Retour à Dakar et retrouvailles avec Pépère
Mercredi 23 mars, nous sommes donc de retour sur Dakar pour refaire le passeport de Louise demain. Nous avons repris le même appartement que nous avions en arrivant, dans le quartier de Yoff que nous aimons bien. Nous avons une mission cet après-midi : trouver un photographe pour faire des photos d’identité conformes ! Et bien les amis, cette action qui semble si simple en France, c’est toute une aventure ici ! Je vous la fait courte, mais nous faisons 5 boutiques en tout, et marchons plusieurs kilomètres pour trouver la perle rare. Et on en a fait des tests ! mais entre celui qui prend les photos avec son mobile devant un fond vert, celui qui n’a plus d’encre dans son imprimante, celui qui ne sait pas faire de retouches pour sortir la photo au bon format, celui qui dit qu’il peut et puis finalement c’est pas lui c’est son frère mais pour le moment il n’est pas là… Ca nous a pris 4 heures !! 4 heures pour 4 malheureuses photos, et nous somme désormais incollables sur les exigences pour que les photos soient aux normes (notamment la taille du visage qui doit être comprise entre 3,2 et 3,6mn… les gens nous regardaient avec de gros yeux quand on sortait notre règle !!). Après ce marathon ubuesque, nous rentrons dare dare nous dépoussiérer, mais Martin insiste pour aller chez le coiffeur, il ne supporte plus ses cheveux longs. Nous allons dans la petite échope en bas de chez nous, c'est la 1ère fois qu'ils coiffent des cheveux blonds, c'est un peu chaotique au départ mais pas trop mal à l'arrivée. Puis on s'arrête chez le vendeur de brochettes qui est content de nous retrouver, on lui pille son stock !
Le lendemain, nous avons RDV à 9h30 à l’ambassade qui est à l’autre bout de la ville. On a pris de la marge pour le taxi et fort heureusement car il y a des embouteillages monstrueux et nous mettons presque 1h30 pour parvenir à destination à l’heure exacte du RDV. Ouf !! ici ils nous demandent de remettre les masques que nous n’avons plus touchés depuis notre arrivée au Sénégal, c’est étonnant car il me semble qu’en France ce n’est plus obligatoire, mais quand je pose la question on me répond qu’ils n’ont pas reçu de consignes. Soit. Le RDV est étonnamment court, nous devrons revenir dans 3 ou 4 semaines pour récupérer le nouveau passeport. Comme il est relativement tôt, nous décidons d’aller passer le reste de la journée sur l’ile de Gorée. Bon le temps d’arriver à l’embarcadère, il est déjà 11h15, le dernier bateau est parti à 11h et nous devons attendre le suivant à 12h30… grrrr… A peine 30mn de traversée et nous posons les pieds sur l’île aux esclaves, Gorée étant l’un des ports d’Afrique de l’ouest d’où partaient les esclaves vers les Amériques. Mais avant de démarrer la moindre visite, les estomacs de mes monstres crient famine et nous nous installons pour déjeuner. Lieu touristique oblige, les prix pour une assiette de poulet-frites ou de Yassa sont doublés, voire triplés. C’est agaçant, mais c’est le jeu ma bonne Lucette 😉 Puis nous allons flâner dans les ruelles sablonneuses de l’île : que c’est joli ! Les rues sont fleuries, avec de jolis balcons, et on peut se perdre à loisir dans le dédale de petits chemins. Nos pas nous portent tout naturellement vers la maison des esclaves, sorte de maison-témoin permettant de rappeler le traitement indigne et inhumain de ce commerce abjecte. Nous ne prenons pas de guide mais il y en a tellement (il y a beaucoup de monde !) que nous avons finalement une visite assez complète. C’est d’ailleurs marrant de les entendre les uns après les autres raconter les mêmes anecdotes sur la porte de voyage sans retour d’où les esclaves embarquaient sur les bateaux négriers, les boulets en métal empêchant même les bons nageurs de s’échapper à la nage, les appartements des « maitres » à l’étage… Même si historiquement les faits et chiffres racontés par les guides sur Gorée seraient largement exagérés (y compris l’importance de l’île dans le commerce des esclaves), cette visite nous a beaucoup émus, l’avons vraiment prise comme un témoignage de ce qui s’est passé globalement en Afrique de l’Ouest pendant plusieurs siècles. On l’a trouvée complémentaire à celle du musée des esclaves de Zanzibar.
Le lendemain, Renaud se rend au port pour essayer de faire quelques papiers avant l’arrivée de pépère prévue dimanche. A midi, il est assez content de lui, il a réussi à récupérer un document important et à faire le point avec les douanes sur les prochaines étapes. Nous le rejoignons pour déjeuner dans le quartier de la Renaissance. Le quartier est assez touristique, mais nous trouvons quand même un petit restaurant local qui nous prépare 5 assiettes de Tiébou Dieune (oui… encore !). C’est marrant car les tables sont installées contre le mur et à 5 on occupe la quasi-totalité des chaises. Comme souvent, avant de commander nous avions demandé si le plat n’est pas épicé, la dame nous a répondu que non mais c’est quand même bien relevé et les enfants ont du mal à terminer leur plat, la bouteille d’eau y passe en quelques minutes ! Après le déjeuner, nous allons au monument de la Renaissance, une immense statue de 52m en bronze et en cuivre au style stalinien censée symboliser la famille et la puissance du pays. Elle nous fait penser à la statue de Gengis Khan, en Mongolie. On peut également y pénétrer à l’intérieur, il y a un musée au rez-de-chaussée et un point de vue en haut. Malheureusement, nous n’avons pas tilté que nous sommes vendredi et que c’est l’heure de la longue prière (une grande majorité des sénégalais est musulmane). Nous attendons plus de 45mn que le panneau « en pause » de l’accueil soit tourné, en vain. Nous sommes sur une petite colline, il y a un vent à décorner des bœufs et aucun abri pour le couper, à 15h ça me saoule et on laisse tomber. J’ai repéré un phare sur une colline juste en face, nous nous y rendons à pied. Le paysage sur la côte d’un côté et la ville de l’autre est chouette ! L’occasion de remarquer que s’il y a de longues plages du côté où nous habitons (Ngor, Yoff…), ce côté-ci de Dakar est plus rocailleux et les plages beaucoup plus petites. Puis de là, afin d’éviter de marcher le long d’une voie rapide peu engageante, nous prenons un taxi pour rejoindre la mosquée de la divinité qui domine la jolie plage du même nom. Nous discutons un long moment avec Samba et son fils. Samba a quitté le Sénégal il y a 9 ans pour venir travailler en Europe, en Italie. Après des années dans l’illégalité, il vient juste de régulariser sa situation, ce qui lui permet de revenir sereinement visiter sa famille ici, en attendant qu’ils le rejoignent. Puis nous allons boire un verre sur une petite terrasse surplombant la plage, observant toujours et encore ces nombreux jeunes qui viennent faire du sport en fin de journée. Il est ensuite temps de rentrer à l’appartement.
Samedi 26 mars : aujourd’hui nous allons voir un spectacle ! J’ai repéré que l’Institut Français donnait aujourd’hui une représentation d‘un spectacle jeunesse sur le thème de l’eau. Nous arrivons 2 bonnes heures à l’avance afin que les enfants puissent profiter de la médiathèque bien fournie. Ce sont les plus heureux ! Le spectacle est mignon, une comparaison de la gestion et de l’utilisation de l’eau au Sénégal et au Québec. Nous voulons commander des gaufres à l’issue du spectacle, au café attenant à l’Institut dans un joli jardin. 1ère commande, on attend mais rien ne vient. On relance… toujours rien. Martin est au bord des larmes, il a faim et il a carrément fantasmé cette gaufre au Nutella. Il est maintenant 18h30, on en a marre, je vais payer nos boissons et annuler la pseudo-commande. Et là, la nenette à la caisse me dit « ah mais je crois que l’appareil à gaufres est en panne ». Non mais les gars, ça fait 1h20 qu’on attend et personne n’a pensé à nous en informer ! On n'est pas si pénibles nous, on aurait pris des crêpes ! Bref, fin d’après-midi un peu en eau de boudin.
Le lendemain, je n’ai rien à vous raconter, nous faisons une journée off, on reste à l’appartement, on fait école, j’avance sur le blog, on fait quelques papiers, je me penche sur la suite de l’itinéraire, on regarde un peu la TV.
Lundi 28 mars : c’est le grand jour, Pépère est arrivé la nuit dernière, Renaud part au port en espérant le récupérer aujourd’hui. Exactement 1 mois après qu’on l’a déposé aux douanes à Durban ! Mais on sait d’expérience que les démarches sont parfois longues au port donc on ne s’emballe pas trop. D’autant que nos amis les Outsiplous avec lesquels nous avons passé le réveillon en Afrique du sud viennent de nous informer que leur camion, expédié depuis Durban jusqu’à Vigo (Espagne) une semaine avant le nôtre, a été fracturé au port avant même son embarquement (ils avaient une caméra à l’intérieur). On stresse un peu de savoir comment on va récupérer notre maison ! De mon côté, je reste à l’appartement avec les enfants, on range les affaires pour être prêts à décoller quand Renaud arrivera, on fait un petit tour dans le quartier pour se dégourdir les jambes. Mais déception : le cargo était bien rempli et il y a beaucoup de véhicules à décharger et le nôtre n’apparait toujours pas sur l’ordinateur, donc Renaud ne peut rien faire. C’est chou blanc aujourd’hui ! Heureusement on avait prévu le coup et on avait gardé l’appartement pour la nuit. Pour nous "consoler", Renaud achète des pâtisseries à tomber par terre...
Le lendemain, rebelotte Renaud va au port et je reste avec les enfants. Cette fois c’est la bonne, il peut aller chercher pépère. Enfin il peut aller le chercher… comme prévu il y a plusieurs étapes, il faut qu’il récupère les signatures de plusieurs « chefs », il est envoyé d’un bâtiment à un autre mais ça semble se faire sans difficulté. Il me tient au courant de toutes les étapes, jusqu’à ce message : « ils sont entrés, la fenêtre de la salle de bain est cassée et ouverte ». Et m***** !! Lorsqu’il monte, on se fait un whatsapp vidéo pour examiner ensemble les dégâts : ils ont fracturé le seul placard fermant à clé, et l’ont retourné. Ils ont fouillé les lits, minutieusement la penderie, ont laissé leurs empreintes sales sur tous les canapés. Mais au final ils n’ont pas pris grand-chose : de l’électronique cassé qu’on avait laissé là volontairement, une caisse en plastique, mon fauteuil décathlon (mais pas la table de camping, ni le fauteuil de Renaud), un grand panier que j’avais acheté en Ethiopie… Ils n’ont pas forcé la soute ni le coffre sous la banquette que renaud avait sécurisé avec une planche vissée et dans laquelle on avait laissé quelques souvenirs. Ils n’ont même pas pris la machine à laver ni l’imprimante photo (le seul truc électronique qu’on a laissé et qui fonctionnait encore). Bref, rien de dramatique ! Renaud fait une réparation de fortune pour fermer la fenêtre, fait constater les dégâts par les autorités du port pour essayer d’obtenir une petite compensation, puis il prend le volant. Que ça fait du bien ! La bonne nouvelle de ce shipping, c’est qu’on a vraiment bien fait de ne pas faire appel à un agent pour dédouaner le camping-car. Non seulement les démarches n’étaient pas très compliquées, mais nous avons dépensé 3 fois moins que les estimations que nous avaient faites les agents que nous avions contactés (350€ de frais contre des devis à plus de 1000€). Décidemment, le monde du shipping et des ports est vraiment un univers opaque pour les voyageurs individuels comme nous ! Il est presque 16h lorsqu’il arrive à l’appartement. Nous descendons le rejoindre, tout excités de retrouver notre maison. Les enfants sont un peu perturbés que des gens soient rentrés chez nous mais le prennent plutôt bien puisque rien d’important ne manque. Renaud et moi commençons un peu à ranger et nettoyer (forcément avec une fenêtre ouverte pendant 1 mois, il en est rentré de la poussière !!), jusqu’à entendre des cris dans tout le quartier. Ah mince, le match Sénégal/Egypte pour la qualification à la coupe du monde vient de commencer ! Bon on a bien mérité une pause avec toutes ces émotions ! On file regarder le match et nous vibrons jusqu’au dernier tir au but qui qualifie les Lions du Sénégal. C’est la fête ici, les gens descendent dans la rue, klaxonnent, chantent… C’était bien le jour pour laisser notre camping-car en pleine rue !! Renaud descend pour s’assurer que tout va bien mais RAS. Il en profite pour démonter la cloison séparant la cabine de la partie cellule. Demain nous pourrons poursuivre notre grand ménage.
Mercredi 30 mars : les enfants se succèdent pour nous aider à nettoyer et ranger le camping-car. On profite aussi d’avoir une machine à laver dans l’appartement pour tout passer à la machine et effacer ainsi les traces de l’effraction. 7 heures plus tard, nous n’avons même pas mangé mais nous sommes satisfaits, tout est (relativement) propre, tout a retrouvé sa place, nous sommes prêts à quitter la ville ! Nous rendons les clés de l’appartement à Ibou qui a été super conciliant nous permettant de rester jusqu’à tard dans la journée, puis nous prenons la route. Après nous être réhabitués à parler français, il nous faut nous réhabituer à conduire à droite maintenant, et ça fait bizarre ! Nous n’allons pas très loin finalement car nous avons décidé d’accepter l’invitation à boire un verre d’une famille franco-belge qui habite ici depuis une dizaine d’années. Ça nous fera du bien pour décompresser après ces dernières émotions ! Stéphanie, Thomas, Maël et Léonie nous reçoivent dans leur jolie maison, nous pouvons nous garer juste à côté dans une impasse. Nous passons un très chouette moment autour de plats libanais, les enfants découvrent de nouveaux jeux et de nouveaux livres. Autour d’une carte du Sénégal, ils nous donnent pleins d’infos pour la suite de notre périple. Merci pour l’accueil les amis ! Le lendemain matin, nous restons chez eux pour faire un peu de paperasse (notamment liée à l’effraction du shipping) et profiter d’avoir de l’espace pour faire l’école, puis en début d’après-midi nous les quittons pour débuter notre découvert du Sénégal. C’est parti pour de nouvelles aventures !