En un mot : Whaouh !
Je vous ai laissés dans mon dernier article sur un suspense insoutenable : pourrions-nous changer à temps les amortisseurs pour rejoindre le parc de Hwange dans la journée et profiter de l’emplacement que nous avons réservé ? Il faut croire que notre bonne étoile continue de veiller sur nous : samedi matin, Renaud passe la matinée à régler le problème : chercher la pièce, se rendre compte qu’il ne trouvera pas la même taille, trouver des amortisseurs un peu plus grands mais qui devraient aller, démonter le 2ème amortisseur et s’apercevoir qu’il est complètement grippé, regarder le mécano remonter les 2 nouveaux amortisseurs. A 13h, tout est bouclé ! Pendant ce temps-là, j’emmène les enfants sur le pont enjambant le Zambèze et faisant office de frontière entre le Zimbabwe et la Zambie. Figurez-vous que nous avons un RDV sur ce pont, avec Erwan et Hannari, un couple d’overlanders avec lequel nous sommes en contact depuis quelques mois. Sauf qu’eux, ils visitent la Zambie en ce moment 😉 Nous faisons donc connaissance sur le pont, en regardant quelques jeunes sauter à l’élastique. Louise, ma téméraire, est bien décidée à essayer, elle va même jusqu’à demander le prix et essaie de négocier ! Nous passons 2 heures dans ce « no man’s land » à discuter voyage, avant de nous séparer et de retourner chacun dans un pays différent. C’était bien sympa !
Nous prenons donc la route en début d’après-midi pour rejoindre le village de Hwange où nous nous installons près de l’Eglise. Nous faisons un tour pour essayer de trouver quelqu’un et vérifier que nous ne dérangeons pas, mais ne rencontrons personne. Il est 18h, heure du couvre-feu et nous rentrons chez nous. Pendant le diner, nous entendons un bruit d’animal, une sorte de grognement guttural qui nous fait penser à un lion. Mais aussi proche du village, ça nous semble improbable. Louise penche plutôt pour un éléphant. Vers 21h, alors qu’avec Renaud nous sommes en train de regarder un film sur l’ordi avec nos écouteurs, Louise se pointe toute excitée : « des éléphants ! des éléphants autour de nous ! je les entends ils sont vraiment tout proche !! ». Effectivement le bruit est impressionnant : on a l’impression qu’ils sont en train de détruire les arbres autour de nous. On les entend arracher les feuilles, casser des branches, mastiquer, péter, respirer, grogner (le même son qu’on a entendu dans la soirée)… On distingue 3 silhouettes à moins de 5 mètres du camping-car. Il y en a d’autres, mais on ne les voit pas. Nous restons une bonne heure les yeux collés aux fenêtres, sans un bruit, excités comme des gosses. Si près d’un village, on ne s’y attendait vraiment pas !
Le lendemain matin, tôt, nous faisons les 50km qui nous séparent de l’entrée du parc. En chemin le spectacle est désolant : d’immenses carrières pour extraire du charbon, des dizaines de camions surchargés, l’air est saturé de particules, la terre éventrée, la piste noire… tout ça juste à côté d’un parc protégé… un nouvel exemple de la difficulté de faire coexister activité industrielle et préservation de la nature ☹ A l’entrée du parc, nous avons une petite frayeur : le prix de l’emplacement que nous voulons est beaucoup plus cher si on réserve que si on le prend le jour même. Comme nous avons réservé 3 jours plus tôt, nous sommes censés payer 173$ l’emplacement de camping pour une nuit ! Impensable pour nous. Heureusement, nous arrivons à discuter avec le personnel de l’accueil qui accepte de nous faire payer le prix « walk-in », ainsi que la gratuité pour Martin. 127$ pour 2 jours et 1 nuit dans le parc pour nous 5, c’est une grosse dépense par rapport à notre budget, mais après la frustration de ne pas avoir pu profiter à fond du Botswana nous avons décidé de moins nous limiter ici. Le plus long dans l’histoire sera de récupérer nos 3$ de monnaie… c’est quand même un truc de dingue la gestion de l’argent ici : en tant que touristes étrangers il nous est interdit de payer en monnaie locale, ils ne prennent pas la carte bleue, c’est donc en dollars et en cash uniquement. Sauf qu’ils n’ont pas le moindre billet pour rendre la monnaie, que ce soit en dollars, en Rands sudaf ou même en Bonds zimbabwéens ! Bref, ce n’est pas important mais je trouve ça quand même gonflé. Nous mettons ensuite 1h30 à rejoindre notre campement au Masuma Dam, alors qu’il n’y a que 25km. Certaines parties de la piste sont un peu techniques pour nous, avec des devers et quelques pentes rocheuses, mais pépère, comme d’habitude, s’en sort très bien. En chemin nous ne voyons pas beaucoup d’animaux à part quelques Koudous. Arrivés au camp, nous décidons de suivre le conseil de nos amis « malgaches » venus précédemment et qui nous ont conseillé ce spot : ne pas bouger et laisser la nature venir vers nous. Nous passons donc l’après-midi installés sur la plateforme surplombant le magnifique point d’eau.
Nous admirons d’abord les « résidents » du point d’eau : un groupe de 18 hippos (dont plusieurs tout petits !) et 8 crocodiles (dont 3 bébés minuscules). Saviez-vous que les hippos jouent quand ils sont dans l’eau ? On en a vu plusieurs s’amuser à faire des roulades sous l’eau : on les voit s’immerger, tourner, les pattes en l’air avant de revenir dans leur position initiale. Et c’est très bruyant des hippos, ça crache de l’eau, ça grogne et parfois on a l’impression qu’ils rigolent entre eux. Puis, sous nos yeux, au fil des heures se succèdent des babouins, des impalas, des phacochères, quelques girafes au loin. Mais le clou du spectacle, ce sont les éléphants qui viennent s’abreuver en groupe, venant du bush aux alentour. A partir de 16h30, c’est un défilé ininterrompu : des groupes de 10 à 30 individus, parfois juste sous nos yeux. Devant le nombre nous avons arrêté de compter mais nous avons dû voir environ 200 éléphants ! C’était tout simplement magique, une émotion incroyable d’être là dans cet environnement irréel ! Le soir venu, nous entendons un lion rugir et grogner non loin du point d’eau. Mais il ne s’approchera pas, nous l’entendons un peu plus tard batailler avec un éléphant, il a sûrement dû s’approcher d’un bébé. C’est dommage, la nuit est noire, et vers 19h nous ne distinguons plus rien. Mais pas de film ce soir, je prends un bouquin et je me laisse allègrement déconcentrer par le bruit des éléphants qui continuent leur ronde nocturne en contrebas.
Le lendemain matin, nous nous levons dès potron-minet (est-ce que des gens utilisent encore cette expression ??) pour essayer d’apercevoir des félins mais sans succès. Nous avons quand même la surprise de voir débarquer un immense troupeau de buffles d’environ 70 individus ! Ils soulèvent la poussière sur leur passage, et ça nous fait rire de voir qu’ils font la queue pour boire alors qu’ils pourraient s’étaler le long du point d’eau. En fin de matinée, nous quittons cet incroyable endroit pour entamer les 90km qu’il nous reste à faire pour atteindre la sortie du parc. En chemin, nous nous arrêtons à quelques autres points d’eau mais il n’y a pas d’animaux. A un moment, notre cœur s’emballe : sur une petite piste qui part vers la droite, il y a plein d’empreintes de lions ! On s’engage sur la piste, les empreintes sont sur les traces de roues ce qui signifie qu’elles sont récentes… mais malheureusement, nous apercevons au bout de 1km deux rangers à pied (armés). Ils nous confirment que plusieurs lions ont squatté le point d’eau la nuit précédente, mais ils se sont éparpillés à présent et nous aurons du mal à les retrouver. Zut, on y a vraiment cru ! Nous croisons encore quelques zèbres, gnous, girafes, phacochères et antilopes sur le chemin de la sortie, mais nous restons sur le souvenir de la soirée incroyable d’hier. C’est certain, ce moment restera gravé longtemps dans nos mémoires !