Rencontre avec nos ancêtres les San
Vendredi 5 mars, nous prenons notre première longue piste namibienne. Une ligne droite parfaite gravillonnée d’un blanc éclatant, on y roule à 70km/h sans problème. Enfin, presque sans problème puisqu’avec les graviers ça vibre un peu quand même et à un moment j’entends un grand bruit métallique de mon côté. « Oups chéri, je crois que le marchepied est tombé ! ». Demi-tour, effectivement la « façade » du marchepied est parterre, à peine abimée. On la met dans le couloir et c’est reparti ! Aujourd’hui, nous allons en territoire San, une ethnie représentant environ 3% de la population namibienne. Les San sont des chasseurs-cueilleurs, parfois appelés bushmen ; ils sont considérés par les spécialistes comme les 1ers êtres humains dont nous serions tous, aujourd’hui, les descendants ! Incroyable, non ? A force de guerres et de métissages, les San ont disparu de la plupart des pays qu’ils ont peuplé, à l’exception de la Namibie où l’on peut les trouver plus particulièrement dans la partie nord-est du pays. Ils ne seraient plus que 100 000, plus de la moitié métissés et parmi les peuples les plus démunis de la Namibie. Intégrés à la société, ils sont employés dans des fermes pour la plupart et leurs traditions et mode de vie se perd peu à peu. Mais des « living museums » ont vu le jour afin de conserver ce témoignage précieux. Concrètement, des familles vivent dans une sorte de « village témoin » et proposent aux touristes de découvrir leur culture par le biais d’activités. Cela nous a fait penser aux villages vikings en Scandinavie qui ont la même philosophie : rendre passionnante la découverte d’une civilisation disparue.
Mais avant d’arriver au village, nous nous arrêtons à un embranchement : devant nous 6 kilomètres de piste qui a l’air bien sablonneuse. Renseignements pris auprès d’un villageois, elle l’est effectivement et il doute que nous puissions y parvenir en camping-car. Zut ! On a bien envie de tenter, mais il est déjà plus de 18h, si on se plante autant que ce soit le matin qu’on ait le temps de s’en sortir sans stress😉. Nous demandons au villageois si nous pouvons nous garer devant sa maison, ce qu’il accepte sans aucune difficulté. Mais surprise, pour la première fois depuis que nous sommes en Afrique et que nous nous garons à proximité de maisons, personne ne semble intéressé par notre présence. Aucun regard, aucun sourire, pas un gosse tournant autour de nous… rien… nous avons l’impression d’être transparents ! Du coup nous ne savons pas trop quoi faire, nous aurions bien engagé la conversation mais nous craignons un peu de déranger. De toute façon, c’est presque l’heure de diner donc ce soir c’est chacun chez soi !
Le lendemain, après l’école, nous partons à l’assaut de la piste. Notre hôte nous propose un bon compromis : un 4x4 conduira devant nous et nous tirera en cas de difficultés. C’est parfait ! Mais c’est finalement inutile puisque pépère s’en sort comme un chef même sur certains passages effectivement très très mous pour nous. Arrivés au pied d’un grand arbre, nous faisons la connaissance de notre guide, Henry, plus petit que moi et vêtu d’un simple pagne. Il parle un bon anglais et pourra nous expliquer plein de choses sur sa famille et son ethnie. Nous remarquons d’emblée que les San sont très petits, certains adultes sont à peine plus grands que Martin ! Après échange (et négociation) avec Henry, nous choisissons de faire un programme en 3 temps : en fin de matinée 1 atelier « artisanat » où les garçons fabriquent un arc et les filles des bijoux à base de coquille d’œuf d’autruche, le soir une démonstration de danses et de chants traditionnels, et le lendemain matin une marche dans le bush. Nous dormirons pour une somme très modique sur un emplacement de « camping » proche du village. Nous avons adoré le premier et le 3ème atelier, où on sentait les gens contents de nous partager leurs savoirs et leurs pratiques. La marche dans le bush a été très instructive, nous y avons ramassé des pommes de terre sauvages, du camphre pour soigner les courbatures, du poison pour nos ennemis etc. En toute franchise, nous avons moins apprécié la démonstration de danse où l’on a ressenti que ça faisait plus artificiel et forcé, plus « spectacle » que partage. En résumé, nous avons beaucoup aimé cette visite, les grands comme les enfants. Le fait que nous soyons seuls a certainement contribué à notre enthousiasme et au côté chaleureux de l’accueil. Et nous en avons profité pour faire pas mal de photos, il faut avouer que les femmes comme les hommes sont très photogéniques !