On a craqué !
Et bien voilà, nous avons finalement craqué, nous sommes en France ! Tout s’est précipité ces derniers jours. Mais pourquoi diable sommes-nous rentrés alors qu’on avait fait « le plus dur » après 2 mois d’attente dans de supers conditions ? Honnêtement nous-même ne le savons pas vraiment ! Disons que c’est un mélange de plusieurs facteurs :
- Le manque de visibilité sur nos possibilités de reprendre la route dans les pays d’Afrique australe à moyen terme : l’Afrique du sud est toujours en confinement très strict avec peu de perspectives de liberté de mouvement d’ici la fin de l’année, la Zambie que nous surveillons de près vient de fermer sa frontière avec la Tanzanie car un gros foyer de contamination s’est déclaré au poste frontière… les contacts que nous avons avec d’autres voyageurs ou professionnels du tourisme dans les pays plus au sud ne sont pas franchement optimistes pour l’année 2020. Veut-on rester en Tanzanie encore plusieurs mois ? A quoi ça sert de voyager en Afrique si on se coupe de tout contact humain comme c’est le cas en ce moment ? Ce n’est pas pour voyager comme ça qu’on a vendu notre maison et toutes nos affaires ! ;
- Cette incertitude (et aussi, avouons-le, la déception de voir notre beau voyage patauger comme ça) a un impact sur l’ambiance de la famille : on s’énerve plus vite entre nous, on a moins de patience, Louise réclame de plus en plus souvent ses copines, on a moins envie de jouer avec les enfants, on manque de motivation pour faire quoi que ce soit ; Nos familles nous manquent, nos amis nous manquent, les fromages et la charcuterie nous manquent aussi…
- La situation en Tanzanie n’est franchement pas claire, entre le président en campagne qui clame que tout va bien et ne pratique aucun test et quelques rares articles (la Tanzanie a l’un des régimes les plus répressifs en terme de liberté de la presse) qui affirment que les hôpitaux sont saturés et que des enterrements sont organisés en secret la nuit pour « cacher les morts » absolument impossible de savoir où se situe la vérité !
- Alors quand l’ambassade nous contacte samedi 16 mai au soir pour nous proposer un vol de rapatriement vers Londres assorti d’un message très alarmiste sur la situation épidémiologique, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de nos émotions. Le prix du vol est correct par rapport à ceux qu’elle nous avait proposé précédemment. On se regarde avec Renaud et on voit la même chose dans nos yeux respectifs : on y va !
Alors oui la raison nous dirait de rester ici, la situation ne va pas rester comme ça éternellement et on est dans un super cadre pour patienter encore un peu en attendant de bouger.
La raison nous dirait que la situation en France n’est pas franchement glorieuse non plus, qu’on va arriver dans une ambiance lourde qui va nous faire un choc après cette année de liberté ;
La raison se demande ce qu’on va bien pouvoir faire : on n’a plus de maison, plus de voiture et malgré tout l’amour que je porte à mes parents il est impensable de rester plusieurs mois chez eux. Mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire en France ?
Mais je vais vous confier un secret : si nous étions vraiment des gens raisonnables, nous ne serions jamais partis de chez nous ! Ce voyage, c’est avant tout du plaisir et aujourd’hui, nous n’en prenons plus en Tanzanie. Alors soit, écoutons-nos cœurs : une pause s’impose !
Sans plus trop y réfléchir, nous avons confirmé notre intérêt pour le vol et avons été mis sur liste d’attente puisque s’agissant d’un vol organisé par l’ambassade anglaise pour ses ressortissants, nous ne sommes pas prioritaires. Nous avons été confirmés le lendemain soir et avons quitté notre campement lundi en fin d‘après-midi. Mardi soir, nous sommes arrivés près de Dar es Salam, chez Eckard, un allemand installé ici depuis plus de 40 ans ; C’est ici, dans son garage fermé depuis qu’il a pris sa retraite il y a 3 ans, que nous laisserons notre camping-car plusieurs mois. Nous passons la soirée à terminer nos bagages ; Les enfants sont surexcités, on les case tous dans le lit d’Eliott avec un film pendant qu’on trie ce qu’on laisse, ce qu’on emporte, ce qu’on donne. Le lendemain, le réveil sonne à 5h du matin… Ça pique après des mois de grasse matinée ! Eckard a la gentillesse de nous conduire à l’aéroport et tous les 5 équipés de nos masques achetés avant de partir au village nous entamons les démarches pour prendre le vol ; Tout est super sécurisé, quasiment tout se fait sans contact. Idem à l’aéroport d’Heathrow où nous atterrissons une dizaine d’heures plus tard. Pour rentrer en France, nous avons trouvé un vol le lendemain pour Nice. On aurait préféré Marseille, mais le seul vol Londres-Marseille faisait une trentaine d’heure avec une escale à … Addis-Abeba, en Ethiopie… hum hum ! Nous n’avons pas envie de prendre les transports londoniens et préférons passer la nuit à l’aéroport. Et bien mes amis, si parfois nous en doutons je vous confirme que nous n’avons plus 20 ans et nous nous souviendrons longtemps de cette nuit tous les 5 en train de squatter un carré de carrelage dans cet immense aéroport complètement vide… Et jeudi 21 vers 13h nous avons la joie de retrouver mon père qui est venu nous chercher, puis ma mère quelques heures plus tard.
C’est donc officiel, presque 1 an après notre départ, notre voyage en Afrique est en pause. A présent nous devons déterminer ce que nous allons faire dans les prochaines semaines et mois ;
Et vous allez rire : lundi 18, alors que nous venons de payer nos 5 billets d’avion, le président tanzanien a publié un communiqué de presse affirmant que Dieu avait répondu à leurs prières et que le virus était passé. Il rouvre les écoles et les aéroports, toutes les restrictions de rassemblement sont également levées. Et dans la foulée nous avons reçu un message de l’ambassade plutôt rassurant sur la situation épidémiologique stable et les hôpitaux en fonctionnement normal. Bien loin de la tonalité de leur message 2 jours plus tôt ! Mais peu importe, car finalement ce n’est pas la situation sanitaire dans le pays qui a déclenché notre départ, nous étions vraiment en sécurité sur notre plage. Et puis ça ne sert à rien de ruminer maintenant, nous avons pris notre décision et comme toujours, c’est la meilleure pour nous à l’instant T.
Allez, on reste en contact et je vous dis dès qu’on en sait plus sur la suite de notre voyage !