1ère (petite) déception au Zimbabwe
Ah ben voilà, alors que je m’apprête à commencer mon article « bilan » sur le Zimbabwe et que je n’ai pas grand-chose à écrire dans la rubrique « on a moins aimé », nous venons de vivre notre première déception dans ce pays. Pourtant, le parc de Gonarezhou nous a été vanté par plusieurs locaux. Et je pense que c’est vraiment un beau parc, avec une rivière qui serpente au fond de la vallée, des falaises et escarpements qui changent des parcs souvent « plats » et évidemment une faune toujours aussi riche. Mais cette fois, nous sommes passés à côté. Pour plusieurs raisons en fait :
- Le campement qui nous avait été chaudement recommandé s’avérant inaccessible avec notre camping-car, nous réalisons en arrivant que nous allons devoir dormir au camp principal, à l’entrée du parc dans une zone pas forcément très riche en animaux ;
- Très vite, nous réalisons que les pistes seront compliquées pour nous : ils ont construit des espèces de dos d’ânes pour faciliter l’évacuation de l’eau, mais ils sont très hauts et nous « frottons » à plusieurs reprises notre réservoir de gasoil ce qui n’est pas très rassurant. On nous a parlé aussi de passage de gué très inclinés en V impossibles à franchir avec notre porte à faux. Et même les pistes autour du campement nous posent problème : elles sont légèrement bombées, avec des cailloux/rochers au milieu qui s’accrochent à notre pont avant. Renaud est tendu en conduisant et nous tressaillons à chaque bruit de pierre que nous heurtons. A cette occasion, Renaud s’aperçoit d’ailleurs que nous avons perdu la plaque de protection en alu du moteur. C’est un mystère, on ne s’en est pas rendus compte. Peut-être quand nous nous sommes enlisés dans le lit de rivière à Mana Pools ? Bon ce qui est fait est fait mais cela signifie que nous devons redoubler de prudence pour ne pas qu’un caillou endommage le carter d’huile. Pas facile de se concentrer pour observer les animaux dans ces conditions !
- La météo n’est pas géniale, voire franchement naze : le temps est super couvert et il pleut par intermittence. Il faut croire que les animaux font aussi des journées pyjama quand il pleut car nous n’avons pas vu grand-chose.
- Et cerise sur le pompon, alors que nous décidons d’abréger et de prendre le chemin de la sortie du parc en début d’après-midi samedi 14 aout, nous nous apercevons que nous avons un pneu à plat ! Alors vous allez rire, mais ma première réaction, c’est de donner à Renaud le chewing-gum que je suis en train de mâchouiller. Ben oui, on est en plein safari on ne va pas perdre du temps à changer une roue ici ! On est des aventuriers ou pas ? J’ai regardé Mac Gyver et il faisait plein de trucs avec un chewing-gum… Le pire ? C’est que Renaud me suit dans mon délire et essaie de coller le chewing-gum pour colmater la suite. Et devinez quoi ? Non seulement ça ne marche pas, mais surtout ça fait des bulles ! Bref, Renaud finit par changer la roue pendant que nous surveillons qu’aucun prédateur ne vienne lui croquer les pieds.
Nous ressortons donc un peu déçus. Pas du parc en lui-même qui, je me répète, a vraiment l’air chouette ! Mais plutôt de notre expérience et de la façon dont nous l’avons vécu. Ah si petites notes positives quand même : nous avons vu nos premiers lycaons (en liberté) sur la piste en arrivant, ainsi qu’un putois et bien sûr toujours et encore des éléphants, hippos et crocos sans parler des zèbres, girafe, koudous et autres impalas !
Nous allons dormir juste en face du parc, près de maisons à qui nous demandons l’autorisation. Nous aurions aimé dormir à la gate du parc, mais c’est marrant en Afrique c’est rarement possible de dormir à l’entrée des sites « touristiques ». Alors qu’en Asie, par exemple, on pouvait souvent dormir sur le parking des sites ou des parcs. Le lendemain, nous prenons la route pour les montagnes au sud-est du pays. Nous faisons une brève halte pour réparer le pneu. Le trou est facile à repérer, il reste un morceau de chewing-gum tout poussiéreux ! Nous changeons complètement de paysage pour arriver dans une forêt tropicale, la plus au sud du continent africain ! Mais avant d’y arriver, nous prenons une petite route qui a connu des jours meilleurs : en 2019, l’ouragan Idaï a dévasté la région, provoquant d’importantes inondations, coulées de boue et glissements de terrain dans cette zone montagneuse. 2 ans plus tard, les séquelles sont toujours là ! La route s’apparente à une dentelle de goudron… ça semble romantique, dit comme ça, mais c’est pas super agréable à conduire. Comme nous arrivons en milieu d’après-midi, nous décidons de chercher un bivouac et de nous poser afin de faire la balade dans la forêt le lendemain matin. Alors que nous sommes en train de nous garer dans un coin qui nous semble acceptable, nous faisons la connaissance de Jeremina qui s’arrête près de nous. Elle nous informe que nous sommes sur un terrain privé et s’inquiète de notre sécurité si on dort ici. C’est très fréquent ici, les gens n’ayant pas l’habitude de notre mode de vie et de dormir en dehors de leur maison, ils ont souvent peur que nous fassions des mauvaises rencontres. Elle appelle le propriétaire du terrain, qui s’avère être aussi le gérant de la superette du village, et qui souhaite nous rencontrer. Mais pour l’instant, il est à un mariage et on doit l’attendre devant la boutique. Je sens arriver le plan galère, mais Jeremina est vraiment adorable donc on la suit. 1h plus tard, nous sommes conduits de façon très solennelle dans le bureau de M. Joma, dans l’arrière-boutique. Assis sur les gros fauteuils, le dos bien droit, nous nous présentons et lui demandons l’autorisation de rester sur son terrain. Au final, il nous propose de dormir dans l’enceinte de sa ferme, ce qui est encore mieux ! Le temps qu’on se mette en route, Renaud s’aperçoit que le pneu qu’on a fait réparer est à nouveau à plat. Alors qu’il est en train de le regonfler au compresseur, j’entends des cris à l’intérieur du camping-car, des vrais cris de douleurs qui me font accourir au plus vite : Martin saigne abondamment de la main, son frère lui a planté un couteau dans le petit doigt ! Accidentellement se presse-t-il de m’expliquer… encore heureux ! Je rappelle rapidement Jeremina qui était en train de partir car elle m’a dit être infirmière et j’ai du mal à évaluer la profondeur de la plaie pour savoir s’il faut des points. Au final, je nettoie la plaie, je donne un anti-douleur à Martin et nous partons nous garer chez M. Joma pendant que Jeremina part chercher une infirmière assermentée. Elles arrivent 10mn plus tard et celle-ci me confirme qu’il n’y a pas besoin de points. Effectivement, entre temps et « à froid » je constate que la plaie est certes un peu profonde, mais pas si grave que ça en avait l’air de premier abord. Pfiou, quelle soirée ! Avec toutes ces émotions nous sommes crevés et à 21h tout le monde est au lit !
Ce matin, nous prenons le temps de faire école avant de partir à l’assaut de la fôret tropicale. Une promenade de 2 heures au milieu d’arbre gigantesques, avec quelques singes qui font bruisser les branches au-dessus de nos têtes. Le Big Tree, le fameux soi-disant plus grand et plus gros arbre du pays est effectivement impressionnant avec ses 66 mètres de haut. Nous apprécions tous la balade, d’autant plus que les enfants nous embarquent dans une sorte de « baccalauréat spécial Pokemon », vous savez : chacun son tour, donner le nom d’un Pokemon commençant par A, puis B, puis C etc. Ah qu’est ce qu’il ne faut pas faire pour les faire marcher ! Demain, nous voulions aller randonner dans le parc national de Chimanimani mais je pense que nous allons revoir nos plans : le temps est toujours aussi maussade (quoi qu’avec de belles éclaircies parfois !), et nous commençons sérieusement à nous projeter sur le pays suivant. Il est donc probable que nous remontions sur Mutare nous occuper des formalités nécessaires avant le passage de la frontière (et notamment un énième test PCR). A suivre, donc !