La Mauritanie en mode express !
Après les 2 articles bilan sur la Gambie et le Sénégal, je reprends le cours de notre carnet de route !
Vendredi 3 juin, nous franchissons donc la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie à Diama (voir article précédent). La piste principale qui part vers le nord traversant un parc national côté mauritanien, nous tombons rapidement sur un gardien qui veut nous faire payer un droit d’entrée. Ça nous parait étonnant car dans tous les pays que nous avons traversés, quand c’est une piste principale qui permet de rallier plusieurs villages, même quand elle passe au milieu d’un parc, les droits d’entrée ne s’appliquent pas. On insiste un moment, lui aussi, finalement ça nous saoule car il commence à être tard et on a encore une piste à prendre donc on accepte de payer l’entrée pour une personne (environ 5€). Il râle encore un peu mais on reste ferme et ça passe. La piste n’est pas terrible mais ça passe. Nous ne sommes plus à la bonne saison, mais quelques mois plus tôt des milliers d’oiseaux migrateurs peuplaient ce parc, ça devait être impressionnant ! A défaut d’oiseaux nous avons le plaisir d’apercevoir nos premiers dromadaires en liberté ! Comme ça, au milieu de nulle part en Mauritanie… si ce n’est pas un cliché, ça ! Une fois le parc traversé, nous trouvons un bivouac isolé et calme au bord d’une piste secondaire. On sent déjà que ça ne va pas être évident pour nous, il y a beaucoup de sable dès qu’on quitte la route principale !
Le lendemain, nous nous attaquons à l’interminable ligne droite qui traverse le pays du sud au nord. Plus on monte, plus il fait chaud. Il y a surtout un vent latéral de dingue qui nous fait consommer 50% de carburant en plus, et pourtant on ne roule pas à plus de 75km/h ! Surtout, les rafales nous font manger du sable. Les rares personnes que nous apercevons dehors sont emmitouflées dans leurs turbans. On laisse les fenêtres fermées pour ne pas que notre maison se transforme en château de sable, alors on cuit à la vapeur, tout doucement. Blague à part, nous trouvons cet environnement très hostile. Comment font les personnes qui vivent dans les quelques villages isolés qui longent la route principale ? Il doit falloir lutter perpétuellement contre le sable qui s’insinue dans les maisons. Sur la route également on voit parfois les dunes grignoter le bitume, et même des machines pour déblayer ! Il y a beaucoup de contrôles de police en Mauritanie. Prévenus par des voyageurs nous ayant précédés, nous avons préparé des « fiches police », c’est-à-dire des fiches imprimées dans lesquelles figurent toutes nos données (numéro de passeport, date de naissance, validité du passeport, immatriculation du véhicule, numéro de châssis etc) que nous laissons aux agents en cours de route. Sans ces fiches, chaque contrôle prendrait un long moment s’ils devaient recopier à la main les infos pour nous 5 !
Nous décidons de faire l’impasse sur Nouakchott, la capitale de la Mauritanie. Enfin on est obligé de la traverser plus ou moins quand on reste sur la route principale, et ça nous suffit. La circulation est dense et on retrouve une conduite franchement anarchique (contresens, feux brulés…). J’essaie de retirer de l’argent à un distributeur acceptant les cartes internationales mais il y a une taxe de près de 5€ par retrait… comme on a la flemme de chercher une banque sans frais, il est plus intéressant pour nous de changer, d’autant qu’il nous reste pas mal d’euros en liquide. Alors que nous voulons faire le plein de gasoil et quitter la ville avant la fin de la journée, nous sommes confrontés à un petit problème : plus aucune station de la capitale ne semble avoir du gasoil ! On ne comprend pas trop la raison : certains nous disent que c’est à cause du week-end, d’autres nous parlent de difficultés d’approvisionnement car tout vient du Maroc. Toujours est-il qu’on nous dit « lundi inch’Allah ». La prochaine station vers le nord est à plus de 250km, on n’y arrivera pas. Ah ben zut on n’avait pas prévu de rester le week-end ici nous ! Bon, en attendant on va se trouver un spot sur une plage à l’écart de la ville. Comme on n’est pas trop en mode exploration, on s’appuie sur l’appli iOverlander, par chance il y a un bivouac pas loin. La plage est crade et le vent fouette encore ; on reste dans le camping-car et on en profite pour souffler les 13 bougies d’Eliott sur un « splendide » gâteau pancake ! On ne lui fait pas de cadeau cette année. Enfin plus exactement nous avons convenu avec lui que ce n’était pas génial de se forcer à acheter un truc dont il n’avait pas forcément besoin/envie. Alors on lui a fait une petite enveloppe avec des « bons » : « bon pour 50€ à utiliser quand quelque chose te plaira », « bon pour 1h de jeu sur la tablette », « bon pour 1 massage par maman »… il a l’air content notre ado 😉
Le lendemain matin, l'école se fait sous le regard des dromadaires qui passent nonchalamment à côté de nous ;) Concernant le gasoil, Renaud décide de tenter des stations éloignées des grands axes et ça paie ! On finit par trouver une petite station capable de nous approvisionner. C’est reparti pour la traversée du désert ! Cette route est franchement monotone, le paysage ne change pas énormément sur les 770km que nous ferons au total dans le pays. Nous faisons le choix de sacrifier la Mauritanie. Pour plusieurs raisons : d’abord, nous n’avons plus beaucoup de temps : le retour dans le Vaucluse est prévu autour du 10 juillet et nous avons encore beaucoup de kilomètres à parcourir, impossible de tout voir sur notre chemin ! Le climat ne nous inspire pas vraiment : dans le centre du pays, il fait très très chaud en ce moment (on a à nouveau dépassé les 45° entre Nouakchott et Nouadhibou) et ce vent est super pénible. Et puis nous avons un manque de motivation certain : en temps « normal », on aurait aimé visiter quelques endroits en Mauritanie, comme par exemple la région de Chinguetti, vers l’est du pays. Mais sans 4x4 c’est une piste de 500km en aller-retour avec énormément de tôle ondulée. Et on n’a plus envie de ça en ce moment. Et sans oublier que notre véhicule n’est pas hyper adapté au pays : beaucoup de pistes secondaires sont très sablonneuses, ce qui limite nos déplacements. Bref, nous n’aurons qu’un tout petit aperçu de la Mauritanie !
Nous aimerions quand même découvrir le Banc d’Argain, une réserve protégée sur le littoral au nord du pays. C’est vers là que nous nous dirigeons dimanche 5 juin, espérant trouver des informations sur la façon de rejoindre cet endroit sans 4x4 et sans guide. Nous arrivons dans la petite ville de Chami, censée être le point de départ de la seule piste praticable pour nous. Mais lorsque nous demandons à plusieurs personnes, les réponses sont unanimes : oui c’est possible, mais impossible d’y aller seuls car il faut vraiment connaitre les passages « non 4x4 » et même là il y a beaucoup de sable donc avec nos 4 tonnes on risque quand même de s’ensabler (et peu de passage, évidemment). On décide de se poser pour réfléchir un peu. Alors qu’on va prévenir la gendarmerie du village qu’on va dormir dans le coin (histoire de ne pas être réveillés en pleine nuit, on sent que les policiers ici aiment « contrôler » les choses…), ils nous proposent de dormir dans l’enceinte de leur caserne, avec eau à disposition. On ne se prend pas plus la tête et on accepte avec plaisir. Et on y rencontre un gendarme maritime qui justement se rend au Banc d’Argain le lendemain ! Il nous propose de le suivre, c’est tentant ! Mais il ne part qu’à 15h, il fait hyper chaud, et surtout il ne revient pas dans les prochains jours, or on n’est pas certains d’arriver à reconnaitre la piste. Encore une fois, si nous avions été en début de parcours, nous aurions sans hésiter sauté sur cette opportunité d’une belle aventure. Mais nous préférons décliner. Nous avons plutôt envie d’arriver rapidement au Maroc.
Lundi 6 juin : c’est notre dernière journée de route en Mauritanie ! 3 nuits seulement, ce pays mériterait largement plus ! On cafouille un peu sur notre gestion du carburant, et nous voilà quasiment à sec, obligés d’acheter un bidon dans une petite échoppe poussiéreuse. A un moment, nous arrivons devant un croisement et nous devons choisir : tout droit la ville de Nouadhibou qui a la réputation d’être assez sympa, à droite la frontière avec le Maroc. On se concerte tous les 5 : dans la mesure où nous avons sacrifié la Mauritanie, on préfère accélérer vers le Maroc. En route pour la frontière ! Heureusement qu’on s’est décidés vite, car cette frontière a des heures d’ouverture et ferme à 17h (heure de Mauritanie, 18 heure au Maroc car on change d’heure entre les 2). Il est 16h30, c’est chaud mais ça peut le faire ! Vérification des carnets de vaccination, passage du véhicule aux rayons X, quelques coups de tampons et nous voilà entrés au Maroc ! 1h30 de formalités pour une frontière qui nous a bien inquiétés car quelques semaines plus tôt, alors que nous avions déjà shippé vers le Sénégal, elle était encore hermétiquement fermée et nous avons fait le pari qu’elle allait ouvrir. Pari gagné, ouf !!
Quelques infos pratiques rapides pour les voyageurs intéressés par la Mauritanie
Durée : 4 jours, du 3 au 6 juin 2022
770km parcourus
325 dépensés, soit 81€/j, mais évidemment pas représentatif de notre budget habituel. Nous avions fait un plein de courses au Sénégal avant d’entrer en Mauritanie donc pas de shopping sur place, 1 seul plein de gasoil et surtout 275€ de visas.
Point d’entrée : Diama, en venant du Sénégal : nous avons vraiment voulu éviter la frontière de Rosso réputée très corrompue. Nous avions entendu parler de voyageurs s’étant vu refuser le passage à Diama au motif que la Mauritanie ne délivrerait pas de visa à cette frontière, c’est faux. Nous avons pu avoir notre visa sans difficulté. Les douaniers ont bien essayé de nous faire payer une dizaine d’euros le document d’importation temporaire du véhicule, mais avec un peu de patience et beaucoup de bonne humeur Renaud a remporté cette victoire et nous n’avons rien payé du tout, ni pour sortir du Sénégal ni pour entrer en Mauritanie. Ils ont regardé mollement nos certificats de vaccination (ils n’ont rien demandé pour Eliott qui a plus de 12 ans). Attention, la piste après Diama ne me semble pas praticable en saison des pluies sans véhicule 4x4 (on a vu de grosses ornières).
Point de sortie : Guerguerat, vers le Maroc. RAS, passage rapide et officiels aidants. Ils ont simplement voulu vérifier notre certificat de vaccination. Attention le poste frontière ferme à 17h. Il y a 4 km de « no man’s land » entre la Mauritanie et le Maroc, donc la moitié non goudronné mais sans difficulté.
Assurance : elle n’est pas obligatoire (on se l’est fait confirmer par la police sur place), on n’en a pas pris. Sinon à la frontière ils nous proposaient 30€ pour 10j, visiblement négociable car ils sont descendus à 20€.
Visa : 55€/personne, payable en euros. Faits sans problème à Diama, visa valable 30 jours.
Routes : on n’a pris que la looooongue ligne droite longeant le littoral. Sans grand intérêt, mais elle est en bon état. Les pistes nous ont semblé compliquées sans 4x4 (beaucoup de sable), mais on sait qu’il est possible d’aller vers Atar/Chengetti sur une mauvaise piste de tôle ondulée, ainsi qu’au banc d’argain mais en suivant un local connaissant les passages franchissables sans 4x4.
Police : beaucoup de contrôles où il faut laisser une « fiche » avec toutes les données du passeport et du véhicule, mais sinon accueil très sympa.
Sécurité : RAS, aucun problème, et aucun sentiment d’insécurité. Nous avons bivouaqué 2 fois dans la nature et 1 fois dans une caserne de gendarmerie.