Qu'on aime ces paysages !
Quelle vue incroyable ce matin au réveil ! Nous prenons le temps de nous imprégner du spectacle en nous baladant sur l’arrête surplombant toute la région de Nyanga. C’est vraiment magnifique. Il y a dans l’air comme un parfum de Provence, avec des effluves de plantes aromatiques et surtout l’odeur des pins. Je ne savais même pas qu’on pouvait trouver des forêts de pins au Zimbabwe ! Nous trainons jusqu’après le déjeuner, puis redescendons de notre perchoir pour rejoindre un cottage que nous prête Kelvin. C’est un endroit appartenant à un ami où ils se rendent régulièrement pour passer le week-end. La piste pour y parvenir n’est pas super bonne pour nous, le combo piste de terre + lacets de montagne donnant un résultat très érodé avec parfois de gros rochers que nous peinons à éviter. Parfois, on se demande ce qui nous prend de prendre des chemins comme celui-ci ! D’autant qu’à l’arrivée, la déception est grande : la pente pour entrer dans la cour du cottage est extrêmement raide, des branches d’arbres basses vont nous gêner pour prendre de l’élan, et une fois à l’intérieur il nous sera impossible de manœuvrer notre monture de 7 mètres pour lui faire faire demi-tour. Impossible non plus de se garer en bas sur le chemin de montagne trop étroit. Quel dommage, la vue est magnifique et le cottage a l’air charmant, mais nous ne pouvons pas rester. Nous mettons une bonne demi-heure pour refaire les 4km en sens inverse… tout ça pour ça !
Pour nous remettre de nos émotions, Renaud nous embarque dans une ferme à une quinzaine de kilomètres au nord de Troutbeck (un nom poétique, ne trouvez-vous pas ?), susceptible de vendre du fromage. Mais nouvelle déception, il n’y a pas de fromage en vente en ce moment, seulement du lait frais et de la viande de bœuf. Quitte à être ici, autant profiter des produits proposés ! Lorsque nous payons nos achats, nous faisons la connaissance de Joseph, qui a repris l’exploitation de la ferme avec son épouse Julia il y a à peine 1 mois. Ils ont quitté leur pays, Israël, il y a 7 ans et se sont installés à Harare où ils ont ouvert une fromagerie (!!), puis ont eu envie de tester la vie à la campagne. Le contact passe super bien et rapidement Joseph nous propose de nous garer devant chez lui pour la nuit, ce que nous acceptons avec plaisir. De fil en aiguille, nous passons la soirée avec eux autour d’un apéro/diner improvisé au coin du feu. Nous parlons avec eux comme si nous nous connaissions depuis des années, les enfants jouent comme des diables avec le chien avant de s’affaler sur les canapés pour bouquiner, Julia me donne une paire de chaussures trop petites pour elle, 2 bouteilles de vin disparaissent sans que nous les voyions passer… je suis toujours surprise de constater que les rencontres que nous faisons en voyage, par nature éphémères, puissent être aussi chaleureuses !
Le lendemain, nous quittons nos hôtes en fin de matinée ; ils ont beaucoup à faire sur leur ferme pour mettre en place les nombreux projets dont ils nous ont parlé ! Nous quittons la région montagneuse de Nyanga pour nous diriger vers la ville de Mutare, plus au sud. Mais auparavant nous voulons faire un tour dans la vallée de Honde dont on nous a vanté les paysages spectaculaires. En chemin, nous tentons un détour pour aller voir un point de vue sur la rivière Pungwe, mais la piste se détériore au fur et à mesure de notre avancée et nous préférons faire demi-tour. On a un peu trop entendu notre cellule couiner et craquer depuis que nous sommes au Zimbabwe, on a encore quelques kilomètres à faire dans ce périple africain il serait temps de ménager un peu notre monture 😉
La route serpentant dans la vallée de Honde est effectivement magnifique : parsemée d’habitations pittoresques de part et d’autre de la route, nous circulons tout d’abord au milieu de plantations de bananiers et de canne à sucre. Au bord de la route, de nombreuses personnes vendent leur petite production, nous nous arrêtons à plusieurs étals pour tenter de répartir nos achats entre plusieurs familles. Puis le vert des grandes feuilles de bananier laisse place au vert plus soutenu des plantations de thé. A perte de vue sur les collines autour de nous, ce sont des milliers d’hectares coupés en petit bosquets serrés qui ondulent sous nos yeux. Que c’est beau ! J’ai repéré un lodge d’où partent plusieurs sentiers de randonnée vers des cascades et la montagne, mais malheureusement le chemin pour y accéder s’avère un peu trop compliqué pour nous. Après un demi-tour compliqué sur la piste étroite, nous décidons de nous arrêter au milieu des plantations de thé, sur un terrain plat près de maisons abandonnées. Il y a pas mal de passage sur le chemin, mais tout le monde est avenant et nous salue de loin. A la nuit tombée, la situation change : c’est un défilé de gars de la sécurité de l’usine située quelques kilomètres plus loin, qui viennent vérifier ce que nous faisons là. Le 1er nous informe que nous ne pouvons pas rester, on insiste gentiment en prétextant que nous sommes en train de diner et que nous partirons tôt le lendemain (hum hum…), il passe un coup de téléphone au boss et finalement nous pouvons rester. Sauf qu’il ne l’a visiblement pas dit à ces 2 collègues suivants qui, à 21h puis 23h, nous posent exactement les mêmes questions et renouvellent leur souhait de nous voir partir. A nouveau l’appel au boss confirme que nous pouvons rester là. A chaque fois, les échanges sont très cordiaux, ils font simplement leur boulot et c’est nous qui avons pris le risque de nous voir délogés de notre bivouac en nous installant ici. Au final, nous passons une nuit très tranquille.
Mercredi 4 août, pour respecter notre engagement de ne pas traîner sur l’exploitation, nous décidons de lever le camp relativement tôt et de faire école un peu plus loin. Nous quittons les plantations de thé et cherchons un accès à la rivière pour nous poser. Et l’endroit que nous trouvons est juste parfait ! Il n’est pas encore 10h mais nous savons déjà que nous allons passer la nuit ici ! Une jolie rivière, une plage de sable, de gros rochers, un endroit plat pour nous garer, du bois mort pour faire un feu… franchement, que pourrait-on demander de plus ? C’est sans aucun doute le plus beau bivouac sauvage que nous faisons depuis la Namibie ! Tout au long de la journée, nous observons les villageois venir à la rivière : celui-ci pour boire, d’autres pour se laver, ces femmes pour faire leur lessive, ces gamins pour jouer… Lorsque nous sommes repérés par les enfants, nous savons que nous sommes foutus ! Non, je rigole évidemment, mais c’est toujours marrant de voir les réactions des enfants lorsqu’ils nous voient. Généralement, ils commencent par nous observer de loin. Ils essaient de prendre position en hauteur pour pouvoir voir à l’intérieur du camping-car. Puis ils se rapprochent tout doucement, l’air de rien. Ensuite le plus hardi nous regarde franchement et nous fait un signe, voire, s’il est très courageux, nous crie un petit « hello ». Eliott, Martin et Renaud sont en train de jouer dans l’eau mais aucun ne se joindra à eux, ils préfèrent les observer depuis la berge. Lorsque les enfants rentrent se sécher et que Renaud commence le feu pour le barbecue, ça sonne le début du rapprochement : ils sont à présent agglutinés devant le marchepied 😉 A tour de rôle, je les fais entrer pour visiter notre maison, ils sont ravis ! Tellement ravis qu’au bout d’un moment je commence à avoir du mal à maitriser leur enthousiasme : ils sont de plus en plus nombreux à l’intérieur, se bousculent pour entrer/sortir, les grands frères sont arrivés entre temps et ils sont maintenant plus d’une vingtaine… bref, c’est exactement à ce moment qu’il faut faire diversion ! J’appelle mes garçons au secours et pendant que je fais sortir les gentils envahisseurs, Martin installe le tapis et les chaises, Eliott l’ordi et l’enceinte pour une petite séance de Tom et Jerry que tout le monde semble apprécier au vu de leur concentration et de leurs rires ! A 17h45, sous l’impulsion de l’un des plus grands, ils se lèvent tous d’un seul coup et nous disent aurevoir avec de grands sourire et hop, en un clin d’œil nous nous retrouvons seuls !
Ce matin, nous prenons tout notre temps sur notre joli petit bivouac, et ne levons le camp qu’après le déjeuner. En sortant du chemin cabossé, notre porte à faux touche le sol, le crochet de notre roue de secours saute et celle-ci se retrouve à moitié à terre. C’est un grand classique qui nous arrive régulièrement depuis la Mongolie, Renaud la remet en place en quelques minutes. Mais ces quelques minutes suffisent pour qu’il soit entouré d’une nuée de gosses qui se bousculent pour « l’aider » 😉 Nous repartons sous leurs cris de « bye bye » et leurs grands sourires. La route vers la vallée de Honde étant une impasse pour nous, nous devons reprendre la même route qu’il y a 2 jours mais je ne perds pas une miette de ces paysages vraiment très beaux. Vers 17h, nous arrivons à Mutare, la grande ville du coin. Nous nous installons pour la nuit dans un club de golf conseillé par nos amis qui nous ont précédés ici. Demain, nous testerons probablement les green, une première pour nous 5 !