Quel paysage incroyable !
Jeudi 29 avril, nous faisons notre pause déjeuner à Solitaire, une bourgade paumée au milieu de nulle part. Enfin bourgade, même ce mot est un peu trop flatteur, Solitaire c’est une station-service, un café, un camping et c’est tout ! Le lieu a un certain charme en raison de son allure de ville abandonnée avec ses carcasses de voitures décaties et ses vieux panneaux. La « ville » est aussi connue pour la tarte aux pommes servie au café, qui ressemble d’ailleurs davantage à un crumble et dont nous engloutissons 3 généreuses portions en guise de dessert. Nous reprenons ensuite la route jusqu’à Sesriem qui sera le point d’accès à notre excursion du lendemain. Nous hésitons à dormir en bivouac sauvage ou bien à aller au camping situé à l’intérieur du parc national, qui nous permettrait d’accéder au parc 1 heure avant son ouverture officielle et profiter ainsi des lieux quasi-déserts à l’aube. C’est cette option que nous choisissons, et nous avons la surprise de rencontrer une autre famille voyageuse à la réception : Marion, Thomas et leurs 3 enfants voyagent depuis 10 mois en Amérique Latine et en Afrique. Nous passons le reste de la soirée à discuter avec eux mais ne nous couchons pas trop tard car demain, il faut se lever tôt !
Le réveil sonne à 5h45… ça pique un peu ! On ne réveille pas les enfants car nous avons 1 heure de route avant d’arriver au parking où nous laissons Pépère. Les 4 derniers kilomètres pour arriver sur le site de Sossusvlei se font sur une piste de sable très mou, impraticable pour nous. Nous prenons donc une navette 4x4, dont le tarif est plus cher que l’entrée du parc ! Je râle un peu et obtient 2 enfants gratuits, c’est toujours ça de pris 😉 Nous apprécions nos pulls car la température a bien chuté pendant la nuit. Ce matin au réveil il faisait 14° dans le camping-car, l’hiver austral est bel et bien en train d’arriver en Namibie ! La navette nous dépose à quelques centaines de mètres de dunes orange magnifiques. En quelques secondes, on sait qu’on va en prendre plein la vue ! Le soleil est déjà levé et la lumière est magnifique. Nous nous dirigeons vers la dune la plus haute du site, répondant au doux nom de Big Daddy. Avec ses 325m de haut (3 fois la dune du Pilat quand même…), c’est l’une des 5 plus hautes dunes du monde ! Il est 8h15 quand nous attaquons la montée dans le sable glacé. A cause des pluies de ces derniers mois, exceptionnellement fortes, une partie du site est inondée et un petit lac d’eau saumâtre s’est formé juste derrière Big Daddy, rendant le spectacle d’autant plus beau qu’il est très rare ! La montée est difficile, même en marchant sur l’arrête de la dune, nos pas s’enfoncent dans le sable qui se dérobe sous nos pieds. C’est épuisant ! D’autant qu’un vent fort s’est levé et que, plus nous montons, plus le sable nous fouette les jambes. Certaines bourrasques plus fortes que les autres nous envoient du sable dans les yeux, dans la bouche, sous les vêtements… ce n’est pas spécialement agréable. Arrivés à mi-chemin environ, au sommet d’un première dune d’où on a déjà un magnifique panorama sur le Deadvlei, ce lac asséché recouvert de sédiments d’une blancheur éclatante, je préfère abandonner. Louise en profite pour me suivre quelques minutes plus tard mais les garçons persévèrent, Martin largement devant faisant sa propre trace sur la dune immaculée. Ils mettront au total 2h pour arriver au sommet de Bid Daddy, bravo les garçons ! Après quelques photos au sommet, ils s’en donnent à cœur joie dans une descente interminable à pic. Martin fait plusieurs chutes et a la bonne idée de se rincer le visage à l’eau alors que la descente n’est pas terminée. Évidemment, dès la chute suivante, il se retrouve avec du sable collé sur le visage… il n’est pas beau mon fiston ? En tout cas il est radieux et fier de lui d’être arrivé au sommet en premier !
Nous traversons tous ensemble le Deadvlei. Je suis surprise de découvrir que le sol est dur, d’en haut je pensais que c’était du sable blanc. A l’extrémité du Deadvlei, des arbres desséchés avec leurs branches tordues sont particulièrement photogéniques. Le panorama est archi-connu, ce sont des images que l’on voit dans tous les guides et les blogs sur la Namibie mais l’émotion d’y être « en vrai » est bien présente. Même Louise, plutôt blasée et qui a du mal à s’extasier devant un paysage, nous lâche un « ouais c’est plutôt joli ici », ce qui équivaut à un énorme compliment venant d’elle ! Nous faisons une pause grignotage à l’ombre d’un arbre (enfin, à l’ombre d’une branche…) car maintenant que le soleil est bien levé, et à l’abri du vent, la température monte rapidement. Nous passons encore un long moment à trainer dans ce paysage incroyable dont nous ne nous lassons pas, tandis que quelques touristes commencent à arriver sur le site.
Puis nous nous dirigeons vers la navette qui nous conduit devant la dune Big Mama et le panorama du Sossusvlei, une cuvette entourée de dunes dorées. Le plus souvent, la cuvette est asséchée, mais nous avons la chance d’admirer le lac qui s’est formé pour la 1ère fois depuis plus de 10 ans. C’est tout simplement magique ! Nous sommes épuisés par la montée du matin et personne ne souhaite se lancer à l’assaut de la dune. Nous retournons tranquillement au camping-car et décidons d’aller déjeuner au pied de la dune 45, à une quinzaine de kilomètres sur la route de Sesriem. Nous savourons le panorama que nous n’avons pas pu admirer ce matin vu qu’il faisait encore nuit. Nous apercevons quelques oryx devant des dunes orange, comme s’ils posaient pour vanter les paysages de rêve de Namibie.
Nous n’avions pas prévu de rester 2 jours au camping mais les enfants ont très envie de retrouver l’autre famille voyageuse, et vu la quantité d’eau dont nous allons avoir besoin pour nous débarrasser de tout le sable dans nos oreilles, nous décidons d’y passer une deuxième nuit. La douche chaude bien puissante est appréciée à sa juste valeur ! Nous faisons un braii tous ensemble mais ne veillons pas trop tard : nous sommes KO et eux se lèvent tôt pour aller voir le lever de soleil demain matin sur la dune 45. Nos chemins se séparent donc ici, décidemment nous sommes à contre-sens de la plupart des voyageurs 😉
Le lendemain, après une nuit particulièrement venteuse (d’ailleurs nos amis en tente de toit ont replié leur tente avant 5h du matin, craignant qu’elle ne se casse !) nous allons faire un tour au canyon de Sesriem. Il n’est pas très profond mais on ne peut pas marcher dedans car il est inondé en ce moment. La balade est donc très courte, et on ne cherche d’ailleurs pas à la prolonger car le vent qui souffle soulève des tonnes et des tonnes de poussière et de sable et ce n’est pas très agréable.
Nous quittons Sesriem des étoiles plein les yeux. Comme c’était beau ! Je pense que ça fait partie de ces paysages qu’on gardera longtemps en mémoire, un peu comme l’altiplano bolivien ou les fjords norvégiens. La route que nous prenons pour poursuivre notre descente vers le sud du pays est elle aussi magnifique, d’autant que nous y croisons des autruches, des oryx, des zèbres ainsi que des antilopes. Le soir, nous nous arrêtons en pleine nature, un peu à l’écart d’une petite piste. Mais alors que Renaud fait demi-tour pour se positionner « prêt à partir », nos roues arrières s’enfoncent dans le sable : ce que nous avions pris pour du sable bien tassé n’était en fait que la surface d’un sable mou dans lequel Pépère s’enfonce à chaque tentative pour bouger. Il nous faudra quasiment 2 heures pour nous sortir de là à l’aide de pierres et de nos cales. Mais loin de savourer notre bière bien méritée après tous ces efforts, il nous faut encore nettoyer la poussière dans le camping-car. Et en plus, pas de bol, aujourd’hui nous battons tous les records, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, si on a laissé un truc ouvert ou si la piste était différente de d’habitude mais il y en a partout : dans les lits, dans la vaisselle et je ne vous parle même pas du sol. Autant vous dire qu’on ne fait pas de la grande cuisine pour diner : un sachet de pâtes, une sauce toute prête et zou, tous au lit !
Aujourd’hui, dimanche 2 mai, nous poursuivons notre route toujours plus au sud. Cette région est particulièrement inhabitée, ça nous fait parfois penser aux grandes étendues mongoles, s’il n’y avait, encore et toujours, ces clôtures marquant les immenses propriétés privées. Ah et en lieu et place des yourtes parsemant la prairie mongole, ici on aperçoit parfois au loin de luxueux lodges avec leur piste d’atterrissage privée… hum hum ! Pour rejoindre la petite ville d’Aus, nous hésitons entre 2 routes, enfin, 2 pistes : la piste principale qui est le prolongement de celle sur laquelle nous sommes, et la piste D707, un peu plus courte, qui longe le massif montagneux des Tiras. Mais problème : sur notre carte papier, j’ai moi-même écrit un « non » sur cette piste de 122km, certainement après avoir échangé avec des voyageurs il y a plusieurs semaines (Guillaume et Barbara quand nous étions à Livingstone, peut-être ?). Evidemment, je n’ai plus le moindre souvenir du pourquoi du comment de ce « non » (sable ? rochers ? rivières ??). Arrivés à l’embranchement, la piste semble large et bonne. Le paysage a l’air vraiment sympa… alors, on la prend ou pas ?