Pas de pans pour nous !
Je publie un article aujourd’hui mais j’aurais pu attendre car nous n’avons rien fait d’extraordinaire. Enfin, on a bien essayé de faire des trucs, mais toutes nos tentatives ont échoué ! Quand nous avons quitté nos amis à Kasane jeudi 10 juin, nous avons repris la même route qu’à l’aller jusqu’à Nata, c’est-à-dire sur environ 250km. Cette route est quand même incroyable, comme la semaine dernière nous y croisons en toute liberté une famille de girafes, de majestueux koudous et encore plusieurs éléphants. Nous bivouaquons à nouveau en pleine brousse, faisant attention à ne pas nous mettre sur un couloir d’éléphants justement. Vu le nombre de crottes et l’état de la végétation autour avec tous ces arbres cassés, nous sommes clairement sur leur territoire ! Mais ils ne se montrent pas et nous passons une nuit tranquille.
Le lendemain, nous déjeunons à Nata puis nous nous rendons au Nata Bird Sanctuary, un parc, comme son nom l’indique, réputé pour ses nombreux oiseaux, notamment les flamands qui se reproduisent dans la région. Problème : ce n’est absolument pas la saison, la dame à l’accueil nous indique qu’il n’y a pas d’oiseaux en ce moment. Nous pourrions en profiter pour aller sur le pan (je vous explique juste après ce que c’est !), mais les routes sont encore inondées et impraticables. « Next time ! » nous dit-elle avec un grand sourire 😉. Soit, next time alors !
Nous reprenons la route qui longe le pan pour tenter de s’en approcher. Mais qu’est-ce que c’est, au fait, un pan ? Il y a plus de 10 000 ans, un immense lac recouvrait tout le nord du Botswana. Au fil du temps il s’est asséché, laissant la place à un réseau de cuvettes salines d’environ 12 000km² : les pans. Il est difficile d’y circuler, voire dangereux car la croute de sel qui semble bien dure cache de la boue/glaise dont il est très difficile de s’extraire si la croute cède. Sans vouloir traverser le pan, nous aimerions nous en approcher pour profiter d’un paysage et d’une faune un peu différente. Nous n’avons pas trouvé d’accès lorsque nous l’avons longé par le nord sur la route entre Maun et Nata, nous espérons bien en trouver un par la route du sud. Nous tentons notre chance à Sowa, car nous avons repéré sur notre carte une route semblant s’enfoncer vers le pan. Mais alors que nous ne sommes plus qu’à une centaine de mètres, une barrière se dresse devant nous : nous arrivons dans une zone industrielle, réservée à l’extraction et l’exploitation du sel pour une société botswanaise. Nous tentons notre chance en allant parler aux gardiens, et nous apprenons avec joie qu’un parc ouvert aux touristes vient tout juste d’être créé, on pourrait même y voir des rhinos, il suffit d’obtenir un permis moyennant 50 pulas pour toute la famille, soit moins de 4€. Malheureusement, nous sommes vendredi après-midi et il nous faut attendre lundi pour avoir cette autorisation. Bouhouhou !! Nous sommes déçus de devoir faire demi-tour, heureusement que la route était bonne pour arriver jusqu’ici ! Mais la région n’a rien d’exceptionnel, on n’a pas envie d’y rester jusqu’à lundi pour attendre le permis. Comme il commence à se faire tard (il fait désormais nuit vers 18h ici), nous nous enfonçons dans le bush pour trouver un coin au calme, ce qui n’est pas compliqué ! La végétation a changé autour de nous ces derniers mois : le vert que nous avions en début d’année s’est changé en une prairie joliment dorée.
Samedi, nous reprenons la route pour longer le pan par le sud, avec pour objectif d’atteindre l’ile de Kubu, une sorte d’îlot rocheux au milieu du pan de Sowa. Nous ne savons pas du tout si nous pourrons y aller en camping-car, on demandera sur place. Nous prenons une magnifique nouvelle route avec un enrobé tout neuf sur une vingtaine de kilomètres (clin d’œil à Mathieu qui travaille dans le BTP et qui un soir à Maun nous a fait un savant exposé sur les différents types de routes, m’interdisant désormais d’utiliser le mot « goudron », technique abandonnée depuis des années… voilà voilà !). Mais cet enrobé se transforme rapidement en piste avec de la bonne tôle ondulée comme on déteste ! A un moment, nous apercevons un panneau « Mmakgama Ruins, 2km ». Sans hésiter, nous nous engageons sur la piste étroite et sablonneuse, 2km ca devrait le faire, et il n’y a pas souvent de vestiges archéologiques en Afrique ! Nous devons stopper à mi-chemin, la piste devenant trop caillouteuse pour nous, nous nous garons au milieu d’enclos à chèvres et vaches et poursuivons à pied. Au final, je pense qu’il y avait un peu plus que 2km et les ruines ne sont pas très inspirantes, mais nous profitons d’un joli couché de soleil et d’une vue sur le pan au loin. Il fait nuit quand nous retournons à la maison, nous allons voir le berger qui nous autorise sans difficulté à passer la nuit sur son terrain, bercés par les pets du bétail. 😊
Le lendemain, nous reprenons la piste, 2h30 pour faire 50km dans un vacarme infernal : les plastiques du poste de conduite qui grincent, les couverts et la plaque de cuisson qui font la farandole, les meubles qui vibrent. Et la poussière qui envahit l’habitacle et se dépose partout… nous sommes un peu à cran en arrivant au bureau chargé de gérer l’accès à l’île… et tout ça pour nous entendre dire que l’accès est réservé aux 4x4. On essaie d’insister pour comprendre en quoi ce serait inaccessible pour nous (du sable ? des ornières ? des rochers ?) car parfois les locaux ont du mal à estimer les capacités de pépère, dans un sens comme dans l’autre d’ailleurs (en sous-estimant ou surestimant selon les cas). Mais lorsqu’ils nous disent qu’il est impossible d’y aller en voiture « normale » on comprend qu’il est inutile de tenter le diable. Si on n’avait pas pris cette piste ce matin on aurait sûrement tenté de prendre le chemin sur quelques kilomètres, juste « pour voir ». Mais la motivation n’est plus là. C’est donc un 3ème échec consécutif pour accéder aux pans. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois avec un autre véhicule et à une autre saison ! Demain, nous avons prévu de faire une halte à Orapa, une étrange cité minière accessible sur autorisation uniquement, mais qui a l’intérêt incroyable de permettre d’entrer gratuitement dans une réserve où l’on trouve une forte concentration de rhinocéros. Allez, croisez les doigts pour qu’on obtienne le permis demain matin !