7 jours sur un cargo pour rejoindre Israël avec notre Camping-car, depuis Monfalcone (Italie)
[infos pratiques sur la traversée en fin d'articles pour les voyageurs intéressés]
Jeudi 8 aout, nous nous réveillons tôt. Nous avons RDV à 9h à l’agence Cataruzza qui s’occupe de notre embarquement. Après avoir passé la douane qui nous questionne surtout sur nos liquidités (combien on a en euros ? en dollars ?), nous entrons dans le port avec eux. Renaud conduit le camping-car jusqu’à son emplacement dans le cargo, le Grande Anversa. Nous gardons les clés, en moins d’une heure nous sommes installés. C’est exactement ce que nous espérions ! Nous n’avons aucun contrôle sur le poids du véhicule, ni sur la présence ou non de bouteille de gaz. Pourtant nous avions reçu juste avant de quitter la France un mail du capitaine du navire nous informant qu’il nous interdisait formellement de transporter des bouteilles de gaz. Or nous en avons 2 (pour les plaques de cuisson, le chauffage et le chauffe-eau). Nous en laissons une en France et convenons avec lui de laisser la seconde au port avant d’embarquer. Mais lorsque nous demandons où la laisser celle qui nous reste, l’agent qui se charge de nous, nous dit que c’est bon, on peut la garder si elle est presque vide. Nous sommes conduits à nos cabines (1 de 2 personnes et 1 de 3 personnes). C’est sommaire mais propre. Nous prenons connaissance de notre environnement qui va être assez réduit pendant plusieurs jours : s’agissant d’un navire de marchandises, et non « touristique », il n’y a pas beaucoup d’installations de confort : une petite salle commune avec une TV, un babyfoot, une table de ping-pong. Nous pouvons aller sur le pont mais en gardant les enfants sous haute surveillance car il y a pas mal de zones à accès restreint. Et sur le pont en acier, il fait très vite très chaud, il y a pas mal de bruit et ça sent le carburant à plein nez ! Je vous vends du rêve là, non ? 😉
Nous restons un long moment à quai à Monfalcone, le temps d’engloutir plusieurs centaines de voitures neuves dans le ventre du navire ; Pour l’exportation j’imagine… c’est impressionnant ! Nous prenons finalement la mer le lendemain vers 20h. Nous ne sommes que 8 passagers : nous 5, un couple d’italien et un italien voyageant seuls. Ils ne parlent pas très bien anglais, la communication sera assez restreinte avec eux tout au long du séjour. Tous les 3 ont acheté un billet « circulaire », c’est-à-dire qu’ils navigueront sur ce cargo jusqu’à revenir à leur point de départ.
Une routine s’installe assez rapidement, cadrée par les horaires très stricts des repas à bord : petit dej à 7h30, déjeuner à 11h et diner à 18h ! Et ici, on ne rêvasse pas pendant les repas, on enchaine les 3 plats et les fruits en moins de 30mn !! La cuisine est correcte, mais on ne se régale pas non plus. Nous avons une table pour nous 5, les 3 italiens sont ensemble et les 2 autres tables sont pour les officiers et sous-officiers de l’équipage. Ils sont majoritairement italiens, tandis que les « petites mains » que nous voyons moins sont philippins. Il y a environ 25 membres de l’équipage en tout. A chaque repas, c’est une entrée (soupe ou assiette de pâtes), un plat (des tomates mozza, des aubergines farcies, un pavé de saumon…) et une semelle viande sans accompagnement. On termine par des fruits.
Quant à notre routine entre les repas, elle est ponctuée de 2 séances d’école (on en profite pour avancer !), des jeux de société, des temps calmes (lecture, sieste), quelques dessins animés ou films et quelques sorties sur le pont, dont une pour voir les magnifiques couchers de soleil. L’équipage fait parfois quelques paniers de basket et passent la balle aux enfants avec plaisir. Ils ont aussi installé une mini-piscine gonflable sur le pont pour eux plus haut… elle est pas belle la vie ? Bon, la première fois en pleine chaleur l’eau (hauteur maxi 25cm) était tellement chaude que les enfants ont failli se bruler et n’ont pu rester que quelques minutes !! Ils y sont retournés en matinée et en soirée et se sont bien amusés.
Le navire est globalement stable, 1 seule soirée a été inconfortable à cause de vagues qui le faisait tanguer.
Nous devions descendre à Ashdod, mais le cargo s’arrête juste avant à Haïfa, au nord d’Israël, où il doit rester 1 journée à quai pour le chargement/déchargement. L’équipage nous propose de descendre là, d’autant que nous arriverions un vendredi à Ashdod et que la douane ferme du vendredi midi au dimanche, ce qui nous obligerait à passer 2 nuits à l’hôtel le temps de faire les démarches pour sortir le camping-car du port. Nous n’hésitons pas longtemps !
C’était une expérience sympa mais 6 jours de navigation me sont suffisants. J’ai hâte d’avoir une fenêtre plus grande qu’un petit hublot, de retrouver mon lit 2 places et les grands espaces extérieurs !
Mercredi 14, nous arrivons à Haïfa en début d’après midi. Nos sacs sont prêts, nous attendons qu’ils nous appellent pour monter dans le camping-car. Des officiers de l’immigration montent sur le bateau pour s’occuper de nos visas. Renaud est soumis à un interrogatoire serré d’une quinzaine de minutes sur les raisons de notre voyage, le parcours, est-ce que nous planifier d’aller dans des pays ennemis ? (oui, le Soudan, et il explique pourquoi) avez-vous déjà voyagé dans des pays arabes ? (il en cite plusieurs mais « omet » de mentionner l’Iran), ils le questionnent sur le guide Lonely Planet qui évoque les territoires palestiniens. Ils nous délivrent un peu plus tard les visas de 3 mois sur une feuille volante, sans tamponner nos passeports (on ne peut pas voyager dans certains pays, dont le Soudan, avec un tampon israélien dans son passeport !). Malheureusement, l’heure tournant, nous comprenons que nous ne débarquerons pas aujourd’hui. Un peu frustrant de devoir dormir sur le bateau à quai ! D’autant que nous nous voyons imposer un « agent maritime », une personne qui nous accompagnera dans les démarches moyennant finances évidemment. Nous essayons d’esquiver l’intermédiaire mais nous ne sommes pas en position de force : soit on accepte de le payer 250€ et on débarque demain à Haîfa, soit on va à Ashdod comme prévu et on devra aller à l’hôtel. On arrive péniblement à négocier 50€ de rabais mais on accepte… en râlant 😉
Le réveil à 4h45 du matin pique un peu ! Mais le navire doit repartir donc ils nous mettent gentiment dehors ! Nous retrouvons notre pépère intact et le sortons sur le quai, et ensuite… nous attendons. Vers 7h, une personne nous amène aux douanes (customs). Ils veulent passer nos bagages aux rayons X. Ben on n’a pas de bagages nous ! Ok pas de problème, vous pouvez sortir ce qu’il y a dans le véhicule et le mettre dans la pièce. Heu… ça ne va pas être possible là ! Renaud leur explique, et ils sont donc 2 à monter et fouiller méticuleusement tout l’intérieur du camping-car. C’est la première fois que nous avons une fouille aussi rigoureuse : la boite de perle des enfants, la boite de Nesquik, le sucre, tous les outils de Renaud… tout est regardé, manipulé. Parfois, des caisses partent aux rayons X (la caisse de jouet des enfants, leur caisse de travaux manuels…). Ils semblent bloquer sur mon pain de savon de Marseille qu’ils tournent dans tous les sens avant de le passer au rayon X. Et pendant ce temps-là, nous attendons… Au bout de 2h, nous avons un joli bazar que nous rangeons tant bien que mal, mais ils semblent nous faire confiance, nous pouvons aller à l’étape suivante ! L’intermédiaire qui doit nous faciliter les démarches nous rejoint avec un papier qu’il est allé chercher dans les bureaux de la compagnie maritime (le delivery order, prouvant que le camping-car est bien descendu au port d’Haïfa). Et nous patientons à nouveau car leur système bloque : ils ont visiblement un document leur disant que le camping-car est arrivé à Ashdod ! Ah ben tiens, il va au moins servir à quelque chose le monsieur ! Renaud en profite d’ailleurs pour négocier (avec succès !) un nouveau rabais de sa commission car franchement les démarches ne semblent pas si compliquées, d’autant que tout le monde parle anglais. Bref… 2 heures plus tard, l’énigme est résolue et nous avons le papier qui nous permet de passer à l’étape suivante. Une vraie chasse aux trésors 😉 2 bureaux et quelques coups de tampons plus tard, vérification faite du numéro de châssis, la sécurité du port nous escorte à la sortie où nous franchissons victorieusement le portique du Port. Ca y est, nous sommes vraiment en Israël !
Il est 13h. Nous nous installons sur une place de parking devant une jolie plage pour récupérer de cette matinée stressante. Il fait chaud… tous à l’eau !
A bientôt pour le récit de nos premiers jours en Israel...
Infos pratiques qui pourraient intéresser d’autres voyageurs :
- Infos et réservations : toutes les infos (lignes disponibles, tarifs, conditions générales) sont sur le site grimaldifreightercruises.com. Il y a aussi un autre transporteur, Salamis mais je ne l’ai pas contacté.
- Départ : Monfalcone ; arrivée prévue : Ashdod. Arrivée réelle Haïfa, 7 jours plus tard. L’équipage s’est occupé d’envoyer nos documents (assurance, carte grise et permis) à leur agence sur place pour faciliter notre dédouanement (= sortir le véhicule du port)
- Prix de la traversée : 2700€ pour 2 adultes, 3 enfants et 1 Campingcar de 7,15m de long
- Pas de frais au départ
- Frais à l’arrivée (plus important que ce à quoi on s’attendait !)
- 407 € de taxes portuaires
- 130 € de documents (delivery order + manifest)
- 150 € de commission pour l’agent des customs qui nous a été imposé
- Les bouteilles de gaz sont interdites à bord (cf message du capitaine quelques jours avant notre embarquement) mais nous n’avons eu aucun contrôle ni question à ce sujet.
- Il faut suivre sa réservation sur le site car la date de départ est susceptible de changer, et personne ne nous prévient ! Pour rappel, nous devions embarquer initialement le 11 juillet mais avons décalé (sans frais) à la dernière minute pour rentrer en France pour soigner Martin. Nouveau départ fixé au 28 juillet, mais le 26 ils nous ont prévenus que le bateau ne s’arrêtait plus en Israël. Départ décalé au 6 aout, puis au 8 aout, date à laquelle nous nous sommes rendus au port de Monfalcone
- Ils demandent simplement un scan des passeports en amont afin de faire nos laissezpasser qui nous permettront d’entrer dans le port. Rien pour le véhicule.
- Les démarches pour sortir le véhicule nous ont pris 5h (je ne compte par les 2h d’attente avant que les bureaux ouvrent !), mais ça aurait dû être beaucoup plus rapide sans notre problème de changement de port d’arrivée.