En direct du parc Etosha
Je vous ai laissés dans le dernier article tandis que nous mangions des crocodiles. Aujourd’hui pas de crocos en vue, mais des centaines d’animaux sauvages dans l’un des plus grands parcs nationaux d’Afrique : le parc d’Etosha. Nous y sommes depuis 5 jours déjà. Des journées bien remplies et pas forcément reposantes ! Mais avant que je vous raconte tout ça, revenons un peu en arrière car je voudrais vous parler de la découverte que nous avons faite la semaine dernière : ici en Namibie une famille cultive des raisins pour en faire du vin ! Je savais que ça se faisait évidemment en Afrique du sud, mais pas en Namibie. A vrai dire, ce n’est pas courant du tout ici et l’exploitation familiale reste bien modeste avec 7000kg de raisins ramassés et une vente directe régionale pour l’essentiel. Nous rencontrons Gilmar et Tamara, les 2 gérants et passons une très agréable soirée avec eux à déguster leur production : 1 vin rouge, 1 blanc sec, 1 blanc sucré et une sorte de marc/grappa. Peut-être ne le savez-vous pas, mais Renaud vient d’une famille de viticulteurs dans les côtes du Rhône (Vive Rasteau !), et pas mal de nos amis sont dans le domaine également. Nous avons donc pu parler un peu technique, cépages, vendanges etc. C’est marrant de voir comment ils procèdent, de façon tout à fait empirique en mode essai/erreurs : ils regardent sur internet quels cépages sont utilisés en France, au Portugal, en Espagne, et essaient de les cultiver sur quelques rangées et de tester des assemblages. Au final, leur vin n’est pas inintéressant, et nous leur prenons 2 bouteilles pour soutenir leur travail. Le lendemain, Gilmar nous montre l’étang où ses enfants (qui sont à l’école) aiment se tremper. Enfin étang… grande flaque de boue serait plus approprié ! Le genre d’endroit où je n’aurais jamais laissé mes enfants se baigner s’il ne nous avait pas dit que c’était ok. Evidemment, ils passent un super moment à patauger dans la boue (à se la jeter à la figure aussi…) et à rejoindre les différents îlots couverts de roseaux.
Après le déjeuner, nous prenons la route vers Tsumeb, dernière grande ville avant Etosha, nous faisons donc de grosses courses en prévision d’une bonne semaine dans le parc. Nous dormons en pleine ville près d’un parc avec quelques jeux pour les enfants, ça fait une éternité qu’on n’en avait pas vu ! On aurait bien visité le petit musée de la ville (riche en minerais apparemment), mais il est fermé à cause du Covid, l’un des rares trucs fermés dans le pays, on ne s’en sort pas si mal. Avant de rejoindre Etosha, on pense dormir une nuit au bord d’un petit lac d’eau douce, connu dans la région par le fait que les allemands, après leur défaite lors de la 1ère guerre mondiale, ont jeté au fond du lac toute leur artillerie pour ne pas qu’elle tombe aux mains des ennemis : canons et mitraillettes se trouvent donc dans les profondeurs du lac, où la baignade est interdite. Des opérations de « nettoyage » ont eu lieu mais il en resterait encore. Le site est payant, nous arrivons à négocier la gratuité pour les enfants et heureusement car il ne casse pas 3 pattes à un canard et on en fait vite le tour le temps de notre pause déjeuner. Du coup, changement de plan on ne dort pas ici, on enchaine directement sur Etosha !
Alors je vous le dis d’entrée, ce n’est clairement pas la bonne période pour visiter ce parc, la fin de la saison des pluies rendant les animaux difficiles à apercevoir dans la végétation dense et surtout ils ont moins tendance à se regrouper autour des points d’eau comme en saison sèche. Et effectivement, il faut parfois rouler de longues heures pour apercevoir des animaux en liberté. Depuis 5 jours que nous sommes dans le parc, nous avons une petite routine : le matin réveil à 6h45 pour pouvoir prendre la route dès l’ouverture du campsite à 7h et aller nous trouver un spot sympa pour petit-déjeuner. Retour au campsite en fin de matinée, à l’heure où plus aucun animal n’est visible. On profite des installations et notamment de la piscine 😉 Puis vers 16h on ressort pour explorer de nouvelles pistes jusqu’à la fermeture de la gate à 19h15, heure à laquelle il n’est plus possible de conduire dans le parc. Et c’est là qu’on galère un peu en terme de timing car vers 20h c’est l’heure à laquelle il faut se rendre au point d’eau illuminé du campsite pour espérer apercevoir des animaux de près. Ou bien 21h, voire plus tard. Pas évident de caler le repas du soir là-dedans… vous voyez que nous avons vraiment des problèmes existentiels ! Les pistes sont bonnes dans l’ensemble, mais si quelques tronçons avec de la tôle ondulée mettent nos nerfs à rude épreuve car tout vibre et fait un bruit épouvantable dans la cellule. Mais globalement c’est ok, et en tout cas un 4x4 n’est absolument pas nécessaire pour profiter du parc. On profite en ce moment des « réductions Covid », 170NAD (80 par adulte + 10 pour le véhicule) l’entrée pour nous plus le véhicule et 400NAD la nuit en campsite (il est évidemment interdit de faire du camping sauvage dans le parc !), soit une trentaine d’euros par jour tout compris, on est loin des prix pratiqués au Kenya et en Tanzanie ! Coté météo, comme je vous le disais plus haut, c’est plutôt mitigé. On a eu 1 belle journée, de belles éclaircies, mais c’est assez souvent couvert, et nous avons eu de la pluie 2 fois le matin et 2 fois en fin de journée. Comme le fait remarquer Martin : « mais à quoi ça sert de faire des kilomètres pour voir des points d’eau lorsqu’il y a autant de flaques par terre ? ». Mais les points d’eau restent quand même des lieux de concentration, et souvent de beaux points de vue. Le paysage est varié dans Etosha, il faut dire que nous faisons environ 150km par jour ! On passe du bush aux acacias serrés aux immenses plaines de savane où un seul arbre se dresse à l’horizon, en passant par le pan d’etosha, un désert de sel englobé dans le parc et inaccessible en véhicule.
Je ne vais pas vous faire le détail de nos journées jour par jour, mais voici quelques moments forts :
- Dès notre arrivée dans le parc, nous prenons la direction du Klein Namutoni et en prenons plein les yeux : des dizaines de girafes, des zèbres, des antilopes, 2 chacals, tous réunis sur un même panorama. Je crois que c’est le plus beau « tableau » d’ensemble que nous a offert le parc jusqu’à présent.
- Un peu plus loin, la dik dik drive nous permet de voir … des dik dik ! ce sont de minuscules antilopes, très vives, qui mesurent une quarantaine de centimètres à l’âge adulte. Comment ne pas craquer pour ces grosses peluches ? Eliott voudrait en apprivoiser une…
- Martin de son côté est fan des zèbres, qui sont pour lui les plus beaux animaux d’Afrique. Et ça tombe bien, c’est certainement l’animal que nous voyons en plus grande quantité à chaque sortie. Ici, les zèbres sont différents de ceux d’Afrique de l’est. Ils ont une rayure sur deux un peu estompée, et des reflets roux dans la crinière et sur le museau. Nous avons la chance d’apercevoir parfois quelques bébés, on les sent un peu fragiles sur leurs pattes.
- Moi je craque sur les oryx, tellement élégants avec leurs immenses cornes et leur ligne puissante. Bizarrement, personne n'a envie de ramener un gnou à la maison, ils sont un poil moins séduisants...
- Nos petits-déjeuners se font vraiment dans de jolis cadres. Parfois, il n’y a pas d’animaux sur le spot que l’on choisit, mais parfois il y en a, comme à Chudob, ce point d’eau assez photogénique avec son ilot de roseaux en son centre, qui nous permet de manger nos tartines tout en admirant zèbres, impalas, gnous, et autres oiseaux. On n’a qu’à se regarder avec Renaud dans ce genre d’environnement pour se dire « on n’est pas mal, là… »
- Ah les oiseaux, parlons-en ! il y en a des centaines, des milliers ! Pas faciles à prendre en photo et à reconnaitre, mais on essaie parfois. Il y en a un qui nous fait rire : on le trouve souvent sur le sol au bord de la route, et quand on passe il pousse de grands cris comme s’il nous criait dessus ou s’il voulait prévenir à des kilomètres à la ronde. Car son cri est super fort, parfois quand on ne l’a pas repéré avant, il nous fait sursauter dans le camping-car !
- Hier, on a vu des rhinocéros noir à moins de 30 mètres de nous ! Impressionnant ! On les a cherchés longtemps, on apercevait leurs bouses sur la piste mais on n’arrivait pas à en voir. Jusqu’à ce que Renaud freine brusquement : 2 beaux rhinos à sa gauche. D’abord un peu cachés par les buissons, l’un des deux finit par s’avancer et marcher en parallèle de nous… magique ! Petite précision, le rhino noir a deux cornes bien marquées, et un museau un peu pointu qui lui permet de manger les feuilles des arbustes, par opposition au rhino blanc, que nous n’avons pas encore vu, qui lui n’a qu’une seule corne et un museau plus « carré » car il broute de l’herbe au sol.
- On a vu une ou plusieurs hyènes chaque jour jusqu’à présent. Elles ont quand même une drôle de démarche avec leurs pattes de derrière plus courtes et leurs oreilles toutes ronde. C’est plus fort que moi, je n’arrive pas à me détacher de l’image de la hyène sournoise et un peu débile du Roi Lion. Pas vous ?
- Autre moment magique, ou plutôt moments magiques : les points d’eau illuminés dans les campings. En fin de journée ou même la nuit, c’est un festival. A celui d’Okaukuejo, j’étais seule avec Louise pendant que les garçons préparaient à manger, rien à l’horizon. On a attendu plus d’une heure, jusqu’à ce qu’on aperçoive enfin un rhinocéros, et quelques minutes plus tard une lionne… hallucinant ! Et le lendemain dans la journée, des centaines d’oiseau sur les berges de la mare, qui ont pris leur envol en même temps sous nos yeux ébahis. A celui d’Halali, c’est 3 rhinos qu’on a pu admirer pendant plusieurs dizaines de minutes ! Et lorsque nous y sommes retournés plus tard pendant que les enfants dormaient, on a vu 2 magnifiques porcs-épics. C’est dingue de pouvoir admirer la vie nocturne des animaux à quelques mètres de nous !
- Chose surprenante, nous n’avons vu qu’un seul éléphant en 5 jours, alors qu’il y en a des centaines normalement. Mais ils se cachent dans le bush, il parait que dans la partie ouest du parc on devrait en voir davantage.
- Et nous n’avons toujours pas vu de guépard ni de léopard… mais nous n’avons pas encore dit notre dernier mot ! Et nous avons vu plein d’autres animaux : mangoustes rayées ou rousses, putois, tortue léopard, varan, écureuils et même un lapin avec d’immenses oreilles !
De mon côté, je vous avoue que je commence à trouver le temps un peu long, par rapport à la densité d’animaux qu’on a pu voir dans la réserve de Mahango, par exemple, je trouve l’immense parc d’Etosha un peu frustrant. Mais Renaud passerait sa journée entière au volant à traquer le moindre écureuil, le moindre oiseau, le moindre mammifère… et pareil pour Martin d’ailleurs, qui adore s’assoir à côté de moi devant pour avoir une meilleure vue et qui répertorie consciencieusement toutes les espèces que nous apercevons. C’est génial de le voir aussi passionné ! Louise et Eliott sont un peu plus en retrait : plongés dans leurs bouquins, la recherche des animaux ne les passionnent pas vraiment, mais ils lèvent la tête quand on leur dit « girafe à droite », « autruche droit devant »… Bon par contre ils ne lèvent même plus les yeux pour les impalas et les springbocks qui font désormais partie du paysage « habituel ». Ah si, on a eu un gros fou rire devant des springbocks qui se sont enfuies devant nous en bondissant bizarrement comme des kangourous, les 4 pattes raides en l’air. Trop drôle !
Allez, je vous laisse avec quelques dernières photos, il est temps d’aller voir ce que nous réserve le point d’eau ce soir.