5 semaines au Botswana : infos pratiques et bilan
Bizarre de faire le bilan d’un pays quand on a la sensation d’être un peu passé « à côté ». Ce n’est pas que nous n’avons pas aimé le Botswana, c’est un pays super intéressant avec des gens adorables et une faune hallucinante, mais pour la première fois depuis notre départ nous nous sommes vraiment sentis limités par notre mode de transport. Sur 5 semaines, nous avons pu faire des activités géniales, mais qu’on peut compter sur les doigts d’une main. En résumé, pour vraiment profiter du Botswana, un 4x4 est indispensable (ou bien un budget plus conséquent que le nôtre qui permette de visiter les parcs nationaux en passant par des agences ou guides locaux).
Durée : 38 jours, du 26 au 28 février 2021 puis du 22 mai au 25 juin 2021
3750 kilomètres parcourus
Dépenses : 2142€, soit 56€/jour. Ce montant comprend les tests PCR obligatoires pour entrer au Zimbabwe (200€), ainsi que du petit entretien mécanique. Il comprend l’ensemble de nos activités dans le pays :
- Une journée dans le parc national de Chobe (4x4 le matin, bateau l’aprem) : 105€
- Une matinée en Mokoro dans le delta de l’Okavango : 52€
- Le survol du delta en avion (45mn) : 260€
- Une après-midi sur la rivière Chobe : 36€
- La visite de la réserve Orapa : 0€
- La gorge de Motetane : 10€
Nous avons peu mangé « au restaurant », mais avons plusieurs fois pris des plats à emporter au rayon traiteur des supermarchés. Nous avons fait systématiquement nos courses dans les supermarchés, nous n’avons pas vu de gros marchés mais quelques vendeurs de rue à la périphérie des villes. Côté hébergement, 75% de bivouacs sauvages mais quand même 9 nuits en camping avec nos amis voyageurs.
Ce qu’on a aimé
- La vie sauvage : dans quel pays pouvez-vous prendre une route publique et tomber nez à nez avec une famille d’éléphants, des girafes, des zèbres, des antilopes… ? Le nord du Botswana est à ce titre incroyable. Et camper dans les parcs doit être une expérience unique, dans la mesure où les campsites ne sont pas protégés par une barrière, vous campez donc littéralement au milieu des animaux sauvages. Ce qui n’est pas sans danger, d’ailleurs, car lorsque nous étions à Maun, un léopard a attaqué 2 nuits de suite des gens dans un camping à l’intérieur du parc de Moremi : un ranger et 1 touriste. Ici, il ne faut pas plaisanter avec les règles de sécurité !
- La région de l’Okavango : on n’a peut-être pas fait beaucoup d’activités au Botswana, mais survoler le delta de l’Okavango restera définitivement l’un des temps forts de notre voyage ! Cette impression de n’être que des intrus de passage sur le territoire de milliers d’animaux qui évoluent en toute liberté entre les bras de rivière. Un spectacle magique ! (lire l'article ici)
- La balade sur la rivière Chobe : Si nous avons beaucoup aimé la balade en Mokoro sur l’Okavango, je crois qu’on lui a préféré l’excursion en bateau sur la rivière Chobe, beaucoup plus riche en animaux et en sensations fortes (ce croco à moins de 3 mètres de Louise… gloups !). Mais à faire à la bonne saison, car nous l’avons fait 2 fois, fin février et mi-juin. En février, temps gris menaçant et peu d’animaux, par contre en juin… wouahouh !! (lire l'article ici)
- La réserve Orapa : petite surprise que cette réserve privée gratuite qui nous a permis d’observer de très près une vingtaine de rhinocéros blancs (lire l'article ici)
- La bonne viande rouge : on s’était déjà régalés en Namibie mais la viande rouge au Botswana est elle aussi parfaite pour des barbecues entre amis ! Et pas chère du tout.
Ce qu’on a moins aimé
- L’impossibilité d’accéder au moindre parc avec notre véhicule : je l’ai déjà dit en intro, ici nous avons été frustrés de ne pouvoir visiter aucun parc national avec notre véhicule. Nous avons parfois eu des difficultés sur les routes secondaires très sablonneuses.
- Les paysages un peu monotones : à part la région de l’Okavango qui diffère un peu du reste du pays et qui est vraiment superbe, nous n’avons pas été enthousiasmés par les paysages du Botswana. Quel contraste après la Namibie si diversifiée ! Le Botswana est un pays très plat, sans grand relief, constitué de bush à perte de vue.
- Conséquence indirecte de notre choix de faire essentiellement des bivouacs sauvages, nous avons passé énormément (trop) de temps enfermés dans notre camping-car ! C’est génial de dormir dans des endroits où des animaux sauvages sont susceptibles de rôder, mais du coup ça coupe un peu l’envie de jouer et de manger dehors. Nous avons également fait pas mal de bivouacs dans le bush étroit et épineux rendant impossible toute partie de foot, de molki ou autre jeu dehors. Je ne compte plus le nombre d’épines que les enfants se sont enfoncées dans le pied, parfois au travers des chaussures !
- Parce que les gens ici respectent vraiment à la lettre les protocoles liés au COVID et qu’on les a parfois sentis stressés à ce sujet, nous n’avons pas voulu imposer notre présence. Nous ne nous sommes quasiment pas arrêtés dans les villages, nous n’avons pas essayé de dormir dans des endroits un peu « exposés » (écoles, villages, stade de foot…) comme nous le faisons parfois pour provoquer des rencontres. Du coup, nous n’avons pas rencontré grand monde. A part les derniers jours quand pour des raisons administratives et mécaniques nous avons trainé plusieurs jours en ville et où les gens venaient spontanément nous voir. Ce qui me fait un peu regretter de ne pas avoir « osé » davantage…
Les petits trucs qu’on a remarqués
- Un niveau de vie plus élevé que les pays voisins : des maisons en briques ou en parpaing même dans les petits villages, l’éclairage public autour des villes, des voitures récentes, un système de ramassage des ordures… plein de petits indices qui nous font penser que le Botswana a un niveau de vie plus élevé que ses voisins. Et après recherche sur internet effectivement nous apprenons que c’est l’une des économies les plus fortes d’Afrique Australe avec un PIB/habitant autour de 17 000$, contre 13 000 an Afrique du sud et 10 000 en Namibie . Ce qui ne veut pas dire que la situation est idyllique, le taux de chômage avoisinant les 20%.
- Les diamants du Botswana : cette même recherche nous a appris que le Botswana tire l’essentiel de sa richesse des diamants. Depuis 60 ans que le premier gisement a été découvert, le pays s’est considérablement développé. Dans les années 60, il avait un PIB de 200$/habitant, à peine 12km de route goudronnée dans tout le pays et seulement 2% de la population avait terminé l’école primaire. Les revenus tirés des diamants ont été largement investis dans les infrastructures du pays, le Botswana faisant partie des pays les moins corrompus d’Afrique. Mais il est aussi très dépendant de l’industrie du diamant (et de la volatilité du marché mondial) : les diamants constituent 85% de la valeur des exportations du pays, et 1/3 des recettes de l’état ! Le tourisme est l’un des axes forts de diversification, sous le principe « high value, low volume », c’est-à-dire un tourisme plutôt tourné vers les personnes à haut pouvoir d’achat : lodges haut de gamme, éco-tourisme etc.
- Les « vet control » : comme en Namibie, nous avons traversé plusieurs contrôles de police liés à la protection du bétail commercial contre les maladies dont peut être porteuse la faune sauvage. Ces contrôles nous ont semblé plus nombreux qu’en Namibie mais moins rigoureux, personne ne venant vérifier le contenu de notre frigo (il est interdit de faire passer de la viande crue au-delà de cette ligne).
- La cohabitation avec la faune sauvage : au Botswana plus qu’ailleurs, nous avons mieux saisi la complexité de faire cohabiter faune sauvage et habitat humain. Le problème des clôtures, par exemple, érigées par le gouvernement ou les propriétaires terriens pour protéger les cultures et le bétail des passages des animaux sauvages, mais qui coupent les routes migratoires et qui contribuent à la disparition de certaines espèces. Nous avons surtout mieux compris le concept de « community area », ces terres qui ne sont pas des parcs nationaux, qui ne sont pas non plus des terres privées, mais où l’on demande aux touristes des sommes importantes pour avoir le droit d’y passer la nuit (je pense en particulier à la région au nord de Maun, entre les parcs de l’Okavango, de Moremi et de Chobe). A première vue, nous y avons vu un opportunisme bassement commercial, pour nous soutirer des dollars. Puis nous avons réalisé que ces communautés, qui vivent dans des environnements incroyablement difficiles avec des fauves menaçant leurs chèvres, des éléphants broyant tout sur leur passage… ne tirent finalement aucun bénéfice de leur environnement sauvage, et qu’en plus (pour simplifier) ils n’ont ni le droit de se défendre ni d’en profiter pour améliorer leur quotidien, en chassant pour se nourrir, par exemple. Une équation agriculture/préservation de la faune/tourisme/préservation des cultures locales particulièrement compliquée à gérer ici !
Infos pratiques pour circuler en camping-car
- Point d’entrée : en février : Kasungula, en arrivant de Zambie ; en mai : Mamuno, en arrivant de Namibie. Les 2 fois, frontière facile et rapide, aucune inspection du véhicule, et nous avons payé 321pulas de border tax et assurance (25€ environ). Il est interdit de faire entrer de la viande crue et des œufs crus.
- Visa : visa gratuit de 90 jours.
- Point de sortie : en février : Ngoma pour entrer en Namibie ; en juin : Ramokgwebana pour entrer au Zimbabwe. Rien de particulier, passage de frontière très rapide, nous avons fait tamponner notre CPD à chaque fois.
- Test Covid : un test de moins de 72h est demandé pour entrer au Botswana lors de notre passage. Nous l’avons fait au Namibian Institue of Pathology à Windhoek pour N$750/personne (=43€). Nous avons récupéré les résultats le lendemain dans le labo de Gobabis sur la route vers le Botswana. Pour entrer au Zimbabwe, il faut un test de moins de 48h, nous l’avons fait à la Clinic Ntshe, à Francistown pour P500/pers (= environ 40€). Résultats obtenus en 2 jours, juste à temps pour le Zim !
- Assurance : dans les border tax qu’on paie en entrant, une assurance au tiers est incluse. Mais à moins de 4€ pour 3 mois, je ne sais pas vraiment ce qu’elle couvre…
- Monnaie : le pula, au taux moyen de 1€ = P13. Le taux a peu varié pendant notre séjour. On trouve des ATM partout, la plupart prennent des frais sur les cartes internationales, à l’exception de la FNB. On peut la plupart du temps payer par carte bancaire.
- Routes : Les routes enrobées sont en bon état avec parfois quelques nids de poule. Il y a beaucoup de pistes qui partent des routes principales, celles-ci sont généralement praticables en camping-car. Ensuite c’est la loterie, mais nous avons souvent dû faire demi-tour devant des pistes devenant trop sablonneuses, ou bien trop étroites. Notamment les pistes passant dans le bush, elles sont généralement « calibrées » pour des pick-up et notre carrosserie se rappellera longtemps de certaines branches et épines d’acacias !
- Bivouacs : A part la question des pistes étroites ou sablonneuses, nous n’avons pas eu de difficulté à trouver des bivouacs en pleine nature. En revanche nous n’avons pas souvent trouvé de très beaux bivouacs (à part sur la route des éléphants entre Nata et Kasane où ils étaient vraiment sympas !) et nous nous sommes souvent retrouvés au milieu d’une végétation un peu étriquée. La région autour de Maun et surtout en allant vers le nord (vers les parcs Chobe et Moremi) est plus compliquée car quadrillée de concessions privées ou de terres communautaires (voir rubrique « ce qu’on a remarqué »). Répartition de nos bivouacs au Botswana :
- 25 nuits isolées dans la nature en bivouac sauvage
- 4 nuits sur des parkings de station-service (dont 2 pour voir les matches de l’Euro !)
- 9 nuits en campsite : 5 à Maun ; 4 à Kasane, pour un coût moyen de P230/nuit, soit environ 17,50€
- Sécurité : RAS, nous n’avons jamais été embêtés, même en dormant en plein centre-ville ; les rares passants nous saluaient gentiment.
- Police : plus présente qu’en Namibie, mais moins qu’en Tanzanie ou Zambie ! Il y a pas mal de check-point sur la route, mais nous n’avons jamais été ennuyés, une seule fois nous avons dû montrer notre test Covid, une autre fois la « road tax ». A noter que comme en Namibie il y a des Vet contrôles quand on va vers le sud, c’est-à-dire une ligne séparant le bétail de subsistance et la faune sauvage au nord des fermes plus industrialisées dédiées à l’exportation au sud. A chaque fois, il est interdit de franchir la ligne avec de la viande crue, les roues du camion sont désinfectées, et nous devons descendre pour tremper nos chaussures dans une solution noirâtre.
- Eau : sans problème dans les grandes stations-service en faisant le plein de gasoil. Parfois gratuitement, parfois pour 1 ou 2$. A noter que l’eau est potable quasiment partout au Botswana.
- Carburant : prix similaire à la Namibie, autour de P9,65 le litre. A quelques centimes de pula près, le prix est assez stable dans tout le pays.
- Internet : nous avons prix 2 opérateurs différents : Orange et BTC, avec une nette préférence pour la couverture d’Orange. P10 la carte sim, puis forfait data sur 30 jours : P300 pour 18Go chez Orange, P305 pour 15Go chez BTC. On a acheté la sim et les recharges dans une station-service. Il y a pas mal de zones blanches, il faut vraiment se rapprocher des villes pour capter un bon signal.
- Courses : le ravitaillement très facile ici, on retrouve les grandes chaines présentes en Namibie (Spar, Shoprite, Choppies…). On trouve davantage de fruits et légumes qu’en Namibie, toujours beaucoup de produits importés d’Afrique du sud. A la différence de la Namibie, on retrouve au Botswana des petits stands de rue, des vendeurs de maïs grillé et des échoppes pour déjeuner pas cher. Le fromage et le lait sont plus chers qu’en Namibie, mais pas le beurre ; la viande rouge est moins chère ici. On a pu varier les fruits en achetant des oranges, des prunes, du raisin et même des poires.
- Point Covid : Le Botswana est LE pays que nous avons traversé où les gens sont les plus rigoureux dans le respect des gestes barrière. Le masque est porté partout dans l’espace public mêmes les mecs sur leur âne sur une piste au milieu de nulle part. Et la plupart du temps bien porté, pas sous le nez ou dans le cou. Il faut également mettre le masque quand nous sommes dans notre véhicule et qu’on s’adresse à quelqu’un par la fenêtre. Jusqu’à mi-juin, il fallait laisser ses coordonnées dans toutes les boutiques puis ils ont laissé tombé cette pratique. Depuis le début de l’épidémie, ils ont subi environ 1000 décès. Ils ont environ 7000 cas actifs à fin juin 2021 ; les cas semblent augmenter en ce moment mais de façon plus limitée qu’en Namibie où l’augmentation est exponentielle.