De rochers en rochers
Après plusieurs jours de bivouacs sauvages et de pistes poussiéreuses, nous décidons d’aller dans un camping pour recharger nos batteries. Pas que nous soyons particulièrement à plat, mais ça nous fera du bien de profiter d’une jolie piscine. Ah ben oui, quitte à payer un camping, il faut au moins qu’on puisse faire trempette ! Le camping du White Lady Lodge est tout simplement magnifique, une oasis de verdure au milieu de formations granitiques rosée… que dire de plus ! Nous restons 2 jours à ne rien faire, à nous baigner dans la piscine d’un bleu irréprochable (ça change !), à bouquiner sur un transat, à déguster de délicieux milkshakes… Le camping est immense, mais nous ne sommes qu’une poignée de véhicules. Normalement (c’est-à-dire hors Covid), il faut réserver plusieurs mois à l’avance un emplacement ici. Et nous, nous avons la piscine pour nous tous seuls ! Les enfants préparent le brai pour le diner du soir : courge butternut et pommes de terre en papillote + saucisse délicieusement relevée… on se régale. Le 2ème soir (lundi 12 avril), les employés du lodge viennent sur notre emplacement pour nous proposer un petit spectacle de danses et de chants. C’est sympa et nous rions bien quand, au milieu des chants traditionnels liés au cycle de la vie ou des saisons, ils interprètent une chanson en hommage à Toyota, effectivement présent partout dans le pays et selon eux la seule marque vraiment adaptée aux pistes namibiennes 😉.
Mardi 13 avril, nous prenons notre temps pour profiter un maximum de la piscine et retarder le moment de replonger dans la poussière, et il est plus 15h quand nous levons le camp. Direction : le massif du Brandberg où nous souhaitons faire la petite randonnée de 5 kilomètres conduisant à la peinture rupestre nommée « white lady ». La piste pour y parvenir est encore magnifique, la montagne la plus haute de Namibie (2780m) se dressant au milieu d’un paysage désertique. Nous arrivons à la gate vers 16h, mais la guide qui doit nous accompagner ne semble pas franchement motivée pour démarrer la balade. Elle nous affirme que le site est fermé… alors qu’on a les horaires sous les yeux et que c’est censé fermer à 18h… Mais il fait très chaud aujourd’hui, ça ne nous embête pas plus que ça de revenir demain à la fraîche. Nous rebroussons chemin pour trouver un joli bivouac en pleine nature. Mais après la tombée de la nuit, alors que nous voulions diner dehors, d’énormes sauterelles se mettent à nous attaquer. Si si, nous attaquer ! Bon le fait que je déteste les insectes et que j’ai peur d’une simple punaise m’autorise peut-être à amplifier un peu la situation. Mais quand même, ces sauterelles de la taille de ma main (là je n’exagère pas !) se jettent littéralement sur nous et sur le camping-car, attirées qu’elles sont par la lumière. Hors de question que je reste dehors, non seulement je me rue à l’intérieur mais je m’enferme dans la salle de bain le temps que Renaud et Eliott fassent sortir les quelques téméraires qui ont réussi à s’infiltrer à l’intérieur. Pas de ciel étoilé pour ce soir, donc, et nous dinons à l’intérieur, crevant de chaud, nos conversations ponctuées par le bruit des sauterelles heurtant les moustiquaires… ça ne me semble pas très intelligent, une sauterelle géante…
Le lendemain, nous sommes à 8h30 devant l’entrée. Un guide nous accompagne pour la balade qui durera 2h30, passant par un joli canyon. C’est la seule balade (payante) autorisée dans la zone protégée du Brandberg, le guide nous parle de treks possibles sur plusieurs jours pour aller voir d’autres peintures rupestres, mais il faut une autorisation spéciale… et l’envie, aussi 😉 Nous nous contenterons donc de la « White Lady », qui au demeurant n’est ni white, ni lady ! Lors de la découverte de cette peinture au début du XXème siècle, les premières théories étaient qu’elle représentait une femme blanche… d’où son appellation ! Mais quelques dizaines d’années plus tard, cette théorie a été réfutée, et les chercheurs s’accordent désormais pour dire qu’il s’agit plutôt d’un chaman en pleine transe, le corps décoré et peint comme le voulait la coutume des bushmen lors des cérémonies. Aux côtés du chaman, de nombreux animaux et des représentations humaines, le style et les couleurs différents permettant d’identifier que les peintures ont été réalisées à différentes époques. A cette époque (entre 4000 et 6000 ans !), les peintures étaient un moyen de communication entre les différents clans : des indications pour trouver les animaux, repérer la direction de l’eau et laisser des traces de la vie de la tribu. Malgré la chaleur, la rando est sympa, ça fait du bien de marcher un peu, même si nous devons subir les jérémiades de l’un des enfants (mais pas le même que la dernière fois, quand c’est pas l’un c’est l’autre !). A la sortie du parc, nous croisons 4 jeunes français. Alors que nous discutons et que je leur parle de la route pour monter à Epupa, l’un d’eux me lance alors « ah oui, c’est là que les himbas n’ont pas trop aimé la salade ? ». Je reste un moment scotchée. Deux d’entre eux, qui parcourent l’Afrique à vélo (!!), nous suivent sur le blog depuis quelques semaines et nous ont reconnus. Même si je sais que nous sommes lus par de nombreuses personnes que nous ne connaissons pas, ça fait vraiment bizarre de le constater « en vrai » ! Après le Brandberg, nous visons le Spitzkoppe, un autre massif montagneux une centaine de kilomètres plus au sud. On se permet même le luxe de prendre des raccourcis sur des pistes un peu sablonneuses, Pépère n’a peur de rien !
notez que là, au milieu de nulle part, nous captons un bon signal 4G... les mystères du réseau namibien !
Mais nous irons plutôt le lendemain, en attendant nous trouvons un magnifique spot pour bivouaquer le soir : en bordure de la zone protégée du Spitzkoppe (traduisez : ils ont privatisé le massif en l’entourant d’une clôture et imposent de payer un droit d’accès) près d’un gros rocher arrondi sur lequel les enfants se précipitent pour faire des glissades (RIP les shorts !) avec une vue incroyable sur le massif sous la lumière dorée du soleil couchant. Vraiment un bel endroit ! Après le répit du camping, la poussière a repris ses droits dans notre maison sur roues. En entrant se coucher dans son lit, Martin se met à tousser bruyamment, un nuage de poussière s’envole de ses draps : on a nettoyé « en gros » en s’arrêtant mais sans sortir les matelas. Or le sien, au ras du sol, est celui qui récupère le plus de poussière. Impossible qu’il dorme dans ces conditions ! Ni une ni deux, on déplie le lit « des invités » sur la dinette et il est tout content de s’y installer pour la nuit (et probablement les nuits suivantes, d’ailleurs !).
Ce matin (jeudi 15 avril), nous zappons donc à nouveau l’école pour entrer pas trop tard dans le parc. Et nous passons une très très belle journée ! Les rochers arrondis et polis par l’érosion créent un paysage un peu lunaire, nous grimpons/escaladons au sommet d’énormes rochers, les enfants étant évidemment bien plus à l’aise que moi à ce jeu (vous ai-je déjà dit que Louise, ma fille chérie, me surnomme « la vieille carcasse » quand on fait des marches un peu acrobatiques ?). L’une des grimpettes doit même se faire à l’aide d’une chaine tellement c’est raide, pour découvrir un pan de mur recouvert de peintures rupestres. Et gros fou-rire familial que je vous partage : c’est évidemment super d’avoir les sites pour nous et de ne pas voir d’autres touristes. Mais ça complique un peu quand on veut faire une photo de famille, tous les 5 sous la célèbre arche de Spitzkoppe. On essaie avec le retardateur mais c’est un échec hilarant : Renaud ne parvient pas à grimper les derniers mètres à la verticale et l’appareil se déclenche alors qu’il retombe en dessous de nous. Finalement, on triche un peu et on ne fait pas la photo sous l’arche à proprement parler mais un peu en contrebas… à près tout, on s’en moque, non ?
Notre périple dans le fantastique Damaraland s’achève en nous en mettant plein les yeux, et je ne parle pas uniquement de la poussière ! Evidemment, il faut aimer les paysages minéraux et arides, mais comment ne pas s’extasier devant cette nature sauvage ? Nous n’avons pas vu beaucoup de villages en chemin, parfois quelques tristes maisons faites de tôle et/ou de bois… ça ne doit pas être un environnement facile pour y habiter ! Demain (nous redormons ce soir au même endroit qu’hier), nous allons changer complètement de paysage, pour découvrir une toute autre facette de cet immense pays. Je ne vous en dis pas plus pour l’instant, mais on devrait perdre quelques degrés !