On en prend plein les yeux dans le Damaraland
Changement de plan : finalement nous n’allons pas aller à Windhoek pour réparer la barre stabilisatrice, nous allons faire livrer les pièces dans une grande ville un peu plus au sud. Nous poursuivons donc notre aventure dans la région du Damara. La région est réputée pour ses éléphants et lions déserticoles (c’est-à-dire vivant dans une région désertique), mais nous n’en avons pas encore vu. La large piste reliant Sesfontein et Palmwag puis Twyfelfontein est magnifique. Vraiment très très belle, je me régale à prendre des photos tout au long de la route qui alterne entre roches rouge, dunes dorées mais aussi dunes recouvertes d’un délicat duvet de verdure suite aux pluies de ces dernières semaines. A plusieurs reprises, nous apercevons des springbocks et même des girafes, comme ça au milieu de nulle part ! Pépère passe sans encombre 2 passages un peu techniques, dont le franchissement d’un lit de rivière bien sablonneux. Nous trouvons de jolis bivouacs en pleine nature avec des vues à couper le souffle. Seul bémol de ces derniers jours : la poussière ! On a beau essayer de calfeutrer toutes les ouvertures, elle s’infiltre par le moindre interstice de la cellule et recouvre tout d’une fine pellicule blanche. C’est l’horreur, il y en a sur les lits, dans les placards, dans la vaisselle… tous les soirs quand on s’arrête, on essaie de dépoussiérée du mieux que nous pouvons mais ce n’est pas très efficace, on respire poussière, on dort poussière, on mange poussière. Ajoutez à cela qu’il fait très chaud (autour de 40°) et très sec. Nos yeux sont rougis, on a la gorge sèche alors qu’on boit toute la journée… non vraiment, ce n’est pas de tout repos ! Mais nous ne sommes pas à plaindre, évidemment car nous profitons pleinement de notre liberté. Un peu (beaucoup !) de poussière, ce n’est pas cher payé finalement 😉
A Twyfelfontein, nous nous arrêtons pour visiter quelques attractions locales : Organ pipes (tuyaux d’orgue), une étrange formation rocheuse au milieu de nulle part : dans un petit canyon, des blocs rectangulaires de basalte sont parfaitement dessinés, serrés les uns contre les autres à la verticale. Un peu plus loin, la Burnt Montain (= montagne brulée) est un monticule de terre noire violacée au milieu de roches rouges. Bon on vous l’avoue, on ne tombe pas vraiment sous le charme du lieu, Martin, pragmatique ponctuant même la visite du site de cette phrase : « ah ouais ok, je comprends pourquoi ils ne font payer que 40NAD (= environ 2€) ». L’après-midi, nous faisons une balade avec un guide sur un site de gravures rupestres vieilles de 4000 à 6000 ans. C’est toujours étonnant de se dire que les hommes habitant ici, en plein désert, ont côtoyé des otaries et des phoques ! La balade est sympa, mais gâchée par l’un des enfants qui ne voulait pas sortir du camping-car et qui met toute la mauvaise volonté du monde à marcher 1 kilomètre dans les rochers. Oui oui vous avez bien lu, grosse crise pour une balade de 1km.... Ah les joies du voyage en famille, ce n’est pas tous les jours simple quand même !
Après les gravures, nous voulons jeter un œil sur un gouffre mentionné dans notre guide. On s’engage sur une piste mais on ne le trouve pas, jusqu’à ce qu’un 4x4 propose de nous y conduire : il fait un long détour pour nous permettre de prendre des pistes accessibles avec notre gros pépère, nous faisant prendre des traces qui ne sont même pas sur notre GPS et qu’on n’aurait jamais prises sans lui ! Au final, le gouffre n’a pas grand intérêt, un trou au milieu de nulle part dont nous ne voyons pas le fond. Je serai bien restée dormir ici mais nous avons vu des panneaux indiquant que nous étions dans une zone protégée et que le camping était interdit. Bon, on imagine mal quelqu’un venir nous dire quoi que ce soit mais on préfère respecter la règle, il y a suffisamment de jolis coins pour dormir ici ! Nous retournons d’ailleurs au même bivouac que la veille, sur un promontoire rocheux avec une vue fabuleuse en contrebas.
Le lendemain à 7h, nous sommes réveillés par un « toc toc – good morning ! ». Renaud descend en grognant un peu, 7 heures c’est tôt pour nous ! L’homme nous demande de l’argent, prétendant que nous sommes dans la zone protégée. Pas de bol, nous savons que nous ne sommes pas dans la zone, et le fait de le voir à pieds, en sandales et dépenaillé nous confirme ce que nous pensons : il a vu notre véhicule et s’est dit qu’il pourrait glaner quelques dollars facilement. C’est drôle, comme souvent lorsqu’on dit « non » ici en Namibie, il a l’air surpris. J’imagine que la plupart des touristes paient ou donnent quelque chose sans contester. Il n’insiste pas trop et repart quelques minutes plus tard.
Après Twyfelfontein, nous avions envisagé de prendre la piste rejoignant la côte mais nous sommes confrontés à un petit problème inédit depuis toutes ces années de voyage : nous n’avons presque plus rien à manger ! Cela fait déjà 1 semaine que nous n’avons plus de légumes ni de fruits (à part quelques pommes), nous n’avons plus rien au congel, plus de lait, plus de sauces pour les pâtes et nous n’avons pas trouvé grand-chose à part des pommes de terre et des oignons dans les villages traversés précédemment. Nous prenons donc la direction de Khorixas, la « grande » ville du coin pour nous approvisionner. En chemin, nous faisons un stop pour découvrir une forêt pétrifiée : il y a 218 millions d’années, une énorme crue à charrié des arbres depuis l’Afrique centrale jusqu’ici, les enfouissant dans une épaisse couche de boue. Sans oxygène ni dioxyde de carbone, les troncs n’ont pas pourri, mais des minéraux ont peu à peu remplacé les cellules « vivantes ». C’est impressionnant, on dirait vraiment du bois mais ce sont bien des troncs de pierre qui sont devant nous, vieux de plusieurs millions d’années ! Je suis seule avec Martin pour faire la visite : Renaud n’était pas motivé et voulait bricoler un peu, les deux grands trainaient un peu les pieds et je n’avais pas envie de revivre la balade un peu pénible de la veille. Avec mon petit poussin, tout s’est bien passé et il était super content de faire une activité seul avec moi. Pour dormir, nous trouvons un bivouac encore magnifique en pleine nature près de formations rocheuses sur lesquelles les enfants passent un long moment à crapahuter (sans les parents, c’est toujours plus sympa !). Nous passons une excellente soirée dehors, lumières éteintes, à contempler le ciel étoilé. Comme on voit bien la voie lactée d’ici, loin de tout !
Ce matin, pendant que j’écris ces lignes, c’est Renaud qui exceptionnellement s’occupe de l’école. Ce n’est pas son truc, et je ne peux pas m’empêcher de rire quand je les entends :
Renaud : mais enfin… tu ne peux pas calculer en mélangeant des choux et des carottes !
Louise : ben si…
Renaud : et donc, ça te donne un résultat en choux ou en carottes ?
Louise : ben… en légumes !
Mouahaha j’adore le sens pratique et la répartie de ma louloute 😉
Nous allons poursuivre notre route dans la région du Damara, vers le massif de Brandberg. Le camping-car se porte bien, nous roulons doucement mais Renaud ne sent pas de grande différence sans la barre stabilisatrice. Bref, tout va bien pour nous !