7 jours et nous sommes déjà conquis !
Samedi 29 janvier : Il est déjà tard lorsque nous franchissons la frontière du Lesotho. Nous nous occupons simplement d’acheter une carte sim et de la data et commençons aussitôt à rechercher un spot pour la nuit. Dès les premiers tours de roue, le contraste avec l’Afrique du sud est saisissant ! ici c’est… le bazar ! On retrouve des vendeurs de tout et n’importe quoi sur le trottoir, des maisons en tôle, des animaux sur la route… On sent qu’on va aimer ce petit pays ! Qui dit bazar dit aussi beaucoup de monde, d’autant que nous sommes tout près de Maseru, la capitale. Nous comprenons rapidement que nous ne trouverons pas un bivouac isolé avant la tombée de la nuit. Renaud s’engage sur une piste qui grimpe vers une petite colline en face de la capitale. Ca grimpe sec par endroits, l’eau a un peu raviné la piste mais Pépère passe sans difficulté jusqu’à ce que la piste se détériore vraiment et qu’on se dise « non ça ne vaut pas le coup de continuer ». Soit, nous sommes entre quelques maisons, l’endroit est plat… quelques personnes sont sorties sur leur perron. Je descends du camping-car pour leur expliquer qu’on aimerait passer la nuit ici et vérifier que cela ne pose pas de problème, ce qui semble être le cas. Pendant que Renaud fait quelques manœuvres pour se mettre à plat, 3 jeunes femmes très apprêtées arrivent ; elles habitent dans une petite maison à côté. La mère et ses 2 filles reviennent d’un mariage dans la vallée, elles sont vraiment magnifiques ! Nous discutons un moment, faisons visiter notre maison. Entre temps une poignée de gamins sont arrivés, nous sortons le ballon et le frisbee et tous les enfants s’en donnent à cœur joie pendant un bon moment. Eliott et Louise finissent par rentrer lire, un peu lassés de jouer dehors, mais Martin est infatigable. Après quelques chutes sur des cailloux une fois la nuit tombée, nous devons insister pour récupérer le ballon. Et voilà les gamins et la plus jeune des jeunes femmes avec qui nous discutions tout à l’heure qui s’installent parterre, devant notre porte, et qui embarquent Martin dans leurs jeux. Tout ça dans un mix d’anglais et surtout de Sotho, la langue locale. Ils essaient désespérément de nous apprendre quelques mots mais certains sons sont difficiles à prononcer pour nous (des clics, des raclements de gorge…) et ça les fait bien rire ! Et nous sommes sur les fesses quand nous les entendons ânonner quelques mots de français. Ici, au Lesotho, des enfants en primaire apprennent des rudiments de français !! Petit moment de solitude lorsqu’ils nous demandent de réciter « notre Père », on s’en sort en offrant une version hyper raccourcie et probablement complètement mélangée mais peu importe ils ont l’air content ! Il est très tard lorsqu’ils finissent par rentrer chez eux.
Le lendemain matin, nous entendons les voix des gamins qui attendent qu’on se lève. Martin avale ses tartines en quelques minutes, et sort pour jouer avec eux. Il installe le tapis iranien et sort le gros panier de Lego… les enfants sont aux anges ! Ils ne prêtent pas du tout attention au magnifique paysage qui les entourent, mais de notre côté nous sommes déjà conquis par le Lesotho !
Nous quittons finalement ce petit monde après le déjeuner. Nous leur offrons en souvenir quelques photos imprimées, ce qui nous vaut une gentille invasion du camping-car pendant l’impression des photos. Une dizaine de kilomètres plus loin, nous nous arrêtons près d’une source pour remplir nos réservoirs. Nous sommes l’attraction, et nous comprenons qu’en dehors de la capitale il y a très peu de blancs ici, contrairement au pays voisin. Arrivés près de Morija, notre étape suivante, il n’est que le milieu de l’après-midi mais nous commençons déjà à chercher un bivouac : il pleut souvent au Lesotho, et les routes secondaires ne sont pas goudronnées ce qui risque de nous poser quelques difficultés. On s’enfonce de façon très optimiste sur une piste, avec un ciel qui s’assombrit très rapidement. Il n’y a plus qu’à espérer qu’on puisse repartir demain ! Nous nous posons entre des champs cultivés. Ici plus aucune clôture, et nous pouvons observer la vie locale. Les hommes se déplacent surtout à pied ou à cheval, et ils portent une couverture jetée sur leurs épaules pour se protéger du froid (le point le plus bas du pays est à 1400m d’altitude !). Certains ont d’étonnants chapeaux de paille pointus, qui semblent constituer l’emblème du pays puisqu’on le retrouve sur les plaques d’immatriculation et une marque bouteilles de bières. Les gens qui passent à côté de nous sont curieux mais sur la retenue, ils nous saluent, nous demandent si tout va bien puis poursuivent leur chemin. 2ème expérience de bivouac positive, on ne devrait pas être embêtés ici pour dormir où on veut 😉
Lundi 31 janvier : ce matin, nous faisons notre 1ère visite culturelle au Lesotho : le petit musée de Morija. Et quand je dis petit musée, c’est vraiment ça : une seule pièce qui réunit quelques objets traditionnels, avec 2 panneaux au mur pour les explications. Puis 2 comptoirs avec quelques empreintes de dinosaures : le Lesotho ayant une terre argileuse, le pays compte en effet plusieurs sites où l’on peut observer des empreintes bien conservées. D’ailleurs, nous apprenons qu’un spécimen découvert ici porte le nom de Lesothosaurus ! Alors que nous nous apprêtons à quitter le musée au bout d’une petite demi-heure, l’employée nous demande si l’on veut voir les archives. On n'a aucune idée de ce dont elle nous parle mais on accepte et elle nous ouvre la porte d’une petite réserve où se dévoilent des centaines de livres, dont beaucoup en français ! Nous apprenons ainsi que le musée s’est donné pour mission de regrouper tous les écrits retraçant l’histoire, la culture et les légendes locales. Il y a de fabuleux ouvrages notamment écrits par des missionnaires français qui ont joué un rôle important dans la défense et l’unification du pays contre les risques d’invasion des colons Boers. Les 3 enfants commencent à se plonger dans la lecture de certains ouvrages, mais la pièce n’est pas du tout adaptée : c’est vraiment un local d’archive, avec une seule chaise et une table, dédiée aux travaux de chercheurs, et on sent que la personne qui nous « surveille » attend avec impatience que nous partions pour retrouver son rythme effréné de travail 😉 . Nous quittons Morija et décidons de quitter la route principale filant vers le sud du pays pour rejoindre Malealea, une petite vallée dont nous avons entendu beaucoup de bien. Malheureusement, un pont a été endommagé il y a quelques semaines, il est infranchissable en véhicule. Cette année la saison des pluies semble plus forte que les années précédentes, et beaucoup de pistes se sont détériorées. On nous parle d’un autre chemin d’accès mais à voir les regards sur notre monture nous comprenons qu’un 4x4 sera indispensable. Tant pis pour Maléaléa ! Nous reprenons donc la route vers le sud en direction de Quthing. Nous trouvons un bivouac calme en retrait de la route, les enfants jouent avec des cailloux, et font des essais de poterie avec la terre collante. Toute la subtilité étant d’arriver à se séparer des « œuvres » avant de reprendre la route le lendemain… Alors que nous nous apprêtons à partir après la session d’école, nous avons la visite du chef du village qui a été alerté de notre présence. Aucune animosité, il vient seulement vérifier qui nous sommes et quelles sont nos intentions. Nous comprenons donc qu’ici au Lesotho on retrouve le système de « chef » que nous avions aussi expérimenté en Zambie et au Zimbabwe. Quelques jours plus tard, nous nous rendrons compte que nous n’avons pas laissé que les poteries sur ce bivouac, les enfants ont également oublié leur ballon qu’ils avaient caché dans les rochers. Pfffff…
Il n’y a pas énormément de choses à visiter au Lesotho, donc le moindre panneau indiquant une curiosité nous attire. C’est ainsi que nous tournons au panneau « house cave » sans savoir à quoi nous attendre. Le chemin se détériore et on préfère finir à pied les 2 derniers kilomètres. Nous demandons notre chemin car plus rien n’est indiqué ! Nous arrivons à quelques rondavelles, mais il n’y a personne. On attend un peu jusqu’à ce que la personne en charge du site, alertée par des villageois, nous accueille. Contre quelques euros, il nous conduit à une maison construite sous un renfoncement rocheux. Au-delà de la maison en elle-même, la visite est passionnante car le guide revient sur l’histoire du pays, la façon dont le roi Moshoeshoe 1er a unifié les différentes ethnies et familles pour lutter contre les tentatives de colonisation des boers, s’appuyant stratégiquement sur des missionnaires (français et suisses notamment) et sur les anglais mais perdant, à force de concessions pour éviter l’invasion, l’essentiel de ses terres fertiles (qui font aujourd’hui partie du Free State d’Afrique du sud). J’étais tellement absorbée par les explications que je n’ai quasiment pas pris de photos ! De retour au camping-car, nous sommes abordés par un homme qui nous pose plein de questions sur notre voyage. Au moment de nous quitter il insiste pour faire une photo, mais pas une photo de groupe il préfère une pause « officielle » en mode poignée de main avec Renaud. Ça me fait mourir de rire ! Quelques kilomètres plus loin nous nous arrêtons devant un panneau « dinosaure prints » : lorsque des travaux ont été entrepris pour élargir la route, de belles empreintes de dino ont été dévoilées. Les autorités ont décalé la route prévue, et construit un immense abri pour protéger les empreintes. Je crois qu’il y en a d’autres accessibles dans les environs, mais on se contentera de celles-ci. Nous poursuivons notre route en longeant la rivière Orange, celle qui des centaines de kilomètres au nord-ouest délimite la frontière entre le Namibie et l’Afrique du sud. Les paysages sont vraiment beaux au Lesotho, je mitraille avec mon téléphone pour saisir les villages que nous traversons, les collines illuminées par les rayons du soleil, les rondavelles, les maisons en tôle… J’ai toujours du mal à prendre les gens en photo en revanche, surtout lorsque nous sommes en train de rouler j’ai vraiment l’impression de voler quelque chose ! La fin d’après-midi approche et il est temps de quitter la route principale pour trouver un coin pour la nuit. Pas évident car nous sommes dans une portion un peu montagneuse et les pistes en montagne sont souvent trop ravinées ou trop étroites pour nous. On repère finalement une sorte de promontoire plat avec quelques maisons autour. Je sors avec Louise pour nous présenter à la maison la plus proche (un enfant, ça rassure toujours !) et vérifier que notre présence ne gêne pas. Andrew, à qui je m’adresse, préfère d’abord demander l’autorisation du chef qu’il joint par téléphone. Une fois l’autorisation officielle accordée, il nous propose de nous rapprocher de son jardin mais le terrain est moins plat et surtout Andrew est passablement alcoolisé et nous n’avons pas envie de ça ce soir. Comme dans beaucoup de pays que nous traversons, l’alcool est un fléau ici aussi, nous voyons de nombreux hommes de tous âges saouls à n’importe quelle heure de la journée. Ils doivent y passer leur maigre salaire, c’est tellement triste je trouve !
Le lendemain, c’est une magnifique journée ensoleillée, qui rend les paysages encore plus beaux ! Nous ne roulons pas énormément, mais faisons beaucoup de stops pour prendre des photos ou juste pour prendre un café dans un joli cadre. En milieu d’après-midi, nous repérons un super endroit pour bivouaquer, en surplomb d’une sorte de canyon, c’est vraiment beau ! Le côté moins sympa c’est que le coin doit être connu des locaux qui ne viennent visiblement pas pour admirer le paysage, vu le nombre de capotes et de papier toilette que nous trouvons au sol. Tout de suite ça fait moins rêver !
Les 2 journées suivantes, il pleut quasiment sans discontinuer. Nous décidons de rouler très peu car les routes sont très « up and down » ici, et avec une chaussée mouillée ce n’est pas terrible. On a une totale confiance en notre monture, mais moins dans celle des autres, et notamment les conducteurs de camions et de minibus qui roulent quand même vite sur ces routes. Et surtout on veut éviter les éboulements qu’on aperçoit parfois au bord des routes avec d’énormes cailloux qui se détachent et dévalent les pentes et finissent par s’écraser sur les routes. Bref tout ça pour dire qu’on se fait quasiment 2 journées pyjamas/film/popcorn/crêpes… Ça fait du bien aussi parfois 😉
Samedi 5, le ciel est encore très gris mais on décide de bouger à nouveau. Nous sommes proches des chutes de Semonkong qui sont réputées comme les plus belles du pays. Nous arrivons à un promontoire rocheux avec une vue sur la cascade, qui n’est pas très très puissante. Elle se jette dans un joli canyon, mais ce n’est pas non plus la cascade du siècle ! Nous profitons de cet arrêt pour acheter des fruits à une petite guérite en tôle : on trouve facilement des prunes, des pêches et des fruits qui sont entre l’abricot et la pêche. Des raisins aussi souvent au bord de la route.
Pour déjeuner, nous décidons de nous arrêter au village de Semonkong et d’aller dans une gargote locale. Ici on retrouve avec plaisir le ragout et le pap, cette sorte de polenta épaisse faite à base de farine de maïs blanc. Tandis qu’on attend nos plats, Renaud en profite pour se faire couper les cheveux et c’est là qu’il apprend qu’on n’a en réalité pas du tout vu la cascade de Semonkong, qui est en réalité de l’autre côté du canyon ! (elle était donc sous nos pieds en quelque sorte). Ahh quels beaux touristes nous faisons !! Le coiffeur, qui est aussi artiste peintre et guide, nous propose de nous y conduire à dos de cheval. Ah bien tiens pourquoi pas ? On pourrait y aller à pied mais le sol est détrempé et marcher dans la boue, si on peut éviter c’est mieux. Et puis une balade à cheval au Lesotho, pays où c’est vraiment un mode de transport local, c’est top, non ? Allez, on se met d’accord sur un prix, et nous voilà avec 4 chevaux pour nous 5 + 2 guides pour nous accompagner pour environ 3 heures de balade. Le terrain est super glissant et rocailleux par endroit, je ne suis pas complètement rassurée quand les chevaux perdent un peu l’équilibre. Lorsque nous traversons un marécage bien boueux, nous savourons l’idée de ne pas avoir fait la rando à pied ! Il tombe un petit crachin pendant la balade, mais ça ne nous empêche pas d’en profiter. On se dit quand même que la prochaine fois on prendra un cheval aussi pour Martin car il devient trop grand pour monter à 2 confortablement. Arrivés à la cascade, nous profitons de la vue qui effectivement n’a rien à voir avec celle qu’on a vu ce matin ! Alors que nous entamons le retour, nous faisons quelques changements de chevaux : Eliott en veut un plus rapide, Louise n’aime pas le sien qui s’arrête tout le temps… Bref. Moi j’aimais bien ma jument tranquille mais je la laisse à Louise et prend le cheval qui s’arrête tout le temps pour faire pipi (il y en a toujours un dans ce genre de convoi, non ?). Visiblement, il ne m’apprécie pas trop car sans aucune raison au milieu du marécage il se cabre en arrière puis se penche brusquement en avant. Complètement surprise et déséquilibrée, je me sens tomber en avant le long de son cou, littéralement cul par-dessus tête ! J’atterris lourdement sur l’épaule droite et me couvre instinctivement la tête avec les bras car j’imagine le cheval en train de me marcher dessus dans son élan. Mais non, il m’évite par miracle. Je suis pleine de boue et surtout mon épaule est douloureuse. Je marche un moment pendant que le guide calme le cheval, puis je remonte histoire de ne pas finir sur une peur du cheval. Mais bon, je ne suis pas super rassurée et je vous laisse imaginer mon soulagement une fois de retour sur mes 2 pieds ! Que d’émotions aujourd’hui ! Nous décidons de rester pour la nuit au village, sur le parking de l’épicerie indienne où nous avons garé pépère le temps de la balade. J’ai mal à l’épaule mais elle n’est pas cassée et je ne pense pas qu’elle soit luxée, ça devrait passer dans quelques jours/semaines. Non je ne suis pas allée consulter de médecin, je vais me faire gronder par ma maman 😉