en a très peu ici. Ce sont surtout des épiceries de taille moyenne, mais parfois avec un assez bon approvisionnement+ marchés et vendeurs de rue pour les fruits et légumes. Il faut souvent chercher un peu pour trouver le pain de mie et des produits laitiers. A partir d’Iringa en allant vers l’ouest, on trouve un fromage local, le Caciotta, fabriqué à Njombe et pas mauvais du tout. Quelques prix sur les étals de rue en monnaie locale :
- 1 Chipsi mayaï (omelette aux frites) : 2000 TSH
- 1 assiette riz/un peu de poulet/légumes : 2500 TSH
- 1 chapati : 300 à 500 TSH
- 1 kg de carottes : 2000 TSH
- la pyramide de 4 ou 5 tomates : 700 TSH
- 1 œuf : 300 TSH
- 1 mangue : 800 TSH les très grosses,
- 1 avocat : 500 à 700 TSH suivant la taille
- 500g de beurre : 19 000 TSH
- 1kg de pain de mie : 2000 à 2500 TSH
- 1 chou blanc, brocolis ou chou-fleur : autour de 3000 TSH