Beaucoup d’émotions en quelques jours !
Nous voici en Zambie ! Nous avions prévu d'y être beaucoup plus tard mais en plein Covid on ne maitrise plus tout à fait notre itinéraire ;) Et au bout d’à peine 2 jours, nous sentons que nous allons bien aimer ce pays. Mais y arriver ne s’est pas fait sans peine ! Que le prochain qui me parle de vacances vienne me voir ! Allez, je vous raconte tout ça dans l’ordre :
- Jeudi 7 janvier : c’est le jour où nous devons récupérer nos tests Covid à l’hôpital de Mbalizi. Nous arrivons dans l’après-midi, peinons à trouver quelqu’un qui nous renseigne. Finalement le chef du labo vient à notre rencontre : ils n’ont toujours rien. Et cette phrase magique : « i think your results might probably arrive tomorrow, let us pray for that ». En traduction littérale, cela signifie : « je pense que vos résultats sont susceptibles d’arriver demain, prions ensemble pour que cela se produise ». En traduction « réelle », nous comprenons : « il n’y a aucune chance pour que vous résultats arrivent demain mais je ne veux pas vous le dire car vous allez vous énerver contre moi et je n’y peux rien car ce sont les méandres de notre administration… ». On essaie de comprendre, on se fait expliquer le cheminement (car on sait que nos résultats sont prêts depuis hier !) : quelqu’un au ministère de la santé doit faire signer notre certificat négatif, puis l’envoyer par mail au responsable régional de la santé qui doit lui-même l’envoyer à l’hôpital. Le temps qu’on insiste, qu’on comprenne, qu’on râle, le temps passe et c’est déjà la fin de la journée. On repart dépités et un peu inquiets. Demain nous sommes vendredi, si le ministère ne nous envoie pas les documents avant le week-end, nos tests auront plus d’une semaine et ne seront plus recevables pour entrer en Zambie… gloups !
- Vendredi 8 janvier : nous arrivons à 9h30 à l’hôpital. Évidemment rien de neuf depuis hier. Emmanuel, qui nous a reçu hier est embarrassé, il me passe directement au téléphone la personne de l’agence régional qui accepte d’essayer de faire essayer d’accélérer notre dossier. Je promets de revenir toutes les heures pour avoir des nouvelles. Nous sommes garés sur le parking de l’hôpital en attendant. 1 heure plus tard, je me pointe avec mon plus beau sourire. Emmanuel est dépité ! Il vérifie sur l’ordi, toujours rien. 11h30, toujours rien. Nous rappelons l’agence régionale qui nous raccroche au nez. Ma patience atteint ses limites, je demande à Emmanuel à parler à son chef, le directeur de l’hôpital, le ministre lui-même je m’en moque, quelqu’un ! Je me retrouve dans le bureau du « managing director » qui est bien embêté pour nous. C’est gentil mais ça ne fait pas avancer le schmilblick. Jusqu’à ce qu’il nous propose une autre stratégie : le directeur régional de la santé est à Mbeya, à une quarantaine de kilomètres d’ici. Il nous suggère d’aller le voir directement. Je soupçonne que c’est aussi pour se débarrasser de nous mais peu importe, on file ! A 12h30 nous sommes devant le bureau du big boss. Lorsqu’il arrive 30mn plus tard, nous lui expliquons la situation, il s’excuse pour le délai et nous assure que quelqu’un va s’occuper de nous. 10 minutes plus tard, nous rencontrons Claude, la personne que j’ai eu en ligne ce matin. Il nous garantit qu’on va recevoir les résultats cet après-midi. Je prends ses coordonnées et nous partons.
- Renaud doit faire une marche arrière en courbe pour sortir du parking et alors que nous sommes en train de commenter notre matinée, CRAC !!! Un énorme bruit de verre et de tôle… on vient d’emboutir une voiture !! Portière enfoncée, système d’ouverture de la porte explosé et vitre en mille morceaux. Oh bordel le stress monte… être responsable d’un accident en Afrique, ce n’est jamais bon, et pour mémoire nous n’avons plus d’assurance depuis 1 semaine. Ça peut nous couter très très cher cette histoire !! C’est avec la boule au ventre que nous cherchons aux alentours à qui appartient le pick-up, visiblement à un dentiste de l’hôpital. Nous nous confondons en excuses, compte-tenu de la situation il n’est pas de trop mauvaise humeur. Il passe un coup de fil pour faire venir quelqu’un afin d’estimer les travaux. Entre temps, nous convenons que lui laisser la somme d’argent pour réparer est la meilleure solution pour tout le monde (on n’évoque ni police ni assurance…). A vue de nez il nous parle de 400 000 TSH (= 150€) mais il veut attendre le diagnostic du mécano pour confirmer. Entre-nous nous sommes soulagés, qu’aurions-nous fait s’il avait demandé 1000€ ?? Celui-ci arrive rapidement. Sous nos yeux, en swahili, on comprend qu’il détaille les différents points à réparer, le dentiste prend sa calculatrice… on a l’impression qu’il discute pour faire baisser les prix (mais ça pourrait être l’inverse !). Il nous propose finalement de payer 350 000 TSH pour nous laisser partir. On accepte, 120€, on ne s’en sort pas si mal…
- A 17h30, nous n’avons toujours aucune nouvelle de nos tests. On décide de revenir à l’hôpital, mais tout le monde est déjà parti. Nous harponnons la seule personne que nous croisons en lui demandant le téléphone du directeur régional. Aucun de mes interlocuteurs ne répond, j’envoie à tous des messages en mode désespérée mais nous n’avons plus d’espoir d’avoir nos tests avant le week-end. Je vous laisse imaginer notre moral à ce moment-là…
- En silence, plongés dans nos pensées, nous rejoignons la station-service relativement calme sur laquelle nous avons déjà dormi la veille pour ne pas trop nous éloigner… un bivouac de rêve pour parachever cette semaine ! Et puis l’inattendu se produit à 18h40 : le « ding » de whatsapp : nos certificats !! Bon il y a des fautes à tous les certificats (Louise est devenue Lohe ??), il manque des numéros de passeports mais on ne va pas faire les difficiles ! A nous la Zambie !
- Le lendemain, samedi 9 janvier, nous partons tôt vers la frontière, avec un arrêt « impression des certificats » en cours de route. Nous arrivons à 11h30 devant le portail. C’est un peu le bazar, des gars nous tombent dessus pour nous « aider » mais nous les écartons gentiment mais fermement. Et avec raison, en 3h30 tout est bouclé, assurance comprise ! Et 1 heure plus tard, nous avons retiré de l’argent et acheté des cartes sim locales. Pas si mal pour une frontière réputée compliquée ! Et comme quoi de toute situation peut sortir du positif : vous vous rappelez les 2 heures perdues en début de semaine dans les bureaux de la Tanzanian Road Authority pour essayer de régulariser la situation du camping-car (et la menace d’une grosse amende (20% de la valeur du véhicule) nous pendant au nez, en plus des 140$ de taxes à payer pour les mois de présence du véhicule) ? Et bien la personne à qui Renaud a parlé avait inscrit sur nos papiers « vu à la TRA de Mbeya ». Visiblement, la dame à la douane a pensé que nous avions tout régularisé et ne nous a rien demandé. Vous imaginez bien que nous n’avons rien dit. Et hop, 140$ d’économisés, c’est le montant que nous avons payé pour l’accident… opération nulle 😉
- Nous décidons de rouler un peu pour sortir de la ville frontalière et nous découvrons alors l’état de la route principale. Une catastrophe !! Des nids d’autruche, de la boue, pas assez de goudron, de gros devers de chaque côté… Nous mettons 2 heures pour faire moins de 60km. Il n’y a pas beaucoup de pistes praticables pour nous permettre de trouver un bivouac dans la nature. Nous en prenons une pas trop pourrie en espérant qu’elle ne se détériore pas trop. 1km, 2km, 5km et toujours aucun emplacement où nous poser en retrait de la route. Et puis soudain, la piste s’arrête ! Devant nous, une carrière. Nous apercevons une maison à une centaine de mètres, quelqu’un vient vers nous. Il nous explique que les chinois sont en train de créer la piste. Ils ne travailleront pas demain, on peut donc dormir ici. Cool !
Le lendemain, lorsque nous ouvrons la porte, une poigné de gamins sont à quelques mètres, silencieux. Ils nous observent sans bouger jusqu’à ce que nous levions le camp ! Je donne quelques t-shirts trop petits au monsieur à qui nous avons parlé la veille. Il revient avec un seau de mangues. Je sens que nous allons aimer ce pays 😉 Je vous épargne un long récit sur l’état de la route, les photos ne rendent même pas justice aux cratères qui parsèment les quelques mètres de goudron. Nous achetons des trucs à grignoter le long de la route : un régime de bananes, 6 kg de champignons !! (à l’évidence nous nous sommes mal compris sur la quantité avec la petite vendeuse…), et tiens, ils mangent des insectes ici, de gros vers d’arbres séchés. On a testé, on n’en achètera pas forcément à nouveau, ils ont un gout de poisson…
Dans l’après-midi, Renaud freine brusquement… il y a un bruit suspect de son côté. Plus que suspect même, notre pneu arrière est explosé, un peu plus et nous roulions sur la jante ! 1h de stress plus tard (la route n’est pas très large mais en bonne condition et les camions nous frôlent à toute allure !), nous repartons peu sereins : nous n’avons plus de roue de secours et celle que nous avons mise n’est pas en super état. Il devient urgent de changer nos pneus !! Nous nous arrêtons peu après : comme souvent, nous prenons une piste perpendiculaire à la route principale et nous roulons jusqu’à trouver un endroit. Alors que nous entrons dans un petit village, nous repérons un endroit qui serait parfait. Mais nous repérons aussi une grande foule qui s’avance vers nous ! Qu’est-ce que c’est que ce bazar : une fête ? une manif ? pas du tout, c’est la sortie d’un match de foot ! Et tout le monde rapplique pour nous regarder nous installer. On hésite à rester, pour la discrétion c’est raté ! Mais il commence à être tard et les options ne sont pas nombreuses. Ce soir, c’est donc ambiance bain de foule ! Mais pas de visite du camping-car : quand il y a quelques personnes nous sommes ravis de faire visiter, mais là il y a une bonne quarantaine de personnes, surtout des gamins, ce serait ingérable. Nous parlons un peu avec eux puis l’heure tournant nous rentrons pour préparer le repas. A travers la porte et les fenêtres, ils épient tous nos mouvements, ramenant même des seaux pour mieux y voir ! Mais l’ambiance est sympa, nous échangeons des sourires et quelques mots, ils ne nous importunent pas, aucun d’entre eux ne demande quoi que ce soit. Ils sont justes curieux 😉 .
Mais une fois la nuit tombée, nous sommes seuls. C’est le moment pour « célébrer » mon anniversaire, bougies soufflées sur un bac de glace au caramel avec de beaux dessins de mes enfants en guise de cadeau. Je suis comblée !
On s’y attendait, la nuit a été assez courte, ce matin nous sommes réveillés par les gamins qui discutent autour du camping-car. On hésite à se déplacer pour prendre le petit-dej tranquille, mais ils ne sont qu’une petite douzaine, ça devrait aller ! Effectivement, ils sont toujours aussi calmes. Au bout d’un moment, las de nous attendre, j’imagine, ils commencent à toucher le camping-car et à s’exciter un peu pour mieux voir à l’intérieur. C’est le moment de faire diversion ! Renaud sort pour regonfler notre roue de secours, puis je prends le relais en leur montrant quelques photos et en prenant des selfies avec eux jusqu’à ce qu’on soit prêts à partir. Quelques heures plus tard, et après quelques portions de "route" encore bien bien pourries, nous sommes à Mpika, la grande ville du coin. Nous allons y rester quelques jours le temps de changer les pneus, de vérifier les freins et les roulements aussi. Ça va me laisser du temps pour boucler mon bilan de la Tanzanie, pas si évident à faire !