Du 4x4 dans les dunes
Vendredi 23 avril, après avoir fait quelques dernières emplettes à Swakop (dont un passage dans une jolie librairie !), nous arrivons en milieu de journée à Walvis Bay, la 2ème ville du pays avec ses 100 000 habitants. Alors que les 2 villes sont séparées par une ceinture de dunes, nous sommes accueillis à Walvis par une allée bordée de palmiers. Au large, quelques plateformes pétrolières. Nous faisons un tour sur l’esplanade en front de mer et bavons devant les belles maisons modernes servant de résidences secondaires ou de locations saisonnières. Nous décidons d’aller nous poser pour la nuit au pied de la dune 7 un peu à l’extérieur de la ville. Pendant que les enfants grimpent la dune et s’essaient au foot au sommet, Renaud et moi nous lançons dans un nettoyage approfondi du poste de conduite, on en a un peu marre d’être sans arrêt dans la poussière. Mais le fait de savoir que nous retournerons sur des pistes bien sèches juste après Walvis nous décourage de nettoyer complètement notre habitacle… on verra ça après la Namibie, en attendant on continuera d’épousseter chaque T-shirt « propre » sortant du placard…
Le lendemain, nous partons sur la lagune de Walvis Bay. Ici, on trouve des kilomètres de salines qui produisent 90% du sel sud-africain. Il est extrait ici et envoyé brut à Port-Elisabeth où il est ensuite raffiné et traité pour répondre aux normes européennes. La zone est très marécageuse et attire des milliers de flamants. Mais c’est surtout la couleur rose des salines qui nous surprend : elle est due à la combinaison d’une bactérie, de l’eau très salée et d’une faible profondeur d’eau réchauffée par les rayons du soleil. C’est vraiment très joli ! Nous prenons une route de sel jusqu’à ce que nous ne puissions plus avancer, bloqués par le sable mou du désert de part et d’autre. L’océan est à quelques mètres de nous, et c’est ici que nous passons la nuit, bien au chaud dans notre cocon tandis que la température descend à 15° et qu’une brume humide nous enveloppe. Quand je pense qu’il y a quelques jours nous crevions de chaud dans le désert ! Ce pays est décidément plein de contrastes.
Dimanche, nous trainons sur notre spot le matin et venons en aide à 2 4x4 et 1 voiture qui s’enlisent dans le sable près de nous. Ils sont trop loin pour que nous puissions les tirer sans nous enfoncer nous-même, mais Renaud donne un coup de main pour creuser, pousser et fournir la sangle qui les sortira de là. Ça nous confirme que ces pistes nécessitent un peu de pratique de conduite dans le sable ! Puis nous retournons en ville car nous avons RDV avec une famille voyageuse rencontrée lors d’un rassemblement avant notre départ. Les Yolo (= « you only live once », j’adore leur nom de voyageurs !) : Gaëlle, Arnaud, Marie, Jeanne et Simon. Un peu comme nous, ils ont dû laisser leur camping-car en Uruguay en mars 2020 après 7 mois de voyage en Amérique du sud. Ils ont acheté un van pour sillonner les routes d’Europe en attendant de pouvoir y retourner. Malheureusement, les frontières uruguayennes sont encore bien fermées. Au moment du confinement de cet automne, ils ont mis les voiles en sac à dos en Amérique centrale et les voici aujourd’hui en Namibie où ils ont loué un véhicule pour 1 mois. Un bel exemple d’adaptabilité en cette période où voyager est à la fois exaltant et compliqué ! Nous les embarquons sur le bivouac au pied de la dune 7 et nous passons une très bonne première soirée avec eux, à peine ternie par le vol de notre ballon (acheté quelques jours auparavant) dans l’obscurité.
Le lendemain, nous allons tous ensemble sur la lagune et nous pique-niquons là où nous avons dormi 2 jours avant : cette fois-ci, le soleil brille et nous nous amusons sur la plage, sans tenter la baignade toutefois car l’eau est toujours aussi glacée. En fin d‘après-midi, nous revenons en ville pour aller au seul camping de Walvis : nos amis sont en 4x4 avec tente de toit et donc moins autonomes que nous et les bivouacs venteux de la côte sont impossibles avec les tentes. Aucun problème pour nous : nous profitons des installations du camping pour prendre de longues douches chaudes et faire une grosse machine. Nous passons encore une super soirée autour d’un braii (=bbq) avec les traditionnels chamallows en dessert.
Mardi 27, nous mettons le réveil car nous partons en excursion tous ensemble. Il y a beaucoup d’activités à faire autour de Swakop et de Walvis bay : du quad dans les dunes, du kayak ou du catamaran avec les otaries, des excursions à la recherche des « petits animaux » du désert, du sandboard et plein d’autres choses encore. Mais, car il y a un « mais », ces activités sont assez chères par rapport à notre budget de voyageurs au long cours, d’autant qu’ils sont souvent facturés par personne. De notre côté, nous décidons de n’en faire qu’une seule et le fait d’être 10 me permet de négocier un prix « raisonnable » (hum hum). Mais après tout, jusqu’à présent en Namibie nous sommes un peu en-deça de notre budget donc on peut bien se faire plaisir ! C’est donc parti pour une excursion en 4x4 à Sandwich Harbor avec l’agence Red Dunes Safari. Départ à 8h30 de Walvis, nous sommes un peu perplexes car le temps est très couvert, vous n’avez qu’à regarder la photo des flamants sur la lagune où l’on ne distingue même pas l’horizon ! Mais Jacques, notre guide nous assure que le temps est idéal et que le ciel va se découvrir. Et effectivement c’est le cas 1 heure plus tard juste au moment où nous entrons dans le parc national du Namib Naukluft, porte d’entrée de Sandwich Harbor. Le 4x4 passe au raz des vagues, l’accès est limité aux périodes de marée basse parce qu’à marée haute, l’océan vient lécher les grandes dunes de sable doré, c’est d’ailleurs la spécificité du coin, un spectacle unique ! En chemin, nous faisons quelques stops pour admirer le paysage et nous dégourdir les jambes. A un moment le 2ème guide (car nous sommes à 2 véhicules) se met à creuser dans le sol pour en sortir un rare gecko du désert, incroyable avec sa peau translucide au travers de laquelle on peut observer tous ses organes. On le remet rapidement dans son terrier, les rayons du soleil risquant de le tuer en quelques minutes.
Nous quittons ensuite le littoral pour grimper dans les dunes, et quand je dis grimper c’est vraiment raide, nous nous accrochons comme nous pouvons à l’intérieur du véhicule ! Le panorama sur la lagune de Sandwich Harbor est incroyable. Où que l’on regarde, à 360° on s’émerveille : la lagune devant, les dunes à gauche, la vue sur l’océan à droite et une perspective magnifique sur les dunes se jetant dans l’océan derrière. Comment vous dire… nous savourons ce moment ! Nos guides nous laissent seuls au sommet de ce point de vue spectaculaire, on enchaine des dizaines de photos, les enfants se laissent glisser dans les dunes, improvisent une séance de saute-mouton… jusqu’à la grande descente à fond la caisse pour rejoindre les 4x4 en bas. Les parents restent en retrait pour prendre des photos et filmer la descente… enfin sauf Renaud qui ne résiste pas et fait la course avec les enfants 😉.
L’excursion se poursuit avec un tour de conduite dans les dunes, une première pour nous : Jacques maitrise parfaitement son véhicule et nous crions fort à l’intérieur quand il prend des descentes vertigineuses ou bien des virages en mode « roller coaster » ! La petite surprise ajoutée par l’agence, c’est un moment de pur fun : 4 planches de bois souple bien cirées et c’est parti pour 1 bonne heure de descentes à plat ventre. Une mauvaise manœuvre et c’est l’ingestion de sable assurée, mais quel bon moment ! Je vous laisse deviner lequel des adultes s’élance en premier 😉 C’est ensuite l’heure de déjeuner au milieu des dunes, puis de reprendre la route. Nous sommes de retour à Walvis vers 14h30, et c’est là que nos chemins se séparent avec nos amis les Yolo : ils poursuivent leur découverte de la Namibie vers le nord, nous vers le sud. Mais quelques heures plus tard, alors que nous sommes à peine sortis de la ville (car on a fait une pause pour chercher de nouveaux pneus), un petit message whatsapp : « finalement nous sommes de retour à Walvis et vous avez oublié votre shampoing au camping ! ». Sans hésiter, nous faisons demi-tour pour les rejoindre et passer une dernière soirée ensemble.
Mercredi 28 : cette fois on prend la route du sud ! Oui mais bon, il parait qu’une baleine bleue s’est échouée sur une plage au nord de Walvis, on pourrait y faire un saut juste pour voir ? De la baleine on ne verra ni la queue ni la nageoire et personne dans le coin (même les policiers) ne semblent au courant. Avec tout ça, il est l’heure de déjeuner, et nous sommes remontés à quasiment 15km de Swakopmund, où nos amis ont prévu de goûter le fabuleux fish and chips du food truck jaune dont nous leur avons parlé. Allez, un dernier déjeuner ensemble et cette fois, vraiment, nos chemins se séparent ! C’était vraiment super ces 3 jours avec eux ! Nous avions envisagé de dormir au Kuiseb Canyon le soir, mais il fait partie d’un parc national et toutes les pistes partant de la route principale indiquent qu’un permis est obligatoire pour y pénétrer. Je doute que quiconque vienne vérifier mais (pour une fois) nous respectons la règle et nous dormons au bord de la route principale dans un joli panorama rocheux (et une seule voiture passera sur la route entre 18h et 10h. Demain, c’est à nouveau le désert qui nous attend, mais pas n’importe lequel : le désert du Namib, le plus vieux du monde…