Great Zimbabwe !
A notre réveil à Mutare, vendredi 6 août, nous faisons la connaissance de Kevin, le gérant du club de golf. Il est adorable, et fait tout son possible pour nous faire sentir comme chez nous. Il nous prête quelques balles et clubs, et c’est avec enthousiasme que Martin, Eliott, Renaud et moi partons à la découverte du golf. Il est immense et joliment agencé, même si l’herbe est un peu jaunie par endroits. Il y a plusieurs arbres vraiment magnifiques ! Nous mettons 2h30 pour faire 4 trous puis rentrons déjeuner. L’après-midi, les garçons y retournent tous seuls pendant que nous vaquons à nos différentes occupations. En fin d’après-midi, nous passons un moment à observer le couple de hiboux résident des lieux. C’est la première fois que nous en voyons un d’aussi près en pleine nature !
Le lendemain matin, nous nous préparons à quitter les lieux. Mais l’opération n’est pas simple, les enfants sont éparpillés et il en manque toujours un à l’appel lorsque nous voulons les réunir pour saluer Kevin. Au moment où je commence à perdre patience et à hausser la voix on entend un grand bruit de verre cassé. Et là je sais, sans même le voir, que l’un de mes gosses à fait une bêtise. Je me précipite et ne peux que constater les dégâts : Martin vient d’envoyer une balle de golf au travers de la fenêtre de la maison à côté du terrain où nous sommes garés. Comme si le golf n’était pas assez grand, comme s’ils n’y avaient pas assez joué la veille, et comme si je ne les appelais pas depuis 20 minute pour dire aurevoir. Et évidement, nous sommes samedi, et c’est férié lundi et mardi ici donc je sens arriver la galère pour remplacer la vitre rapidement. Heureusement, Kevin, qui connait bien les locataires de la maison, vole à notre secours. Il a lui-même plusieurs fenêtres à réparer, il propose de tout faire en même temps et nous règlerons cela à notre retour dans une dizaine de jours car nous prévoyons de repasser sur Mutare avant de quitter le pays. Nous acceptons avec soulagement son offre généreuse et quittons le club de golf. Les enfants sont étonnamment calmes.
Notre premier arrêt, après avoir fait quelques courses, est le jardin botanique de Bvumba. Nous nous y promenons une paire d’heures au milieu d’une végétation luxuriante, puis rejoignons un point de bivouac que nous avons repéré un peu plus tôt dans la journée : Prince of Wales, un point de vue avec un panorama magnifique en direction du Mozambique. Nous faisons la connaissance de Kim et des autres sculpteurs de pierre qui travaillent et exposent leurs œuvres ici. Nous craquons pour une sphère sculptée et reviendrons peut-être s’il nous reste quelques dollars à dépenser avant de quitter le pays car j’aime vraiment beaucoup ce qu’ils font.
Le lendemain, nous commençons à prendre la route vers le sud. Pour le déjeuner, nous nous arrêtons près d’une source d’eau chaude. En payant un petit droit d’entrée, nous pouvons passer l’après-midi dans la piscine alimentée par la source. Les enfants s’en donnent à cœur joie pendant plusieurs heures. Lorsque nous reprenons la route, nous arrivons dans une zone où il y a de plus en plus de baobabs, que nous n’avions plus vus depuis plusieurs semaines. « Oh j’aimerais bien dormir à côté d’un baobab ce soir », dis-je à Renaud. 20 minutes plus tard, il s’arrête dans une magnifique petite clairière avec un imposant baobab en plein milieu. Le terrain est plat, les rayons du soleil illuminent l’endroit, c’est juste magique ! Demain, je tenterais bien de lui demander une soirée au resto et au spa, sur un malentendu on ne sait jamais ! 😉
Lundi 9 août, nous nous réveillons au pied de notre baobab, nous avons passé une nuit super calme. Après l’école, nous démarrons et nous engageons sur une petite route conseillée par Kelvin chez qui nous avons passé 2 jours à Harare. A un moment sur la route au passage d’un village, un homme se dresse en plein milieu de la chaussée, semblant nous faire des signes les 2 bras en l’air dans une position bizarre. On ralentit car il est vraiment sur la route, et lorsqu’on passe à côté de lui, il nous montre ses poignets menottés… heu… non merci monsieur ! Nous poursuivons la piste qui fait le tour du lac Kyle en passant par de charmants petits villages et quelques jolis points de vue sur le lac, ça valait effectivement le coup de quitter la route principale ! Nous nous arrêtons en début d’après-midi sur un point de vue. Nous sommes un peu proches de la route mais décidons quand même d’y passer la nuit pour aller demain visiter les ruines de Great Zimbabwe, le dernier site classé à l’Unesco du pays que nous n’avons pas encore découvert. Malheureusement, le lendemain il fait froid et un petit crachin nous entoure. Aucun d’entre nous n’a envie de mettre le nez dehors. Nous ne sommes plus habitués, ça fait au moins 5 mois que nous n’avons pas vu de nuage ! A l’unanimité, nous votons donc pour une journée pyjama assortie de crêpes !
Mercredi 11 août, nous arrivons en fin de matinée sur le parking de Great Zimbabwe, le site archéologique majeur du pays, plus grande construction en pierre au sud du Sahara. Au début, je trouvais bizarre qu’un site historique ait le même nom que le pays, ça peut prêter à confusion, non ? Grâce aux explications de Lovemore, notre guide, c’est plus clair : en fait Dzimbabwe, en langue shona, ça veut dire « maison de pierre ». Il y a plusieurs Dzimbabwe éparpillés dans le pays, mais celui-ci est le plus grand, d’où l’appellation « Great ». Ce n’est qu’à son indépendance en 1980 que le pays, qui s’appelait précédemment la Rhodésie, a pris le nom de Zimbabwe en hommage à son histoire. Nous passons plus de 2 heures en compagnie de notre guide à arpenter les ruines imposantes de cette cité érigée autour de 1250 et qui fût la demeure de plusieurs rois pendant 400 ans : le palais du roi et de sa famille, au sommet de la colline avec ses passages étroits et ses vues fabuleuses ; le palais de ses 200 femmes en contrebas, également lieu d’éducation pour les enfants du roi ; la vallée entre les deux où habitaient les villageois. La cité était puissante à cette époque, riche en or, ivoire, fer et cuivre qu’elle échangeait contre des vêtements, de la céramique et du verre en provenance de l’océan indien. Le pouvoir du roi à son apogée allait de la côte de l’océan indien à l’actuel Botswana à l’ouest. La ville a fini par décliner notamment à cause de sa surpopulation ayant entrainé un appauvrissement des ressources naturelles dans la région, quelques sécheresses et l’arrivée des colons portugais sur la côte perturbant les routes commerciales. Aujourd’hui, après le passage du temps et de quelques chasseurs de trésors pensant trouver leur bonheur, certaines parties de la cité ont été abimés mais de nombreux murs restent intacts. Ils sont impressionnants, construits sans mortier, sans joint, seulement des pierres empilées les unes aux autres. Pour faire tenir le tout, la base des murs est très large : près de 6m pour certains ! Nous passons vraiment un très bon moment et ne regrettons pas du tout le détour pour arriver ici !
Lorsque nous quittons le site, nous avons le choix entre 2 routes pour atteindre notre prochaine étape : une route nationale permettant certainement de rouler vite, et une plus petite indiquée asphaltée sur notre carte et passant à côté d’un lac. Notre décision est rapide : on prend la petite route et on cherche à bivouac près du lac. Évidemment, rien ne se passe comme prévu : au bout d’une vingtaine de kilomètres, le goudron cède la place à une piste de sable poussiéreuse en tôle ondulée. Et lorsque nous nous approchons du lac, nous nous apercevons qu’il n’a pas l’air d’exister, ou plutôt ce doit être un lac saisonnier et comme nous sommes en saison sèche il doit être au plus bas. Surtout, nous ne trouvons aucun chemin praticable pour quitter la piste principale. Nous passons plus d’une heure à essayer de trouver un chemin ou une maison à qui nous pourrions demander l’hospitalité, mais dans cette campagne vallonnée, il n’y a que des « chemins de vaches », comme nous les appelons. Il fait nuit noire, à présent, et la conduite est compliquée car les phares éclairent la poussière plus que la route, et nous ne distinguons plus rien sur les côtés. Nous poussons un soupir de soulagement lorsque nous atteignons enfin un petit village. On s’approche de la place principale mais avisons un bar bondé avec la musique à fond juste en face, qui nous fait hésiter. On choisit plutôt de suivre le panneau « clinique » et après avoir demandé l’autorisation à la sœur « Appreciate » en charge de l’établissement, nous nous arrêtons pour la nuit.
Ce matin, à 6h, nous sommes réveillés par des voix. Beaucoup de voix ! Lorsque j’entrouvre les rideaux, je distingue une bonne centaine de paires d’yeux braqués sur nous ! Ouhlala c’est un peu beaucoup pour nous ça ! Nous ne nous sentons pas de prendre le petit-déjeuner ici, ça ne nous semble pas très respectueux. Nous allons donc saluer Appreciate et quittons les lieux. Elle nous apprend que les gens sont là pour se faire vacciner. Il y a tout le village ! Nous nous arrêtons un peu plus loin pour petit-déjeuner, faire école et écrire ce texte. Et maintenant, en route pour le parc de Gonarezhou !