2 mois et demi au Sénégal : bilan et infos pratiques
Retrouvez l'intégralité de notre carnet de route au Sénégal ici : [Carnet de route Sénégal]
Gros coup de cœur pour le Sénégal, 1er pays francophone de notre parcours. Une transition parfaite pour entamer notre retour tranquillement vers l’Europe, mais qui nous fait regretter encore plus de ne pas passer plus de temps en Afrique de l’ouest. Nous avons bien pris notre temps et avons beaucoup apprécié la vie dans les petits villages aux abords des fleuves Sine Saloum et Casamance où nous avons pu vivre des moments incroyables.
Durée : 74 jours, du 10 mars au 3 juin 2022
3 400 kilomètres parcourus
Dépenses : 4016€, soit 54€/j. la structure de notre budget est un peu différente de d’habitude, car nous avons passé près de 3 semaines dans des AirBnB (entre Dakar et la petite côte) en attendant notre camping-car qui voguait sur l’Atlantique depuis l’Afrique du sud. D’où l’importance du poste « hébergement » (= 800€) et « transport » (275€ correspondant aux frais de taxi) ainsi que davantage de restaurants que d’habitude ( avec une moyenne de 12,50€/repas pour nous 5). Côté ravitaillement, un budget assez élevé de 17,50€/j (contre une moyenne de 13,80€ sur l’ensemble du parcours) qui s’explique par le fait que nous avons dû faire de grosses courses à la récupération de notre maison (on avait tout vidé), ainsi que 2 gros pleins de courses avant d’entrée en Gambie et en Mauritanie. Et puis ok j’avoue, on a un peu craqué en retrouvant autant de produits « de chez nous » ! Pour le reste, nous n’avons pas fait d’activité onéreuse (parc ou safari) donc sur 2 mois le budget activités reste très raisonnable.
Ce qu’on a aimé
- Les fêtes traditionnelles : nous avons pu assister à la cérémonie de passage à l’âge adulte chez les Bédiks dans le Sénégal oriental, mais ce sont surtout les fêtes diolas à Kamobeul et Bandial que nous avons particulièrement aimées car nous étions vraiment intégrés à la fête. Des souvenirs incroyables et des moments émouvants de voir ces anciennes cultures et croyances toujours vivaces.
- La cuisine : si on est encore loin de la diversité et de la finesse des plats asiatiques (à notre goût !), nous avons aimé la gastronomie sénégalaise, que nous avons trouvée plus variée qu’en Afrique australe et de l’est : le mafé (sauce à l’arachide), le thiébou (riz concassé et légumes accompagnés de poisson, poulet ou bœuf), le yassa (sauce aux oignons), les fataya (sandwichs beignets)…
- Les bivouacs faciles : aucune difficulté à trouver des bivouacs tranquilles, en pleine nature ou même près des villages, nous avons rarement dû chercher très longtemps pour nous poser, ce qui est super agréable !
- Le fait de parler français : même si nous parlons couramment anglais, le fait d’être dans un pays francophone apporte beaucoup de proximité avec les gens, d’autant plus qu’ici le tutoiement est de rigueur.
- « maman, les gens ont l’air tout le temps heureux ici »… voici une petite phrase glissée par Louise, qui en dit long sur les bonnes vibes dans ce pays et sur la jovialité des gens que nous avons croisés. Bon comme je suis honnête je vous dévoile la fin de la citation «… c’est agaçant je trouve ! » (Louise étant, il faut le savoir, souvent « grognonne »).
- La vie dans les villages : prendre de l’eau au puits du village, discuter avec les femmes qui lavent leur linge, aider les pêcheurs à tirer leurs filets, faire une sieste sous un manguier, jouer au foot sur la plage… la vie est douce au Sénégal quand on prend le temps de savourer ces petits instants.
- Retrouver le pain ! Après plus de 2 ans au pain de mie, ça fait un bien fou ! Nous avons particulièrement aimé le tapalapa qu’on trouve dans les petites épiceries de village, en forme de mini baguettes. San oublier quelques très bonnes boulangeries notamment à Dakar.
- La Casamance : coup de cœur pour cette région au sud du Sénégal, qui nous a semblé encore plus cool que le reste du pays, avec une identité marquée et une abondance de fruits et légumes très bons marchés.
- Passer du temps avec un couple de voyageuses : Olivia (alias @leptitreporter) et Charlie, qui sont parties faire le tour de l’Afrique sur plusieurs années. Nos chemins se sont croisés plusieurs fois et nous avons pris plaisir à passer presque 3 semaines en cumulé avec elles, à discuter de tout et de rien, à partager nos émotions, à jouer etc.
- En vrac quelques lieux/moments que nous avons beaucoup aimés : Bandial, Fahoye, Ibel, Saint-Louis, l’ile de N’gor, dormir à quelques mètres du lac Rose, l’arrivée des pêcheurs à Yoff, prendre l’apéro sur la pirogue à Affiniam, la vie intense sur la plage de M’bour en fin de journée…
Ce qu’on a moins aimé
- Les déchets : c’est un problème dans beaucoup de pays en Afrique, mais on atteint un sacré niveau au Sénégal, entre les déchets ramenés par la marée, ceux accumulés près des villes ou villages n’ayant pas de système de collecte/traitement et le manque de sensibilisation de la population à cette question. Déjà s’ils pouvaient interdire les sacs plastiques comme c’est le cas en Afrique de l’est ! Mais on a compris que des lobbies actifs freinaient des 4 fers cette évolution pourtant indispensable.
- Les prix qui augmentent dans les zones touristiques : ça aussi c’est classique, mais ça nous agace toujours autant. Passe encore pour les souvenirs et l’artisanat, mais que le kilo de tomates soit le double ou triple qu’ailleurs pour les européens (à Cap Skirring ou sur la petite côte notamment), ça nous gonfle.
- Des explications jamais très claires : on a trouvé pas très facile d’avoir des informations fiables sur pas mal de choses : par exemple pour comprendre le déroulé de la cérémonie chez les bédiks, notre guide nous disait une chose, puis son contraire 2 minutes plus tard. Idem sur l’ile aux coquillages, on sentait que les infos du guide étaient apprises par cœur, et impossible de le faire sortir de son discours pour avoir d’autres infos. Pas très grave en soi, mais ça nous « obligeait » à compléter avec des recherches sur internet.
- Le regard des hommes : là c’est Louise qui s’exprime plus particulièrement. C’est le 1er pays où elle a vraiment senti des regards qui la dérangeaient, avec clins d’œil, bisous envoyés de loin, des « salut la gazelle » et quelques propositions de mariage qu’elle trouvait, à juste titre, déplacées. L’occasion de beaucoup échanger avec elle sur son corps en pleine transformation, la notion de consentement, l’éducation des garçons etc.
- Les plages : bon là on ne peut pas dire qu’on n’a pas aimé, mais disons qu’après avoir vécu plusieurs semaines sur les plages de l’océan indien, on est moins sous le charme des plages côté atlantique.
- Le désert de Lompoul : quelques dunes sur une petite superficie, 4 « écolodges » avec des tentes, et hop, on va proposer des balades à dos de dromadaires mais pas trop longues car ce « désert » est en fait tout petit ! Alors oui, c’est joli et c’est photogénique, mais on n’a pas franchement adhéré au concept, ça n’a rien à voir avec le reste du pays et c’est un lieu strictement touristique sans histoire derrière. Mais les enfants ont adoré y faire du surf, évidemment 😉
Les petits trucs qu’on a remarqués
- C’est dingue le nombre de voitures épaves sur Dakar ! Dans toutes les rues, des voitures avec des pneus à plat et recouvertes de poussière encombrent les rares places de stationnement. Visiblement il y aurait des choses à faire en matière de casse auto…
- « cling cling »… petit son métallique qu’on entend sur la plage ou dans les grandes rues en ville. On a mis un peu de temps à comprendre pourquoi des hommes (exclusivement) s’amusaient à faire claquer un coupe-ongles entre leurs doigts. La réponse est simple : contre quelques francs ils vous proposent de vous couper les ongles (mains ou pieds) !
- « on est ensemble » : Tous les jours, plusieurs fois par jours nous avons entendu cette expression, qu’on a finit par dire régulièrement nous aussi ! Et j’aime bien ce qu’elle représente : pas de problème, relax, on va trouver une solution, on est tous là pour s’entraider, on est égaux…
- Quand nous étions en sac à dos/taxi/airbnb, on a pu constater qu’ici il n’y a quasiment jamais d’adresse. Du coup pour rejoindre nos locations, on nous disait « appelle Babacar le gardien quand tu y seras, il te guidera pour trouver la maison » ; 3 fois sur 4, le gardien ne répondait pas et on se retrouvait à chercher sur la base des photos de la maison sur internet avec un chauffeur de taxi qui s’impatientait…
- On a pu sentir quelques tensions en Casamance : outre les quelques camions remplis de militaires stationnés à 2 ou 3 endroits, c’est surtout dans le discours des gens qu’on a senti des incompréhensions et des tensions politiques sur la question de l’auto-déternimation de la région qui se sent très isolée du reste du pays tout en se sentant exploitée pour ses richesses.
- Les sénégalais font énormément de sport : c’est le pays dans lequel nous avons voyagé où nous avons vu le plus de personnes prendre soin de leur corps : footing, foot sur la plage, tracter des pneus sur le sable, faire des pompes, des tractions… pfiou ils m’ont fatiguée tous ces gens sportifs…
- Saviez-vous que 95% des sénégalais sont musulmans ? De ce que nous en avons perçu, comme pour les catholiques, les pratiques sont mélangées avec des traditions animistes, et c’est plutôt un islam modéré.
- Et pour finir en beauté, finissons sur cet énorme sticker parfois posé sur le coffre ou le pare-brise des taxis : « merci maman ! »… c’est pas mignon, ça ?!
Infos pratiques pour circuler en camping-car
- Point d’entrée :
- 1ère entrée dans le pays pour le véhicule au port de Dakar (nous avons shippé depuis l’Afrique du sud) – voir article dédié pour toutes les infos pratiques.
- 2 entrées depuis la Gambie (Sabi et Farafenni) : RAS côté sénégalais, formalités rapides, tampon sur le CPD, aucun bakshish demandé, aucune taxe à payer.
- A noter : l’entrée dans le pays depuis la Mauritanie est réputé compliquée. Ils ne tamponnent pas le CPD et obligent à rejoindre Dakar en 3 à 5 jours pour régulariser. Ils font également payer une taxe de 250€ pour les véhicules de plus de 8 ans qui n’auraient ni CPD ni Carnet ATA.
- Visa : 90j gratuits à chaque entrée.
- Point de sortie :
- 2 sorties vers la Gambie, rien de particulier à signaler, ils ont bien tamponné notre CPD.
- Sortie définitive vers la Mauritanie, par le poste de Diama, réputé moins corrompu que le poste frontière principal de Rosso. RAS côté sénégalais pour les formalités, ils ont bien tamponné nos passeports et notre CPD sans aucune question. On a payé 4000CFA de péage pour passer le pont (prix affichés et reçu) mais rien d’autre. Attention la frontière de Rosso est réputée difficile avec notamment des « passeurs » qui se font passer pour des officiels, prennent vos documents et ensuite vous rackettent.
- Assurance véhicule : obligatoire pour circuler au Sénégal, on l’a prise à Dakar avant de récupérer le véhicule. On a payé 15 000 CFA chez Askia pour 3 mois, elle est valable dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest.
- Monnaie : le franc CFA, 1€ = 655FCFA.
- Routes : Pas de problèmes en saison sèche, les grands axes sont plutôt bons. On a pris quelques jolies pistes en Casamance. Les pistes dans le Sénégal Oriental sont un peu plus dures. On s’est souvent fait la remarque qu’en saison des pluies ça aurait été plus compliqué pour nous. Attention aux abords des fleuves (Sine Saloum et Casamance), les pistes peuvent parfois conduire sur des sortes de « pans », recouverts d’une croute de sel qui semble dure mais qui quand elle se casse dévoile du sable et de la glaise bien collante… nous en avons fait les frais plusieurs fois 😉
- Bivouacs : très faciles à trouver, soit en pleine nature soit près des villages, on a trouvé les gens très respectueux et peu intrusifs lorsque nous étions un peu « exposés ». Répartition de nos nuits :
- 20 nuits en AirBnB pendant le shipping du véhicule (12 à Dakar, 8 sur la Petite Côte), en moyenne 39€/nuit
- 49 nuits gratuites dans la nature ou dans des villages
- 3 nuits chez une famille d’expatriés
- 2 nuits en camping payant pour bénéficier d’une piscine quand il faisait trop chaud (15€/nuit)
- Sécurité : RAS, on s’est senti très en sécurité, les gens nous ont souvent confirmé qu’on pouvait dormir en toute sécurité.
- Police : peu de contrôles sur la route, on s’est fait arrêter quelques fois plus par curiosité. On a eu une mauvaise expérience : un policier qui clairement avait envie de « se faire des toubabs » et qui nous a mis une contravention pour « défaut d’écrou » car il nous manquait 1 écrou sur l’une de nos roues… Ce n’est même pas une tentative de corruption car on a eu le reçu du trésor public, mais il n’a jamais voulu en démordre qu’on était en faute. Soit… je lui ai quand même fait remarquer que c’était gonflé de la part d’un policier dont la voiture n'avait ni plaque d’immatriculation ni phares…
- Eau : on a souvent rempli aux stations-services (mais uniquement les grandes) dans les villes. En Casamance on a souvent rempli au puit des villages, on ne remplit alors qu’un seul des 2 réservoirs.
- Carburant : prix à la pompe identique partout : pour 1 litre de Gasoil : 655 FCFA, soit 1€.
- Internet : On a pris Free à 5000 FCFA (7,5€) pour 17Go, réseau plutôt bon à peu près partout sauf quand trop isolé.
- Courses : en arrivant à Dakar, nous y avons découvert un Auchan avec des produits français, c’était un peu comme Noël pour nous ! Mais ne vous amballez pas, en dehors de Dakar on retombe sur les petites épiceries. Dans les grandes villes il y a toujours au moins 1 magasin un peu grand. On a retrouvé le plaisir d’acheter nos fruits et légumes au bord de la route. Beaucoup de cacahuètes et noix de cajou aussi. En mai nous étions en pleine saison des mangues, un régal (en Casamance nous avons payé 3€ pour 8 kg de mangues !). A noter que les prix des fruits et légumes varient beaucoup d’une région à une autre, ils nous ont semblé vraiment moins chers en Casamance. Quelques prix : 3000 FCFA la plaque de 30 œufs dans les petites boutiques (mais 2300 à Auchan…), souvent autour de 600 FCFA le kilo pour les tomates, les carottes, les poivrons. Le litre de lait Candia (la seule marque produite localement) se trouve à 850 à Auchan, 1000 dans les petits shops. Les pâtes les moins chères coutent 500 FCFA/500g. Dans les villes touristiques (notamment sur la petite côte), les prix augmentent sensiblement et il est impossible de trouver des fruits et légumes à moins de 1000 FCFA/kg.
- Point Covid : ce n’est pas un sujet ici, on a dû mettre le masque 2 fois en début de séjour (à l’ambassade de France et sur le bateau pour aller sur Gorée). A noter que pour entrer dans le pays, officielement il faut être vacciné ou présenter un test PCR. C’est ce qu’on a fait en arrivant à l’aéroport de Dakar (nous sommes vaccinés, les enfants ont fait un test) et on ne seraient pas passés sans ça. Pour les frontières terrestres c’est bien plus souple. Le douaniers ont demandé à voir vaguement notre certificat de vaccination, on aurait pu leur montrer notre carte vitale ça aurait été pareil. Ils n’ont rien demandé pour les enfants, tant mieux car on n’avait pas fait de test.