10 jours à Durban sans notre maison
Bien arrivés à Durban, on vide le camping-car de nos gros sacs et on s’installe dans le airbnb qu’on a loué pour 5 nuits : en face de la plage, avec 2 grandes chambres et un grand salon, Netflix disponible… on devrait être bien ici ! Pendant que j’installe un peu nos affaires, Renaud termine de préparer le véhicule pour le shipping : il condamne l’accès aux coffres sous la banquette, il pose la paroi pour séparer la cabine et la cellule. On a regroupé toutes les affaires qui restent dans la penderie, on décide de laisser tous les autres placards ostensiblement ouverts histoire de montrer aux personnes éventuellement intéressées que le véhicule est vide. 20h… allez c’est fini, il n’y a plus rien à faire, Renaud nous rejoint, Pépère passera la nuit tout seul sur le parking en bas de la résidence.
Durban J1 (28/02): Oh mon dieu que nous avons mal dormi !! L’appartement est bien mais il est situé juste en face d’un bar qui fait boite de nuit. On a eu de la musique et des boom boom jusqu’à 1h du matin, et les bruits de la rue dès 6h. Il fait chaud et il n’y a pas de ventilateurs donc on doit ouvrir les fenêtres pour ne pas mourir étouffés. Bref, on n’est pas très frais ! Eliott et Louise restent à l’appartement, mais on embarque Martin avec nous pour aller déposer le camping-car. Oui car on a un petit problème technique : vous vous rappelez que des gamins ont cassé la poignée extérieur de la porte d’entrée quand nous étions vers Capetown ? Et maintenant que nous avons fermé l’accès par devant… on ne peut plus accéder à la partie habitation ! Or les douaniers voudront peut-être inspecter l’intérieur. On a donc laissé la petite fenêtre latérale de la chambre de Martin « non verrouillée » hier soir, et il s’y glisse en souplesse pouvoir nous ouvrir de l’intérieur en cas de besoin. On roule une trentaine de minutes jusqu’aux bureaux des customs. On y rencontre Vernon, l’agent qui nous accompagne dans les démarches administratives pour ce shipping (les compagnies maritimes ne souhaitant pas discuter en direct avec des particuliers). On attend 3 bonnes heures que quelqu’un daigne s’occuper de nous. Puis c’est l’heure de garer le véhicule dans le hangar. Au moment de fermer les serrures de securité, celle de la porte d’entrée nous reste dans les mains et tourne dans le vide. Ah ben mince alors elle fonctionnait très bien hier, ce n’est vraiment pas le bon moment pour qu’elle nous lâche ! Renaud prend 30 minutes pour la démonter et voir ce qui ne va pas mais rien n’y fait. Il finit dans la précipitation par l’entourer de sika noir. Ca fait dégeu et ce ne sera pas efficace si quelqu’un veut forcer la serrure, mais psychologiquement on ne pouvait pas ne rien faire. Allez cette fois c’est la bonne, les dés sont jetés ! Une fois le camping-car garé dans le hangar des douanes, on n’a plus le droit d’y toucher jusqu’à jeudi (3 mars), date à laquelle on devra revenir ici pour conduire le véhicule jusqu’au port, escortés par des douaniers. Vernon nous dépose devant notre résidence. Nous sommes officiellement à pied jusqu’à ce qu’on récupère notre maison dans le pays suivant ! Autour du 21 mars si tout va bien. Et on fait quoi maintenant ? Et bien d’abord on va manger un morceau, il y a plusieurs petits restos le long de la plage. La plage est immense, pas trop sale pour une plage de ville, c’est toujours un spectacle étonnant de voir le contraste entre les immeubles et la plage. Et puis on rentre… le fait d’avoir laissé pépère nous mine un peu le moral, on n'a pas la motivation pour explorer cette grande ville. On préfère se projeter sur la suite en achetant les billets d’avions pour notre prochaine destination. Départ le 5 mars !
Durban J2 (01/03): après la session d’école (on va mettre les bouchées doubles tant qu’on est ici vu qu’on n’a pas grand-chose à faire !) nous marchons en direction d’Ushaka, un complexe en bord de mer dans lequel on trouve le plus grand aquarium d’Afrique australe. Mais ce qui nous intéresse surtout aujourd’hui c’est le parc aquatique et ses tobogans et piscines. Mais grosse déception en arrivant devant l’entrée : la partie « water fun » est fermée pour 2 semaines pour des opérations de maintenance, à partir du 1er mars, soit ce matin même ! Vraiment pas de chance !! On grignote quelques samosas dans une gargote, on traine sur la plage et puis on rentre. Les enfants n’ont pas envie de se baigner, à vrai dire on a surtout envie de se pelotonner sur le canapé à mater des films sur Netflix. On ne sort même pas pour diner, on se fait livrer des sushis 😉
Durban J3 (02/03): bon allez cette fois on bouge un peu quand même ! On a repéré un musée maritime à 2km de chez nous, juste à côté de l’entrée du port. Le trajet pour y aller n’est pas foufou, on longe de grosses avenues bien bruyantes. Le musée est tout petit, gratuit et on y passe une heure sympathique à explorer les 2 bateaux à vapeur exposés. Bon comme souvent ça manque un peu d’infos didactiques et pédagogiques mais les enfants se prennent pour des capitaines au début du siècle donc on passe un bon moment. On se balade ensuite dans le centre-ville, et on s’arrête pour manger un morceau à la locale : poulet frite dans des barquettes en polystyrène posés sur des marches en pleine rue. La ville est très différente de Capetown : ici ça nous semble plus populaire, plus mixé, plus sale, plus bruyant… Il y a quelques jolis bâtiments mais dans son ensemble la ville n’a pas vraiment de charme particulier. On rentre par la plage et il est presque 18h quand on se cale dans notre canapé. Il y a quelques heures, on a appris que le bateau avait du retard, on ne doit plus déposer le camping-car au port demain comme prévu mais le 7 mars. Et évidemment on a acheté nos vols pour le 5 mars. Grrrr… On a le choix entre laisser notre agent conduire le véhicule lui-même au port (mais il nous demande 600€ pour ce « service » !!!!) ou bien décaler nos billets. On opte pour la 2de solution, qui nous fait perdre quand même 250€ car les prix des billets ont évidemment augmenté entre temps. On choisit de se laisser une petite marge et on prend des vols pour le 9 mars après-midi en croisant les doigts pour que ce soit ok. Mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire à Durban pendant une semaine supplémentaire ?
Durban J4 (03/03): toujours pas envie d’aller en centre-ville, on opte plutôt pour une longue balade sur le front de mer. Et aujourd’hui, après un dej dans un fast food pseudo mexicain, nous faisons bande à part : Renaud se fait une session baignade avec Louise et Martin, tandis que Eliott et moi allons dans un complexe casino/ciné/mall. Vous vous en souvenez peut-être, depuis notre départ le 1er janvier on ouvre des « vœux » que les enfants ont scotché au placard : des souhaits d’activités qu’ils voudraient faire seuls avec l’un des deux parents. Et Eliott voulait se faire un ciné avec moi, on va donc voir le nouveau Spiderman ensemble aujourd’hui ! On a un peu de temps avant la séance, on en profite pour passer 2 heures au « casino des enfants », une salle remplie de jeux d’adresse et de hasard où on s’amuse vraiment bien. Avant d’aller au ciné on s’assoit en terrasse pour boire un verre. Et je prends un coup de vieux quand mon bébé de 12 ans et demi commande un café, comme moi ! On passe un super moment devant le film en engloutissant comme il se doit un énorme pot de pop-corn, puis il est l’heure de rentrée. A 20h, il fait déjà presque nuit ici. Je me débrouille pour ne pas trouver de taxi et nous faisons finalement le trajet à pied, en prenant bien soin d’éviter la plage et les zones non éclairées. Il passera la soirée à expliquer dans tous les détails à son frère et à sa sœur l’intégralité des jeux qu’il a essayés ! En tout cas on a passé une super après-midi, j’adore cette idée des vœux de nouvelle année qui nous « obligent » à prendre du temps avec chaque enfant séparément, ce qui n’est pas si facile dans notre quotidien de voyageurs au long cours.
Durban J5 (04/03): on a une journée chargée aujourd’hui ! D’abord on prend un bolt (équivalent uber) pour nous rendre au Kwalele Museum, qui raconte l’histoire de la ville. Bon je ne sais pas si on est blasés ou quoi mais il ne casse pas 3 pattes à un canard ce musée. Il y a quelques infos intéressantes sur la ville au cours du dernier siècle, mais c’est un peu décousu, beaucoup de choses à lire… les enfants sont finalement plus intéressés par une pièce réservée aux groupes scolaires et portant sur la santé en Afrique du sud : VIH, prostitution, violences sexuelles, violences conjugales… de quoi nourrir pas mal de discussions en famille dans les prochains jours ! Certains chiffres les choquent, comme le fait que 1 homme sur 4 en Afrique du sud aurait abusé d’une femme sans son consentement, ou que 3 femmes sur 5 auraient subi des violences sexuelles. Et quand on ressort dans la rue ils ne peuvent pas s’empêcher de regarder les gens avec un regard différent… « tu crois que elle ? » … « tu crois que lui ? ». Nous marchons en ville ensuite pour rejoindre le Victoria Market où nous avons RDV avec une famille de voyageurs avec laquelle je suis en contact depuis quelques semaines : les phileas4 : Catherine, Greg, Céleste et Pénélope sont partis en tour du monde il y a quelques mois, après avoir traversé la Russie avec le transsibérien ils sont arrivés il y a 2 semaines en Afrique du sud et ont loué un 4x4 avec tente de toit pour découvrir l’Afrique australe pendant au moins 4 mois. Tous ensemble, nous découvrons le marché de Victoria, un marché initialement indien qui s’est peu à peu transformé en marché à souvenirs d’inspiration zulu. Eliott en profite pour agrandir sa collection de lances/couteaux, Louise sa collection d’animaux d’Afrique en malachite et Martin s’offre une petit bouclier zulu. Voilà voilà, on n’était pas assez chargés !! On marche ensuite tous ensemble en direction du jardin botanique où l’on espère se poser pour discuter. Et bien dans cette grande ville marcher n’est pas de tout repos ! On achète quelques hot-dogs bien gras sous un pont et quelques fruits en guise de dessert, et on suit Renaud qui lui-même suit ce que lui indique son gps. On commence à s’engager sur un long pont lorsqu’un SDF me fait signe que non. J’arrête tout le monde et vais le voir : « n’allez pas là-bas, gens dangereux » me dit-il dans un anglais approximatif. C’est le genre de conseils que je suis sans problème et lui demande alors comment on peut rejoindre le jardin. Il m’indique une ruelle passant par un marché en plein air qui sent bon le bordel : « par là, c’est bon ». Ok, va pour traverser le marché alors ! Et quelle surprise une fois dans les ruelles très étroites entre les cabanes en bois et en tôle, on se retrouve immergés dans un marché improbable d’artefacts, d’écorces de bois et de cadavres en tout genre. Nous sommes les seuls étrangers en plein milieu de ce qui ressemble à un marché traditionnel zulu. Les gens semblent surpris de nous voir mais très bienveillants ; je ne prends pas de photos, mais on pose des questions : à quoi servent les écorces ? à faire des remèdes. Pourquoi tu éviscère un serpent ? pour rendre fort. Malheureusement, le niveau d’anglais est très faible ici et on reste sur notre faim pour ce qui est des explications. Carapace de pangolin, peau de serpent, sacs de poils/cheveux, crânes d’animaux… petits et grands, nous sommes fascinés par ce lieu qui respire le mystère et la magie noire. Et que dire du corps séché d’un babouin éventré accroché au pont à la sortie du marché (attention il est en photo plus bas, âmes sensibles passez vite !)… bref on ne s’attendait pas à ça à Durban et on a adoré ! Encore une voie rapide à longer et nous arrivons finalement à destination : le calme su jardin botanique nous permet comme prévu de bien discuter avec les Phileas4 – les enfants jouent avec des lianes comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Nous rentrons chacun chez nous en taxi ; ils repartent dès demain pour poursuivre leur périple africain. C’est un peu frustrant ces rencontres souvent trop courtes !
Durban J6 (05/03) : nouvelle journée à Durban et nouvelle famille de tourdumondiste, finalement cette pause forcée présente quelques avantages ! Cette fois c’est Christelle, Sébastien et Louis, « la parenthèse inconnue » que nous retrouvons à l’entrée d’Ushkaka. Eux ont passé plusieurs mois en Amérique du nord et du sud, puis en Polynésie ; l’Afrique du sud est le dernier pays de leur voyage, en mode location de voiture et hébergements ! Nous faisons connaissance autour d’un burger puis passons 2 bonnes heures à découvrir l’aquarium de Durban, le décor est très sympa il reconstitue l’intérieur d’un bateau… il y a même la salle avec les toilettes et une vieille baignoire ! Nous nous séparons en fin de journée mais nous donnons RDV le lendemain sur la plage. A noter que notre appartement sur South Beach est toujours aussi bruyant, mais on l’aime bien et on a la flemme de chercher ailleurs. On a négocié une baisse du prix pour les jours suivants, on restera donc là jusqu’à notre départ d’Afrique du sud !
Durban J7 (06/06) : RDV sur la plage en début d’après-midi avec les amis, ce qui nous laisse le temps de faire encore une bonne session d’école. Les enfants jouent dans les vagues et dans le sable tandis que Sebastien et Renaud louent 2 planches de surf pour taquiner les vagues. Au final, Seb prend quelques vagues, mais Renaud prend surtout les vagues en pleine tête, j’ai bien essayé de le prendre en photo mais il n’est pas arrivé à monter sur la planche… il faudra recommencer un jour ! Puis c’est au tour des enfants de s’essayer au surf sous la conduite de Sébastien. Louise, aussi persévérante que sa mère dans ce genre d’exercice, envoie tout balader au bout de 10mn ne mode « c’est naze ce truc », les garçons s’accrochent et Eliott arrive à bien agripper la planche à plat ventre pour prendre quelques vagues… c’est un bon début ! Nous nous séparons finalement sur cette plage après avoir discuté encore un bon moment. Bonne route vers Captown les amis ! De retour chez nous, nous nous affalons devant la TV. J’ai l’impression qu’on est en train de rattraper 3 années d’abstinence télévisuelle 😉
Durban J8 (07/03) : Aujourd’hui c’est le jour J : Renaud part en taxi à 6h45, il a RDV à 7h30 pour conduire pépère au port. Moi je suis censée aller avec les enfants en centre-ville pour leur faire faire un test PCR (notre prochaine destination accepte les personnes vaccinées sans test donc pas besoin pour nous, mais les enfants doivent présenter un PCR), mais nous sommes encore entrain de prendre le petit-dej que Renaud revient déjà. Voilà qui a été rapide ! Du coup nous partons tous ensemble et après 2 adresses infructueuses voilà mes 3 loulous testés ! On fait quoi maintenant ? Enthousiasme collectif au taquet… Eliott propose de passer un moment au « casino des enfants » dont il n’arrête pas de parler depuis 3 jours. Ok vendu ! On leur alloue 10€ chacun et nous passons un bon moment. On mange une pizza sur place et… on fait quoi maintenant ? Allez, on rentre. Nous sommes dans une phase où nous n’avons tout simplement pas envie de visiter, il y aurait bien un musée d’histoire naturelle mais les 2 premiers musées n’étaient pas non plus dingues… et puis la ville ne nous plait pas plus que ça… Bref, pas la peine de nous forcer, on retrouvera le plaisir du voyage et de la découverte dans le pays suivant ! De retour à l’appartement, la femme de ménage est passée et a mélangé les doudous des enfants. Je crois qu’on atteint le paroxysme de la journée en terme d’excitation !
Durban J9 (08/08) : RAS, il pleut aujourd’hui, meilleur prétexte pour ne pas bouger ! On se fait des pâtes, on bouquine, on regarde la TV… journée tranquille avec le marathon de demain.
Durban J10 (09/09) : Debout 8h pour boucler les sacs. Aujourd’hui on quitte l’Afrique du sud ! En catastrophe, j’envoie Renaud à la boutique chinoise du coin pour acheter un sac supplémentaire pour mieux répartir le poids et avoir moins de « petits sacs » à trimballer. Heureusement que nous prenons Emirates avec lesquels nous pouvons avoir 2x23kg en soute ! Au final, nous mettons en soute 8 gros sac, et on en prend 5 en cabine. Je vous passe les détails sur les chauffeurs bolt qui nous font faux bond les uns après les autres (car on a payé par CB via l’appli alors qu’ils préfère avoir du cash mais on n’en a plus assez vu qu’on quitte le pays…), on attend comme des ploucs 35mn sur le trottoir avec tous nos sacs avant que l’un d’entre eux finisse par nous prendre. On ne veut pas arriver trop tard car en plus des vérifications désormais banales des tests et autres cartes de vaccination, on a un petit détail dans notre dossier qui pourrait prendre du temps : notre visa dépassé ! Nous aurions dû quitter le pays le 21 février. L’employée à l’enregistrement appelle son supérieur lorsqu’elle voit cela. Il lui dit de mettre en stand bye nos bagages et nous accompagne à l’immigration (on grille la file d’attente, c’est au moins ça de pris !). L’officier de l’immigration nous annonce dans un premier temps que ce sera bon puisque l’Afrique du sud a décidé le 10 octobre une période de grâce sans pénalités pour tous les voyageurs entrés en Afrique du sud après le 1er octobre. Or techniquement nous sommes entrés le 14 février dans le pays puisque nous avons passé 2 semaines au Lesotho ! Après vérification, il revient nous informer que ça ne marche pas pour nous, car c’est notre 1ère entrée sur le territoire qui doit être prise en compte, et nous sommes arrivés le 16 septembre. Bref je vous la fais courte, mais comme on s’y attendait il nous remet un document officiel déclarant que nous sommes désormais indésirables dans le pays, pour une période de 1 an à compter d’aujourd’hui. Ça c’est finalement la bonne nouvelle, 1 an ce n’est pas trop contraignant pour nous, on craignait d’être bannis 5 ans ! L’agent de l’embarquement qui est resté avec nous tout ce temps est rassuré, il confirme l’envoi de nos bagages en soute et nous voilà quelques instants plus tard à la porte de l’avion. Prêts à décoller pour de nouvelles aventures !