Un Noël au bout du monde
Le matin du 17 décembre : c'est l'effervescence, nous nous retrouvons à 5 dans notre lit pour un énorme câlin collectif. Aujourd'hui, notre Louise fête ses 11 ans ! Après avoir fêté ses 9 ans en Ethiopie et ses 10 ans en Tanzanie. Vous vous souvenez que nous étions revenus près de la ville pas très intéressante de Sommerset pour pouvoir aller au cinéma ? Et bien figurez-vous que l'idée n'emballe pas notre Louloute ! C'est vrai que d'une manière générale elle n'est pas très TV, il nous arrive souvent de regarder des trucs avec les garçons tandis qu'elle préfère bouquiner dans son lit. Soit, pas de ciné mais alors qu'allons nous faire pour cette journée particulière ? J'avais repéré un parcours en tyrolienne pas très loin d'ici, c'est un truc qu'elle adore et elle accepte tout de suite. Et je en sais pas si vous vous souvenez mais pour la nouvelle année, depuis que nous sommes en voyage (mais on gardera certainement cette "tradition" car elle nous plait bien !), les enfants font des "vœux" d'activités à faire avec chacun des parents. Et Louise avait justement souhaité faire "une activité dans les arbres" avec son père. C'est donc tous les 2 qu'ils passent une super demi-journée suspendus dans les airs à enchainer les tyroliennes, la plus longue faisant quand même 300m ! Pendant ce temps là, avec les garçons nous préparons le financier géant qu'elle a commandé. Bon… vous connaissez mes talents de cuistot, évidemment j'ai complètement foiré la recette. Martin était chargé de mesurer les quantités avec la petite balance, et je n'ai pas du tout vérifié. C'est en mettant la pâte dans le moule que j'ai eu un doute… et à la fin de la cuisson une certitude : nous nous sommes complètements plantés sur les proportions, je ne sais pas sur quelle mesure la balance était réglée mais à l'évidence ce n'étaient pas des grammes. Ah et en plus on était penché, donc mon gâteau mesure 1cm de haut d'un côté, et 4cm de l'autre. Ratage complet, je me rue sur une autre recette pour essayer de faire un quatre-quarts. Trop cuit comme d'habitude…. Grrrr !!! Ces ratages en beauté ne nous empêchent pas de profiter du moment, à défaut de nous régaler. Nous offrons à Louise le cadeau que nous lui avons trouvé il y a quelques jours : un pendentif et des boucles d'oreilles assorties en forme de symbole "infini", comme l'amour qu'on lui porte… c'est pas mignon ça ?
On aurait bien dormi près des tyroliennes, le cadre est vraiment chouette mais toute la région fait partie d'une réserve privée, nous devons donc trouver un bivouac. Nous décidons de retourner près de la côte et trouvons un super emplacement sur le parking de la plage de Kleinmond au moment où le soleil disparait et que le ciel se pare de jolies couleurs rosées.
Le lendemain, nous nous déplaçons un peu pour ne pas gêner les autres voitures qui voudraient se garer, mais nous décidons de trainer un peu ici. Après l'école, nous allons nous promener sur la plage et dans le parc adjacent : c'est très sympa ici, il y a du monde en raison des vacances mais c'est très familial. Et surtout il y a ici un phénomène très particulier : nous sommes à l'embouchure de la BotRiver, une petite rivière qui se jette dans l'océan ici et qui a la particularité d'être… rouge ! Renseignements pris, il s'agit du tanin présent dans la végétation en amont qui coule lors des crues ou fortes pluies. C'est vraiment impressionnant ! Les enfants se baignent un peu, mais l'eau est vraiment glacée à seulement 13°. Dire qu'on est l'été ici !! Un peu plus loin, les enfants ont repéré une sorte de petite fête foraine et nous leur offrons 2 tours de manège, ils sont évidemment aux anges !
Après le déjeuner et une dernière balade sur le sentier qui longe le littoral, nous quittons la plage de Kleinmond et nous dirigeons vers Betty's Bay, une petite réserve protégeant une colonie de manchots du Cap. En allant "repérer" les lieux, nous arrivons sur un immense parking sans grand-monde autour. On voit le portail donnant accès à la réserve (payante), mais on voit surtout des dizaines de manchots sur la plage juste devant nous ! Nous en profitons jusqu'à ce que le soleil se couche. Pour dormir nous n'hésitons pas longtemps : le restaurant à l'entrée de la réserve semble fermé, il n'y a toujours personne autour de nous… allez on tente de dormir ici on verra bien ! Non seulement personne ne vient nous dire quoi que ce soit, mais en plus nous avons le plaisir d'apercevoir plusieurs manchots roder sur le parking à la nuit tombée. Nous entendons de drôles de cris aussi, comme des braiments d'âne. Sauf que ce n'est pas possible, nous sommes dans un village constitué de résidences cossues, à côté d'une réserve de manchots, aucune chance de croiser des ânes ici ! On se torture un moment l'esprit jusqu'à conclure que ça doit être des oiseaux.
Le lendemain, nous entrons dans la réserve à proprement parler histoire de contribuer à notre petit niveau à la conservation de l'habitat de ces adorables manchots. Nous nous arrêtons devant le 1er panneau explicatif et attrapons un fou-rire : nous n'étions pas fous ! On a bien entendu des cris d'ânes hier soir, seulement c'étaient en fait des cris de manchots qui cherchent leur partenaire dans le noir ! La promenade sur le long ponton permet de nous approcher des manchots pour les observer. A un moment, Renaud s'écrit : "oh regardez par là, des bébés manchots !". Il ne comprends pas pourquoi Eliott et Martin se bidonnent, jusqu'à ce qu'il soit assez près pour constater que ces 2 andouilles ont disposé sur un rocher les peluches "manchot" qu'ils ont acheté la semaine dernière à Boulder beach. Je vous laisse imaginer comme ils étaient contents de leur blague ;) Malheureusement, c'est ici sur cette passerelle que nous disons adieu à notre appareil photo dont l'objectif vient définitivement de nous lâcher. Après la liseuse d'Eliott figée au début du mois, l'écran de l'ordi à nouveau cassé, et celui de la tablette qui ne fonctionne plus… notre mois de décembre est carrément catastrophique au niveau des appareils électroniques !
Nous quittons ensuite nos amis les pingouins pour essayer d'aller voir leurs cousines des océans, les baleines ! Cette région d'Afrique du sud est en effet un couloir de migration des baleines à bosse, mais la saison est déjà terminée puisqu'elles sont dans ces eaux plutôt autour d'octobre/novembre. Mais sur un malentendu, on se dit qu'il y aura peut-être des retardataires ? Nous arrivons donc à Hermanus, commune la plus réputée pour l'observation des baleines en Afrique du sud. Mais nous avons beau scruter les eaux devant nous, à part un petit globicéphale (sorte de dauphin avec une tête plus plate), aucune baleine en vue. Tant pis ! Pour dormir nous décidons de tenter notre chance en hauteur, nous avons repéré une route montant sur le plateau surplombant la ville. Et notre choix est le bon, le panorama est tout simplement magnifique ! Nous ne sommes pas les seuls, c'est un point de vue visiblement prisé des locaux qui viennent y boire l'apéro au coucher du soleil. Ainsi nous discutons un long moment avec Trisha et David, qui habitent ici après avoir passé plusieurs années en Zambie et au Malawi. En repartant ils nous offrent des chocolats, trop gentils ces sudafs !
Le lendemain matin nous trainons un peu (école et blablabla), et mangeons un morceau dans un restaurant à l'inspiration asiatique avant de quitter la ville. On ne fait pas beaucoup de restaurants dans ce pays, car si les prix restent moins élevés qu'en France, on s'en tire généralement autour de 30€ pour nous 5, ce qui est un peu trop par rapport à notre budget moyen de 55€/j. Mais parfois, ça fait du bien aussi alors on trouve un juste milieu ;) Après Hermanus nous n'allons pas très loin, juste en face de la baie dans la petite ville de Gansbai. Nous nous installons sur un parking de plage, l'endroit est vraiment très sympa avec au choix la plage de sable à gauche, les rochers à droite et un magnifique sentier aménagé le long de l'océan. D'une manière générale nous sommes très agréablement surpris des installations qu'il y a ici en bord de mer : des parkings avec toilettes et douches, de nombreux sentiers, des bouées de sauvetage… Nous nous sentons d'ailleurs tellement bien ici que nous y passons une deuxième nuit. Dans la journée nous avons discuté avec quelques résidents des magnifiques maisons de bord de mer et personne ne nous a dit qu'on dérangeait donc.. Évidemment on se positionne de manière à ne pas (trop) gâcher la vue depuis les maisons, et surtout on ne s'étale pas dehors ! Petite anecdote qui nous a fait sourire pendant l'école : Martin devait décrire des peintures rupestres découvertes dans les grottes de Lascaux et Chauvet. "Je vois des gnous, des gazelles et des buffles". Je crois que notre enfant a passé trop de temps en Afrique !!
Nous repartons tranquillement après le déjeuner et faisons quelques courses. Nous avons l'idée d'aller jusqu'à Cap Agulhas, la pointe la plus au sud de l'Afrique. Oui mais voilà en chemin nous ne résistons pas au panneau "pearly beach" qui nous invite à tourner à droite. "Juste un petit coup d'œil à la plage, ok ?". Évidemment, une fois arrivés nous ne repartons pas : l'endroit est magnifique : encore une plage de sable blanc fouettée par les vagues, un sentier aménagé entre les fynbos (végétation typique locale de petits buissons), avec très peu d'habitations autour, l'endroit est sauvage comme on les aime. Quel dommage, quand même, que l'eau soit si froide et que le vent venant du large rafraichisse l'air au point qu'on apprécie de porter nos gilets !
Le lendemain nous nous arrêtons déjeuner sur la belle plage de Die Dam, puis en fin d'après-midi nous arrivons, enfin au Cap Aghuilas. Après 65 000km parcourus en Afrique, nous voici au point le plus au sud ! Désormais, nous ne pouvons que "remonter" ;) C'est aussi ici que les océans Atlantique et Indien se rejoignent ! Après la traditionnelle photo devant le panneau, nous marchons un peu sur le sentier en bois mais il est déjà tard et nous devons trouver un endroit pour la nuit. Nous reviendrons demain pour profiter davantage ! Nous nous rendons dans le centre du village et nous posons sur un grand parking face à la mer. Tandis que le soleil descend lentement devant nous, nous allons nous promener jusqu'au petit port où de nombreux pécheurs (du dimanche) sont regroupés. Après avoir joué un moment dans le sable, il est temps de rentrer pour diner. A 22h, une voiture de patrouille s'arrête près de nous. Ils ne veulent pas qu'on dorme ici. Ah tiens ça faisait longtemps ! On essaie de discuter un peu mais ils restent fermes, on doit bouger. En sortant du parking nous avisons le poste de police et demandons "l'asile" mais ils refusent eux aussi. Décidement on aurait dû se douter qu'aux abord d'une ville touristique le bivouac "libre" serait plus compliqué ! En dernier recours nous consultons l'appli "ioverlander" que nous utilisons parfois pour trouver des points de bivouac. Un camping sauvage est indiqué à 7km au nord, près de dunes. Allez hop, en route ! Ce que l'appli ne précisait pas, c'est qu'il faut un 4x4 pour se rendre sur le spot. Bon c'est pas grave, pour la nuit ça fera l'affaire, nous nous garons le long de la piste de toute façon il n'y aura pas de trafic.
Le lendemain matin, les enfants toujours endormis, Renaud et moi allons découvrir les environs, c'est vrai que c'est joli et avec le véhicule adapté ça aurait été un bivouac parfait ! Mais sans 4x4, le long de la piste ce n'est même pas terrible pour prendre le petit déjeuner, on sera mieux sur le parking le plus au sud du continent, à Cape Aghuilas ! Nous galérons un peu pour faire demi-tour sur la piste étroite mais nous finissons pas y arriver puis nous faisons le chemin inverse d'hier pour revenir à la pointe de l'Afrique. Malheureusement, le temps n'est pas top : beaucoup de vent et une petite pluie fine et glacée… ça ne nous incite pas du tout à faire la promenade que nous avions prévue ! Et avec tous ces allers-retours + une école à rallonge aujourd'hui, il est déjà l'heure de déjeuner ! Et attention, pas n'importe quel déjeuner : aujourd'hui 24 décembre, Renaud va réaliser un de ses rêves de gosses : cuisiner un œuf d'autruche ! Rappelez-vous, nous avons acheté un œuf entier lors de notre visite dans une ferme d'autruches près de Cape Point il y a une dizaine de jours. Il faut casser la coquille en faisant un petit trou, pour ne pas l'abimer et pouvoir la conserver en souvenir par la suite. Toute la famille assiste au spectacle et le cuistot s'en sort très bien et nous réalise une superbe omelette bien jaune. Quand au goût… ben… aucune différence avec des œufs de poule !
Nous aurions bien dormi, symboliquement à Cap Agulhas le soir du réveillon de Noël mais on ne souhaite pas renouveler les difficultés de la veille. Nous roulons un peu plus à l'est pour rejoindre le charmant village d'Arniston, avec d'adorables petites maisons de pêcheurs traditionnelles. Le parking de la plage, juste à côté d'un petit espace de jeux, sera parfait pour ce soir ! Nous faisons une petite balade dans le village avant de revenir nous préparer pour le réveillon. Au menu : fondue au fromage (trouvée à Cape Town !) suivie d'une fondue au chocolat. Miam Miam !
Même au bout du monde le Père Noël nous a bien retrouvés et nous a gâté : 2 jeux de sociétés pour toute la famille, un casque bluetooth + un livre pour Eliott, une trousse de maquillage pour Louise, un nouveau moulinet de pêche + le Guiness Book des records pour Martin, une bouteille de whisky pour Renaud et une robe pour moi. Et des chocolats évidemment. Comparé à nos 2 précédents Noëls sur la route, nous voyons la différence : ici nous avons trouvé beaucoup plus facilement de quoi fêter Noël, ce qui n'avait pas été le cas en Ethiopie et en Tanzanie. Mais il y a un point commun dans ces 3 pays, l'ambiance générale n'y est pas vraiment : pas de sapin, pas de décorations dans les rues… De notre côté nous avons eu du mal à nous mettre "dedans", avec l'éloignement de nos familles et amis et la déception que le variant Omicron empêche mes parents de nous rejoindre la semaine prochaine comme prévu. Mais ces derniers jours, la magie de Noël a encore fonctionné : l'excitation de trouver des cadeaux et de les cacher dans notre petit espace, le plaisir de se faire un bon repas et de jouer ensemble, et le plus important : la joie des enfants au réveil ! Après avoir étrenné nos nouveaux jeux, nous profitons de la marée basse pour nous rendre à la grotte de Waenhuicrans qui a la particularité d'être immergée la plupart du temps. C'est une balade super sympa ! Et la plage devant laquelle nous sommes garés est très belle aussi, à tel point que nous décidons de rester y dormir. En ce jour de Noël, il y a beaucoup de monde qui pêche ou qui se baigne. Et voila comment nous avons passé notre Noël au bout du monde. Toute ma petite famille se joint à moi pour vous souhaiter de belles fêtes de fin d'année, avec une pensée particulière pour tous ceux qui sont loin de leurs proches. Gros bisous à tous !