Quelles erreurs de débutants !
Samedi 3 juillet, nous visitons un site historique classé au patrimoine de l’Unesco : les ruines de Khami, à une vingtaine de kilomètres de Bulawayo. Cette cité fut la capitale de la dynastie des Torwas aux XVème et XVIème siècles, elle a été détruite puis reconstruite en partie. Elle est constituée de terrasse en pierre avec des murs de soutènement richement décorés en fonction de l’importance des maîtres des lieux. Le minuscule musée à l’entrée donne peu d’informations et nous restons un peu sur notre faim de ce côté-là. Mais la visite est sympa, les enfants sautent au milieu des pierres, et nous faisons la rencontre d’un groupe de jeunes filles de Bulawayo venu fêter l’anniversaire de l’une d’elle sur l’aire de pique-nique du site. Nous échangeons un moment avec elles et improvisons une petite séance photo avant de poursuivre notre chemin.
Avant de quitter les lieux, nous commettons les 1ères et 2èmes erreurs de la semaine qui va suivre. 1ère erreur : j’ai lu sur le guide qu’une portion de la route secondaire montant vers le nord était particulièrement jolie, et nous décidons donc de ne pas prendre la grosse route en rouge sur notre carte pour rejoindre la petite route jaune. Hum hum… 2ème erreur, nous demandons conseil à un local sur la meilleure route à prendre pour rejoindre cette route jaune qui est un peu plus haut. Il nous conseille une petite blanche, nous affirmant qu’elle a été refaite récemment. Et nous voilà donc lancés sur un trajet bien plus long que la route nationale, mais quand on aime on ne compte pas, n’est-ce pas ? La petite route est effectivement très jolie… au début ! Mais au bout d’une quarantaine de kilomètres elle n’est plus revêtue et cède la place à une piste alternant gros graviers compactés, nids de poule et tôle ondulée. Elle est tellement pénible que des pistes alternatives se sont créées dans le sable de chaque côté, mais malheureusement la végétation un peu trop luxuriante nous empêche de les prendre, sans compter qu’il y a aussi de la tôle ondulée. Je vous la fais courte, mais nous mettons 9 heures, en 2 jours, pour faire les 250km séparant les ruines de Khami de Lupane, sur la route nationale. Nous sommes rincés ! Le bruit, les vibrations et la concentration nécessaire sur ce genre de « routes », c’est dingue ! Le conseil du gardien des ruines était pertinent, mais de sa perspective à lui très locale. Les gens font rarement de longs trajets ici et ne savent pas nous renseigner sur des distances plus longues. Depuis le temps, on devrait le savoir 😉 Et la portion de route censée être super jolie ? Ben j’ai mal lu le guide en fait, et la portion mentionnée est en fait un morceau de la route nationale !! Alors est-ce qu’on regrette d’avoir fait ce détour ? Et bien pas du tout ! Nous sommes passés par de très jolis villages, des gens super accueillants qui nous saluaient, je craque littéralement sur les bomas du Zimbabwe, ces regroupements de maisons au toit de chaume. Déjà en Zambie on avait trouvé les maisons propres et décorées. Ici c’est encore un cran au-dessus, avec des terrains immaculés, des maisons tirées au cordeau, certaines ont même de petites baies vitrées et des terrasses. Tout le long du parcours, nos zygomatiques ont fonctionné à fond à force de sourire, et mon cerveau a pris des milliers de photos. Moins mon appareil photo, car je me sens de moins en moins à l’aise pour photographier des scènes de vie sur notre passage lorsqu’il y a des gens. Ça fait trop voyeur je trouve alors on enregistre tout ça juste pour nous 😉 Pour déjeuner, nous nous arrêtons dans de petites échoppes qui nous servent du riz et des légumes, ou bien du Sadza (= l’équivalent de l’ugali, cette pâte de farine de mais qui accompagne la plupart des plats ici) et du ragout de poulet. Ils n’ont pas beaucoup de « stock » et nous devant nous attabler devant 3 stands différents pour avoir 5 assiettes ! Anecdote sur la monnaie : c’est Eliott qui doit demander le prix d’une assiette, et il revient en me disant 15. Mais je ne comprends pas… 15 dollars américains c’est exclu, mais 15 bonds c’est vraiment peu. Je le renvoie en lui demander de faire répéter, peut-être est-ce 50 ? Mais non, c’est bien 15. Sceptique, je tends un billet de 20 bonds (=0,20€). La jeune femme me regarde, regarde le billet, me regarde, part dans son arrière-boutique, revient en regardant toujours le billet, adresse quelques mots à ces collègues des stands à côté et tout le monde se met à rire. Elle n’a même pas l’air de savoir ce qu’elle a dans la main ! Une autre parlant mieux anglais m’explique que l’assiette est en fait à 15 Rands (monnaie sudafricaine), soit environ 0,85€. Personne ne paie en bond, me dit-elle, cette monnaie ne vaut rien ! Heureusement, on m’avait précédemment rendu de la monnaie (alors que j’avais payé en $) en rand et nous avons pu payer nos repas sans (autre) difficulté.
Une fois sur la route asphaltée, nous nous approchons rapidement de notre prochaine étape : le parc national de Hwange. Les parcs au Zimbabwe ont un système de tarification assez complexe, mais retenez que lorsqu’on dort dans le parc, le prix d’entrée est réduit et valable 2 jours. Il est donc intéressant d’y arriver tôt le matin et d’en ressortir tard le lendemain, et c’est bien ce que nous comptons faire. Oui mais voilà qu’arrive la 3ème erreur de débutant : nous n’avons pas assez de gasoil pour parcourir le parc. Renaud a repéré 2 stations-service pas loin. La première est sur la route principale, à une quarantaine de kilomètres de l’entrée du parc. Mais on a oublié d’anticiper la fermeture des commerces à 15h30 et la pompe est déjà fermée à notre arrivée. Soit, on ira à la 2ème, située à l’intérieur du parc. Vous me voyez arriver avec mes gros sabots : lorsqu’on va jeter un œil pour nous assurer qu’on pourra bien faire le plein le lendemain en entrant dans le parc, l’employé à la gate nous refroidit très vite : « ah non ! elle ne fonctionne plus depuis longtemps ! ». Grrrr… Bon, nous nous installons pour bivouaquer dans la nature juste avant l’entrée du parc et on verra demain !
Le lendemain, mardi 6 juillet, nous n’avons pas vraiment d’autre choix que de revenir à Cross-Dete pour faire le plein. Nous décidons de reporter d’une journée notre entrée dans le parc pour ne pas « perdre des heures ». Du coup, nous en profitons pour visiter gratuitement (don très apprécié) le centre de conservation des lycaons, situé à quelques kilomètres du parc. Généralement en anglais on les appelle des « wild dogs », ici ils les appellent des « painted dogs », c’est mignon, non ? Le centre des visiteurs est super bien fait et nous y apprenons plein de choses au travers de l’histoire de « Eyespot » et sa famille. Les lycaons sont une espèce en voie de disparition, ils sont souvent les victimes collatérales des pièges posés par les braconniers, et ne chassant qu’en meute, c’est la meute toute entière qui est en péril lorsqu’ils perdent un ou deux chasseurs. Le centre recueille les animaux blessés, ainsi que ceux qui sont chassés par les villageois des environs qui voient d’un mauvais œil que les lycaons viennent chasser leurs chèvres. Aujourd’hui, il y a 7 individus au refuge : 2 ont gardé de graves séquelles de leurs blessures et ne seront jamais relâchés, mais les 5 autres ne sont là que temporairement, le temps que les rangers du parc trouvent un bon endroit pour les relâcher dans leur environnement. Nous passons un bon moment, les enfants posent plein de questions et nous sommes ravis de pouvoir approcher ces animaux qui se laissent rarement voir dans la nature.
Quitte à être au village pour faire le plein et déjeuner, nous en profitons pour remplir nos réservoirs d’eau au puit. Pour ne pas trop puiser dans les ressources locales, nous ne prenons qu’une cinquantaine de litres. Un groupe de gamins est là, en train de pomper pour faire boire leurs vaches. Un homme, qui vient remplir son bidon, nous explique qu’il fait 3km pour prendre de l’eau ici. Des jeunes filles transportent les lourds bidons sur leurs têtes. Tout le monde actionne la pompe pour tout le monde, et les seaux (dont le nôtre), se succèdent dans une ambiance joyeuse mais efficace, les enfants auront quelques courbatures demain !
En fin de journée, nous retournons à notre bivouac proche de l’accueil du parc pour y entrer tôt le lendemain. Mais notre bonne étoile semble s’être momentanément éclipsée et nous commettons notre 4ème erreur. Enfin pas vraiment une erreur, mais nous pêchons par optimisme, à force de voyager dans des pays où les touristes sont absents, nous n’avons pas imaginé une seule seconde que les hébergements dans le parc pouvaient être déjà réservés. Quelle déception lorsque la réceptionniste nous dit qu’il est impossible d’y dormir, ou alors dans le camping juste à l’entrée du parc qui ne nous intéresse pas. On attend quasiment 2 heures avec elle pour voir ce qu’il est possible de faire, et finalement nous réservons un emplacement pour la nuit de samedi 10 juillet. Et dans l’intervalle, nous continuons notre route vers le nord pour rejoindre les chutes Victoria. 5 mois après les avoir vues depuis Livingstone, en Zambie, nous ne résistons pas à la tentation d’admirer sous un autre angle ce phénomène de la nature !
Nous arrivons à Victoria Falls (la ville éponyme) en milieu d’après-midi. Sur la route, nous avons entendu un bruit suspect à plusieurs reprises, comme une espèce de raclement. Renaud s’est arrêté 2 fois pour regarder mais n’a rien trouvé. Si ça pouvait s’auto-réparer comme notre problème d’injection, ça serait sympa ! Nous appliquons notre dicton favori du moment : « on verra ça plus tard ! ». Dans une ville touristique comme Victoria Falls, il est compliqué de trouver un endroit où dormir sereinement et gratuitement. Après plusieurs tentatives infructueuses, nous optons pour un petit campsite en plein centre-ville, mais devons négocier âprement pour payer moins que les 35$ initialement demandés ! Ce matin, nous quittons notre camp à pied pour rejoindre les chutes. En chemin, nous sommes harcelés par les vendeurs de souvenirs ! C’est vrai qu’il n’y a pas foule et que nous sommes des cibles faciles, mais le trajet en devient un peu pénible, à un moment ils sont 7 ou 8 à nous supplier de leur acheter des trucs ! Nous accordons un petit budget à chaque enfant pour s’acheter des souvenirs, et les voilà entre train de négocier pour atteindre un prix qui satisfasse tout le monde. Nous entrons ensuite dans le parc des Victoria Falls et passons 2 heures et demi à arpenter le sentier nous conduisant aux différents points de vue. Il y a un peu moins d’eau qu’en mars, mais toujours autant d’embruns qui font un énorme nuage, bouchant une bonne partie de la perspective. Mais quel spectacle grandiose à nouveau ! Ce bruit de l’eau qui dévale plusieurs dizaines de mètres en bouillonnant ! Il y a plus de points de vue qu’en Zambie, et le chemin nous conduit parfois tout proche du précipice. Vraiment impressionnant ! Comme en Zambie, nous sommes trempés jusqu’au slip en quittant les lieux, le sourire toujours accroché au visage et des souvenirs plein la tête ! De retour au camping, Renaud passe à nouveau sous le camping-car, car notre évacuation des eaux usées semble bouchée. Il règle rapidement le problème, et surtout identifie la cause du bruit de cet aprèm : l’un des amortisseurs arrière est cassé, l’une des fixations est complètement explosée, et le truc pend dans le vide. Il est 17h, on ne pourra rien faire ce soir car les garages sont fermés depuis 15h30 et le couvre-feu démarre dans 1h. Renaud démonte l’amortisseur, l’employé de l’accueil appelle un ami et nous avons RDV demain matin pour regarder ça. Je vous rappelle que demain soir nous devons dormir proche de l’entrée de Hwange pour y entrer samedi à la première heure. Vous le sentez comment, vous ?