Nous sommes au Cap Nord !
Nous sommes au Cap Nord ! Incroyable non ? Nous qui avions prévu d’être en septembre au Cap de Bonne Espérance en Afrique du sud, nous voici au point le plus au nord d’Europe continentale ! Jolie revanche sur ce fichu Covid 😉. Je dois avouer que Renaud et moi sommes assez émus. Ce n’est rien dans l’absolu, un point sur une carte, mais émotionnellement cela signifie beaucoup pour nous, par rapport aux choix que nous avons faits ces derniers mois, à l’incertitude de voyager dans les conditions actuelles, et à notre capacité de nous remettre en question. Mais avant de vous raconter notre soirée au Cap Nord, revenons un peu en arrière.
La pluie nous accompagne après avoir quitté Tromso. Nous en profitons pour rouler et rejoindre assez rapidement la ville d’Alta. Nous souhaitons visiter le musée de la ville, où l’on peut admirer plus de 6000 peintures et gravures rupestres. Il ne faut pas se rater, il ouvre entre 11h et 15h uniquement ! Nous y entrons à 11h15 et en ressortirons (affamés) à 14h30, en ayant esquivé les gouttes de pluie. Quel beau témoignage de la vie locale à l’époque de la préhistoire ! Les gravures les plus vieilles ont 7000 ans : des chasseurs, des pêcheurs, des rennes, des ours, une comète... Certaines sont peintes en rouge pour qu’on les distingue mieux ; mais cette technique a été contestée et depuis plusieurs années elles ne sont plus peintes… et il faut vraiment les chercher, à l’aide de l’appli audio guide et du livret donné à l’entrée ! Nous apprécions également les couleurs de l'automne qui s'est installé depuis quelques jours dans la région. Mais mon petit doigt me dit qu'il devrait être court : on a croisé plusieurs véhicules chargés di'nstaller les piques de part et d'autre de la route en prévision des chutes de neige .
Alors que tout le monde a très faim en sortant, Renaud nous demande de tenir quelques minutes, le temps de rejoindre un point de pêche qu’il a repéré au bord d’une rivière. Il semble qu’on puisse y pêcher du saumon ! Malheureusement, ce ne sera pas pour cette fois. Alors que pêcher dans la mer ou les fjords est totalement libre et gratuit, il faut souvent un permis pour pêcher en rivière ou dans les lacs. Et c’est le cas ici, de gros panneaux indiquant l’organisme à contacter. Renseignements pris auprès de pêcheurs norvégiens, l’activité est très réglementée ici, des emplacements étant attribués nominativement. Nous sommes le week-end, donc impossible d’obtenir un permis, et de toute façon ici il faut obligatoirement pêcher « à la mouche », et nous n’avons pas le matériel. Arriverons-nous à pêcher du saumon en Norvège ? Le suspense reste entier 😉. Le lendemain, Renaud se rattrapera en pêchant avec Eliott et Martin dans le fjord. A ce niveau-là ce n’est même plus de la pêche mais du ramassage : Eliott a lancé sa canne 10 fois et a sorti 12 poissons !! Le congel est plein, on n’en peut plus de manger du poisson tous les 2 jours !
Nous enchainons ensuite 2 courtes journées de route pour rejoindre l’ile de Mageroya sur laquelle est situé l’emblématique Cap Nord. La route est magnifique, serpentant le long d’un fjord puis au milieu de la toundra qui nous rappelle parfois les steppes mongoles. Ah et j’ai failli oublier de vous dire : depuis Alta, nous côtoyons des rennes régulièrement, parfois nous partageons même le bitume avec eux ! Qu’ils sont beaux avec leurs grands yeux et leurs bois qui semblent tout doux ! Les nuits se rafraichissent aussi, et c’est bien emmitouflés dans nos plaids qu’on se fait une séance ciné devant Avatar.
Nous ne voulons pas arriver trop tôt au Cap Nord, car nous espérons ne pas payer le stationnement à partir de 17h. Nous faisons une halte à Skarsvag, un petit village de pêcheurs, et faisons une petite balade pour rejoindre Kirkeporten, une arche creusée dans la roche sombre. Dans le village, nous discutons avec le propriétaire dépité d’un hôtel/restaurant. Normalement il affiche complet jusqu’au 5 ou 10 octobre. Là ça fait 2 semaines qu’il n’a vu personne, sa saison est terminée. Je ne sais pas comment les professionnels du tourisme vont se relever de cette crise mondiale !
Il est 17h30 quand nous arrivons sur le parking du Cap Nord lundi 7 septembre. Nous sommes moins de 10 véhicules à y dormir. La chance est avec nous, le temps s’est dégagé au fur et à mesure de la journée et nous assistons à un beau coucher de soleil depuis cette falaise du bout du monde. Nous nous amusons longuement autour du globe symbolisant le point le plus septentrional d’Europe puis allons nous réfugier dans notre cocon, bien au chaud. Il fait environ 8° dehors, ça commence à piquer ! Pour marquer le coup, la tradition veut qu’on boive du Champagne au Cap Nord. Nous sommes plus vins et fromage que Champagne, alors Renaud débouche une bonne bouteille (mais combien en a-t-il pris ???) et nous nous régalons d’une fondue. Quelle belle soirée ! Et quel fou rire familial quand Eliott et Martin ont dû mettre à exécution leur gage pour avoir perdu leur morceau de pain dans la casserole : faire 2 tours de camping-car en slip ! (#parents indignes).
Demain, si le temps le permet nous avons prévu de randonner jusqu’au Vrai Cap Nord. Et oui, car là où nous sommes ce n’est que le Cap Nord touristique, facile d’accès en voiture avec un centre des visiteurs, un restaurant et des boutiques (tout cela payant). Le vrai point le plus au nord d’Europe se trouve un peu plus loin, accessible via une randonnée de 18 kilomètres au total.
Au réveil, il n’y a pas un nuage à l’horizon, la lumière est incroyable ! Malheureusement, le vent s’est levé dans la nuit et les rafales glacées nous font hésiter à faire la rando. En attendant de décider, nous retournons sur le promontoire avec le globe avec cette sensation d’être seuls au monde dans un lieu normalement très prisé. Ça souffle fort, les enfants ont du mal à tenir sur la plateforme ! Après mûre réflexion, la prudence l’emporte et nous changeons nos plans. On ne se sent pas de marcher 7 à 8 heures dans un tel vent, surtout qu’on devrait l’avoir de face pour la remontée du retour. Pas de grande rando aujourd’hui donc, et comme la pluie est prévue dans les prochains jours, nous ne verrons pas le Vrai cap Nord !
Nous profitons de la belle journée pour nous balader sur l’ile, et notamment dans le petit village de Gjesvaer, vraiment charmant. A nouveau, nous ne croisons personne dans le village, les maisons ont l’air vides, il n’y a pas de commerces. La Norvège nous laisse une impression bizarre de n’être qu’une succession de villages fantômes, c’est vraiment étrange… Nous reprenons la route pour redescendre et quittons l’ile de Majeroya en fin de journée. Nous avions hésité à venir jusqu’au Cap Nord, nous demandant si ça « valait le coup » de faire 500km aller-retour pour nous tenir sur le bord d’une falaise. Au final nous sommes heureux et, allez savoir pourquoi… un peu fiers, de l’avoir fait !