En route vers les montagnes
Avant d’arriver à Harare, la capitale du Zimbabwe, nous faisons un arrêt imprévu tout à fait charmant aux grottes de Chinhoyi. Nous avons simplement tourné au panneau les indiquant, sans savoir du tout à quoi nous attendre. Et quelle jolie surprise ! La grotte est constituée d’un trou d’eau d’un bleu incroyablement intense ! Cette magnifique couleur serait due à la profondeur de la cavité et à la pureté de l’eau. Jusqu’à présent, les plongeurs sont descendus jusqu’à 181 mètres de profondeur, mais seraient gênés pour descendre plus loin par le courant de la rivière souterraine en provenance du lac Tanganyika (explications du gardien). Il y a 2 points d’observation : la « dark cave » qui nous fait passer par d’étroits couloirs souterrains jusqu’à déboucher sur l’eau turquoise, puis la « light cave » qui nous donne une perspective extérieure avec l’escarpement rocheux en surplomb. Bref, une jolie balade !
Nous arrivons en fin d’après-midi à Harare, après avoir pris la grande route pénible avec tous les camions, quelques nids de poule et les abords complètement brulés. Nous sommes accueillis par Kelvin et Tina, chez qui nous avons fait envoyer notre carnet de passage en douanes (= sorte de passeport pour le véhicule). J’étais en contact avec Kelvin sur un groupe de voyageurs motorisés en Afrique, je pensais qu’il était expatrié mais pas du tout, il est né ici au Zimbabwe, tout comme sa femme et la sœur de celle-ci, Maria qui est aussi présente. Nous restons 2 nuits chez eux et savourons leur formidable hospitalité : ils nous prêtent leur voiture pour aller faire un tour en ville, leur jardinier nettoie Pépère en notre absence, Maria prépare de délicieux plats pour le diner, les enfants profitent à fond du trempoline dans le jardin et des jeux de société dans le bureau… et surtout nous passons des heures à discuter : Kelvin nous donne pleins d’infos et adresses pour la suite de notre voyage, ils nous parlent de leur vie ici, de leurs enfants éparpillés aux 4 coins du monde, des difficultés économiques du pays, de la nature sauvage loin de laquelle ils ne pourraient vivre… Saviez-vous qu’en 2008-2009 l’inflation était telle qu’en quelques mois leur compte en banque en dollars Zimbabwéens comptait 29 zéros ?! L’état imprimait des billets de mille milliards (trillion) de dollars ! Ils nous racontent qu’à cette époque, ils payaient au restaurant avec des sacs de courses remplis de billets, jusqu’au jour où le gouvernement a tout arrêté pour indexer la monnaie sur le dollar américain et qu’ils ont perdu la totalité de leurs économies. Au Zimbabwe, les gens n’ont pas non plus de retraite : alors que les cotisations se faisaient en USD, les retraites sont aujourd’hui versées en monnaie locale qui, à nouveau, se déprécie à vue d’oeil. Mais malgré les difficultés économiques et les coups durs, ils ne quitteront pas leur pays : « où trouverait-on un pays comme le nôtre ? » nous disent-ils émus. Encore une belle rencontre qui nous fait aimer encore un peu plus ce pays !
Vendredi 30 juillet, nous quittons nos formidables hôtes pour reprendre notre route vers l’est du pays. Le temps de faire 2 courses, de changer un peu d’argent et de quitter la ville (que nous n’aurons pas visité finalement !), nous n’avançons pas beaucoup et trouvons un bivouac à une centaine de kilomètres de la ville. Le lendemain, nous quittons la route nationale pour prendre une piste nous conduisant à Diana’s vow, les peintures rupestres réputées comme étant les plus belles du pays. Il s’agit en fait d’un pan de rocher incliné qui a permis de protéger les peintures vieilles de 2000 ans environ, où l’on distingue des scènes de chasse, des personnages allongés (chaman ? femme ?) et des animaux : buffle, rhino... la visite est sympa (au de-là du rocher, le cadre est vraiment joli !) mais très courte : je ne vous cache pas que nous sommes contents d’avoir payé le prix local (6$) au lieu des 35$ que nous aurions dû payer en tant que visiteurs européens !
Après Diana’s Vow, nous décidons de ne pas revenir sur la route principale mais de poursuivre sur la piste nous faisant traverser de jolis paysages et de charmants villages. Oui mais voilà, la piste se détériore au fur et à mesure de notre progression. Certaines portions sont très érodées par l’eau de pluie, nous devons slalomer entre les ornières de boue séchée et les rochers saillants. Quand vient le moment de se demander si l’on ne ferait pas mieux de faire demi-tour, la réponse est souvent la même : on n’a pas forcément envie de refaire certaines sections que l’on vient de passer, et on a toujours l’espoir que la suite soit « moins pire »… Une nouvelle fois, je suis épatée par les talents de conducteur de Renaud qui parvient à chaque fois à placer nos roues au centimètre près. Un peu fatigués par la concentration nécessaire sur cette portion de route, nous décidons de nous poser pour la nuit dans un champ au bord de la piste. Nous n’avons vu aucune voiture de toute façon donc on ne devrait pas être dérangés par le trafic ! Au final, nous mettons plusieurs heures pour faire les 25km de route érodée avant de revenir sur une piste un peu plus large et plane. Ouf !!
Sur les conseils de nos amis Mathieu et Séverine, nous faisons ensuite une halte pour faire une courte randonnée. Nous n’avons pas beaucoup d’infos à part le point de départ, le sentier semble faire le tour d’un gros rocher. Le temps de préparer le sac avec des sandwichs et nous voilà partis ! La balade n’est pas très longue, mais elle monte raide car nous nous rendons compte au fil de notre progression que nous ne faisons pas le tour du Susurumba Rock, mais que le chemin nous conduit droit au sommet ! Eliott est rapidement au bout de sa vie, moi pas loin, mais nous finissons par arriver au sommet après 1h30 de rude grimpette. Et le panorama valait bien ces efforts, nous déjeunons avec une vue à 360° sur toute la vallée. Un petit café en redescendant pour me remettre de mes efforts et soulager mes jambes tétanisées et hop, nous voilà repartis. Nous arrivons dans la région montagneuse de Nyanga. Sur les conseils de Kelvin, nous bivouaquons en surplomb d’une falaise avec un panorama incroyable. Quelle diversité de paysages dans ce pays ! Nous avons hâte de savoir ce que nous réservent les prochains jours…