De plages en plages
Samedi 4 septembre, après avoir quitté Barra et fait quelques courses, nous poursuivons notre route toujours plus au sud et rejoignons la plage de Zàvora. Enfin, un peu avant la plage car le village de Zàvora est installé au sommet d'une dune de sable et la piste pour y parvenir devient bien trop sablonneuse dans les 50 derniers mètres. Mais juste avant la montée, il y a un espace herbeux plat, qui serait parfait pour nous. Un peu au bord de la piste, un peu exposé mais il ne devrait pas y avoir grand-monde qui passe ici ! A nouveau, nous devrons éviter de trop nous étaler en mode camping, mais ça devrait le faire. A peine garés, nous allons jeter un œil sur la plage : immense, avec de belles vagues et personne, absolument personne à l'horizon ! Les enfants s'en donnent à cœur joie dans les vagues et se font allègrement secouer par les remous.
Le lendemain, nous profitons de la marée basse pour rejoindre une piscine naturelle à 800m environ de notre campement. Cette fois nous croisons quelques pêcheurs, mais toujours aucun touriste. Bêtement, j'ai oublié de prendre les chaussures de bain, hors pour rejoindre la piscine il faut marcher sur des rochers acérés. Tant pis, on barbote dans l'eau tiède des cuvettes de sable, de mon côté je préfère cela aux vagues de la plage principale ! Pour rentrer au camping-car, nous faisons un petit tour par le sommet de la dune qui nous offre une vue sublime sur l'océan. Et une vue moins sublime sur un resort abandonné. C'est incroyable le nombre de constructions laissées à l'abandon dans ce pays ! Ça nous fait un peu penser à la côte entre Sharm-el-Sheik et Taba, en Egypte où se succédaient pareillement des resorts/lodges à moitié construits ou détruits, c'est toujours difficile de savoir. Les enfants insistent pour jouer à nouveau dans les vagues, ce que nous leur accordons sans difficulté : aucun policier en vue pour nous dire quoi que ce soit ici ! Oui mais voilà, je ne sais pas si c'est la marée mais les vagues sont plus puissantes qu'hier et Eliott en fait rapidement les frais : peu à peu emporté vers le large à chaque vague, il peine à revenir et Renaud doit se précipiter pour le ramener sur le rivage. Mon grand, à 12 ans qui pense toujours qu'il sait tout, vient de se faire une belle frayeur ! Nous décidons de prolonger un peu et de rester une 3ème nuit ici : les policiers que nous avons vu passer ne nous ayant rien dit, nous supposons que notre présence ne gène personne. Notre 3ème journée à Zàvora est encore très sympa : balade à marée basse dans la piscine naturelle, cette fois-ci avec les bonnes chaussures ! On s'amuse surtout sur les rochers, et le snorkeling est assez rapide à cause de l'eau un peu fraiche. Après le déjeuner, je reste au camping-car pour terminer mon texte pour le blog et les enfants partent sur la plage avant que Renaud ne les rejoigne quelques minutes plus tard. Alors qu'on leur avait bien dit d'attendre avant de se jeter dans les vagues, Renaud les trouve tous les 3 à l'eau. Et tandis qu'il descend tranquillement vers la plage il se rend compte que la situation n'est pas normale : Eliott est le plus près de la plage, il tient Louise par la main qui elle-même tient Martin, qui sort à peine la tête de l'eau ! Ils sont en train d'essayer de ramener leur petit frère qui semble emporté par le courant !! Comme hier, mais cette fois en slip, Renaud se précipite pour récupérer Martin qui arrive à se maintenir à flot tandis que les 2 autres rejoignent péniblement le rivage. Bon cette fois on va arrêter la baignade dans les vagues, je crois que ça va leur servir de leçon pour un bon moment. Cela ne nous empêche pas de profiter à nouveau de la plage pour une promenade au coucher du soleil. Mais dès le soleil disparu, nous rentrons vite car il ne fait pas chaud chaud.
Finalement après 3 nuits passées à Zàvora, nous quittons le village et roulons 2 heures jusqu'à la lagune de Quissico. La piste pour y parvenir est très bucolique, on traverse de ravissants villages avec leurs petites maisons en feuilles tressées. Alors que nous cherchons un bivouac avec vue sur la lagune, nous tentons notre chance dans un lodge abandonné super bien placé. Personne à l'horizon à qui demander l'autorisation, on verra bien si quelqu'un nous dit quelque chose ! En fin d'après-midi, alors que je viens de sortir du poulet à décongeler pour le repas de ce soir, des jeunes passent et nous proposent d'acheter leur pêche du jour. "Ah non pas encore du poisson !" nous crient les enfants qui, soyons honnêtes, se lassent assez vite dès qu'on mange deux fois de suite du poisson… Mais ce n'est pas du poisson qu'ils vendent, mais des moules, déjà cuites et décortiquées, arrangées en forme de brochettes ! On le dépouille de la quasi-totalité de son seau et au moment de payer nous pensons avoir mal compris. Il nous demande 100 meticals, c’est-à-dire 1,30€ ! Quand on pense au boulot pour pêcher et préparer toutes ces moules, c'est hallucinant ! Nous nous régalons donc d'un plat énorme de moules préparées avec du curry et du lait de coco. Pour ne prendre aucun risque je les cuit assez longtemps mais je ne suis pas très inquiète, il n'y a aucune raison qu'elles ne soient pas fraîches ! Ah j'ai oublié de vous dire qu'entre temps Nelson, le gardien des lieux est venu nous voir un peu paniqué en mode "c'est fermé vous n'avez pas le droit de rester ici !". Mais après échange avec son patron au téléphone nous avons l'autorisation de rester pour 2 nuits mais sans trop nous étaler car si nous nous faisons repérer par les autorités locales, il risquerait d'avoir une amende.
Le lendemain, il fait un temps très moyen, très gris avec quelques gouttes de pluie. On hésite entre prendre la route et rester là à ne rien faire et c'est finalement cette seconde option qui est validée en famille. Lecture, recherches d'infos pour la suite de notre parcours, un film en fin de journée… le temps passe vite aussi quand on ne fait rien ;)
Jeudi 9 septembre, nous quittons Quissico et rejoignons la monotone route nationale 1 qui traverse le pays du nord au sud. Alors qu'il est bientôt l'heure de déjeuner, nous passons devant quelques guérites où des cochons sont pendus et des brochettes grillées sur place. Nous nous arrêtons avec plaisir car ici on trouve surtout du poulet et de la vache, mais beaucoup moins du cochon ! 20 brochettes et 10 petits pains plus tard, nous sommes bien calés et pouvons reprendre la route ! Notre prochaine étape est la plage de Xai Xai. Nous avons repéré une piste sortant de la ville et longeant la plage qui est praticable pour nous. A nouveau elle longe quelques hôtels désaffectés mais finit par se rétrécir un peu. Piste étroite et potentiellement sablonneuse, on ne prend pas le risque de continuer d'autant qu'on a repéré un accotement tout à fait adéquat pour nous. A nouveau exposé à la vue des gens passant sur la piste, mais à nouveau personne ne nous dit rien si ce n'est nous saluer ou nous vendre quelques trucs (on achète d'ailleurs quelques huitres minuscules que le pêcheur nous ouvrira au coupe-coupe !). Malheureusement, le spot est jonché de déchets en tous genre. En une trentaine de minutes, Martin et Renaud nous font place nette, et on ira jeter les sacs en repartant (en fait une partie seulement car des gens sont venus récupérer certains de déchets pendant dans la nuit). Nous passons 2 nuits à cet endroit, avec une magnifique plage pour nous tous seuls en contrebas de la dune herbeuse. Mais cette fois-ci pas de baignade, il y a beaucoup de vent et les vagues qui viennent se fracasser contre les rochers sont énormes ! En revanche il y a des centaines de petits crabes sur la plage, il n'en faut pas plus pour amuser mes 4 enfants. Oui oui, dans ces situations j'ai bien 4 enfants qui poursuivent sans relâche ces pauvres crabes affolés. Enfin pauvres crabes, j'ai quand même 2 blessés dans l'opération. Saviez-vous que le crabe a un système de défense incroyable, quand il arrive à pincer il s'auto-mutile, laissant sa pince accrochée à sa victime tandis qu'il profite de la confusion pour s'échapper. Martin (encore lui) et Renaud en feront l'expérience douloureuse ! Alors que les enfants remplissent peu à peu un seau de crabes qu'ils pensaient relâcher ensuite, une jeune femme s'approche. On comprend qu'elle veut acheter nos crabes ! Ah ben non madame, nous on les a ramassés pour le jeu, on vous les donne volontiers ;) Le matin après notre 2ème nuit sur le même spot, nous sommes finalement repérés par un policier qui vient nous informer qu'on aurait dû payer une "licence" pour camper ici. Feignant de ne pas comprendre mais en gardant un grand sourire, je ne cesse de le remercier (pourquoi j'en ai aucune idée !) et je le rassure en lui disant qu'on s'en va dans une heure environ, le temps de terminer la séance d'école. Ca a l'air de lui convenir ! Nous avons un peu hésité quant à l'étape suivante. Avec un visa de seulement 30 jours, le temps semble filer à toute allure au Mozambique et on a même dû faire un planning jour par jour pour la fin du séjour, ce qui ne nous était pas arrivé depuis… heu… trèèèèès longtemps ! Renaud a envie de jeter un œil à la plage de Bilene, moi je ne suis pas convaincue car notre guide la décrit comme une station balnéaire pour sudafricains avec des resorts et des installations bétonnées. Finalement, c'est lui qui gagne et c'est moins pire que ce à quoi je m'attendais. C'est même un très joli endroit ! Mais je le garde pour le prochain article qui clôturera vraisemblablement notre aventure mozambicaine…