Dans la ville ensablée
Je vous ai laissé dans le dernier article sur un suspense insoutenable : allions nous prendre la piste D707 sur laquelle j’avais écrit un gros « non » sur notre carte papier ? Evidemment que nous l’avons prise, et quelle bonne idée ! Du sable moelleux mais pas trop profond, pas de tôle ondulée, peu de poussière, cette piste était un régal ! Mais peut-être était-elle plus compliquée quand nos amis en pleine saison des pluies avec le sable détrempé gluant et quelques passages de rivières un peu caillouteux. Toujours est-il que nous nous régalons, les paysages sont toujours aussi somptueux. Nous dépassons la ville d’Aus (300 habitants) sans nous arrêter, pour nous poser un peu plus loin sur un promontoire d’où l’on peut parfois apercevoir les chevaux sauvages qui vivent librement dans cette région. Des chevaux sauvages, il y en a très peu dans le monde, quasiment plus en Mongolie par exemple, mais une centaine vivent ici, en Namibie. Leur origine n’est pas claire : un bataillon de chevaux qui se serait échappé pendant la guerre ? une partie de l’écurie du baron local qui aurait recouvré sa liberté après la mort de celui-ci ? Toujours est-il que les chercheurs étudient de près ces chevaux qui sont capables de vivre dans le désert sans boire pendant plusieurs jours, qui urinent moins que leurs congénères et qui présentent une taille plus petite également. Dès notre arrivée, nous en apercevons 2 au loin, et nous nous sentons déjà chanceux.
Mais c’était sans savoir ce qui allait se passer le lendemain matin ! Pendant la session d’école, une dizaine de chevaux s’approche du point d’eau en contrebas. On sort pour les observer et c’est alors qu’ils s’approchent de nous, mais vraiment très très près ! Nous sommes super excités de pouvoir les observer de si près, même si, avouons-le, ils nous semblent un peu frêles sur pattes. Nous leur donnons quelques épluchures de carottes et ils restent un long moment autour de nous, certains audacieux tentant même de passer leur tête par la fenêtre et par la porte. Autant vous dire que le subjonctif présent, les nombres décimaux et les divisions par 2 sont laissés de côtés pendant cette rencontre 😉
Nous reprenons la route en fin de matinée, toujours sur notre petit nuage, pour rejoindre Lüderitz et ses 12000 habitants au bord de l’océan atlantique. Lüderitz est une ville qui a une importance historique en Namibie, elle fut le 1er comptoir allemand sur place, lançant la colonisation de ce pays par nos cousins germaniques à la fin du XIXème siècle. La ville n’est pas dénuée d’intérêt, mais le charme n’opère pas vraiment sur nous, je ne saurais pas vous dire pourquoi. Du coup nous préférons nous installer sur une plage. D’ailleurs, pour faire court, nous nous baladons de plage en plage sur ce littoral accidenté : Diaz Point où l’on aperçoit une reproduction d’une croix plantée par l’explorateur Diaz en 1488 alors qu’il retournait en Europe depuis Le Cap en Afrique du Sud, Dolphin Beach où nous n’apercevons pas de dauphins mais où Renaud et Martin ramassent des moules, des bulots et des patelles nous permettant de déguster de fabuleux spaghettis aux fruits de mer le soir même, Grosse Bucht où une épaisse brume glacée nous envahit dès 16h nous poussant à changer de plage pour retrouver le soleil. Plus question de se baigner, les températures ont bien chuté et je supporte bien ma petite laine !
Mais le moment fort de nos 3 jours à Lüderitz (et je ne parle pas de la délicieuse gaufre à la chantilly dégustée au Diaz Café !), nous l’avons vécu ce matin, mercredi 5 mai. Nous sommes allés visiter la ville fantôme de Kolmanskop. Construite en 1908 par les colons allemands, la ville a connu une prospérité fulgurante grâce à l’exploitation du diamant, avant de tomber en désuétude dans les années 1950 lorsque le filon s’est tari et que d’autres exploitations ont ouvert. A son apogée, Kolmanskop importaient des milliers de litres d’eau douce d’Afrique du sud pour subvenir aux besoins de ses 400 habitants. Et pour lutter contre le vol de diamants par les ouvriers, la ville est la 1ère d’Afrique à s’être dotée d’une machine à rayons X au début du XXème siècle (pour vérifier que les ouvriers rentrant chez eux à la fin de leur contrat n’avaient pas ingéré ou glissé dans leur peau les précieux cailloux). Je m’attendais à prendre beaucoup de plaisir à déambuler dans les maisons vides où le sable reprend peu à peu ses droits, mais je ne m’attendais pas à ce que toute la famille s’amuse autant ! Les enfants ont tout simplement a-do-ré explorer les bâtisses à l’abandon, grimper les mini-dunes accumulées derrières les portes, se glisser par les ouvertures de plus en plus réduites. Bon j’ai fait abstraction des charpentes abimées, bois cassés et morceaux de fer rouillé dépassant de partout et nous avons passé un super moment ! Nous sommes restés 3 heures sans voir le temps passer, et je vous laisse juger par vous-même combien les lieux sont photogéniques et empreints d’un certain mystère !
Demain, nous quittons l’océan pour un bon moment. Direction l’extrême sud du pays où nous attend un paysage complètement différent qui devrait, un nouvelle fois, nous bluffer.