Voyager en Ouganda en camping-car : infos pratiques et bilan
Pas la peine de tourner autour du pot : on a adoré l’Ouganda ! Une vraie belle surprise venant d’un pays auquel on ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. De magnifiques paysages, des gens adorables, la possibilité de profiter de la nature sauvage et des animaux et des prix plus que raisonnables. Évidemment aucune structure pour les camping-cars, mais nous y avons été très bien accueillis. Pour moi l’Ouganda se résumait à une destination de luxe pour aller à la rencontre (onéreuse !) des gorilles des montages. 3 semaines plus tard, je peux vous dire que c’est bien plus que ça ! Notre seule déception sera d’avoir dû écourter notre séjour pour cause de Covid-19 ☹
Durée : 23 jours, du 23 février au 16 mars 2020
1 800 kilomètres parcourus
Dépenses : 978€, soit 42,50€/jour tout compris.
La vie quotidienne est peu chère en Ouganda, et nous avons retrouvé avec plaisir les joies du camping sauvage (et gratuit) ! Dans nos dépenses il faut compter 138€ de visas pour nos 3 enfants, et 20€ de « Road tax », ce qui nous fait descendre à une moyenne de 35,5€ pour les dépenses quotidiennes, les visites, le gasoil etc. Nous n’avons pas visité de parcs nationaux qui sont moins chers qu’au Kenya mais élevés quand même (40$/adulte et 20$/enfant pour 24h). Mais nous n’avons pas eu pour autant la sensation de nous priver, comme on a pu le ressentir au Kenya ! Dans la catégorie "activités", l'essentiel des dépenses concerne la faune : le trek pour aller voir les chimpanzés (80$ pour 2 adultes) et la balade en bateau près du parc Queen Elizabeth notamment (30$) notamment.
Ce qu’on a aimé
- La région des crater lakes : imaginez un réseau de pistes en terre battue traversant des villages paisibles et serpentant autour de dizaines de petits lacs nichés au fond de cratères volcaniques. Un régal ! Nous avons vraiment adoré cette région où nous avons passé plusieurs nuits, souvent sur le terrain de lodges afin de nous poser près des lacs (les accès en véhicules aux rivages étant souvent « privatisés »). Article à lire ici
- La rencontre avec une famille d’expatriés : ou comment quelques mots échangés à la frontière peuvent se transformer en quelques jours formidables passés chez eux, à Fort Portal. 4 jours au cours desquels nous avons fait du kayak, fêté un anniversaire, envoyé nos enfants à l’école, expérimenté la fête foraine locale et passé de très bons moments avec eux. Merci encore les amis, nous nous souviendrons longtemps de votre accueil ! Article à lire ici
- Les pistes : c’est rare qu’on le dise car clairement nous n’avons pas un véhicule très adapté, mais en Ouganda nous avons vraiment aimé rouler sur les pistes ! D’une part elles sont larges et relativement « damées », mais surtout elles sont magnifiques ! Une terre d’un rouge intense qui contraste avec le vert de la végétation et le bleu du ciel… un régal ! Evidemment par temps de pluie elles deviennent impraticables pour nous et on a frôlé l’embourbement à plusieurs reprises, et par temps sec la poussière soulevée s’est infiltrée dans les moindres recoins du campingcar mais bon… on ne peut pas tout avoir 😉
- Les Rolex : non je n’ai pas subitement des goûts de luxe, je vous parle des « roll eggs », ces chapatis (= galettes de blé) roulés et fourrés à l’omelette. Oui ça baigne dans l’huile mais miam que c’est bon !
- Le parc Queen Elisabeth : ou plutôt le non parc Queen Elisabeth. Nous n’avons pas officiellement visité le parc, et n’avons donc pas payé les droits d’entrée. Mais nous avons circulé sur les pistes « publiques » menant aux villages de part et d’autre du parc. Nous ne pensions pas voir autant d’animaux sauvages en faisant ce choix ! Antilopes, buffles, éléphants, hippos et même les rares lionnes se reposant dans les arbres… Nous avons été gâtés ! Mention spéciale pour le bivouac au milieu des hippos à la tombée de la nuit… mémorable ! Article à lire ici
- Les bivouacs sauvages : Entre l’Ethiopie où c’était vraiment compliqué et le Kenya où nous nous sommes un peu freinés, ça faisait plusieurs mois qu’on n’avait pas vraiment profité de bivouacs gratuits et/ou dans la nature. Nous nous sommes bien rattrapés ici et nous sommes vraiment sentis en sécurité partout. Qu’on se le dise, en ce sens l’Ouganda est un pays tout à fait adapté aux camping-cars 😉
- Le trek chimpanzés : à défaut de tracker les gorilles, nous avons, Renaud et moi tracké les chimpanzés (le récit de cette journée à lire ici). Nous avons adoré la marche dans la forêt dense et surtout l’heure passée à les observer, sans bouger. Ils semblent si proches de nous dans leurs attitudes et modes de communication ! Il y a plusieurs lieux et tarifs pour cette activité. Budget « long voyage » oblige, nous avons choisi l’option la moins chère, à 40$/personne. Je me demande encore ce que nous aurions vu de plus ou de différent en payant 150$/personne. Peut-être plusieurs familles ? ou bien de plus près ? En tout cas aucune frustration de notre côté, c’est certain !
Ce qu’on a moins aimé
- Certains accompagnements populaires : autant on a aimé le Rolex et plusieurs sortes de ragouts, autant on a eu plus de mal avec les accompagnements, en particulier le posho, équivalent de l’ugali kenyan, de la farine de maïs et de l’eau transformés en purée très dense ; idem pour sa variante avec de la farine de mil, le kalo, qui a en plus la particularité d’être marron, d’où la sensation un peu dérangeante d’avoir de la bouse dans son assiette 😉
- La fin de séjour avortée : rien à voir avec le pays en lui-même, mais nous avons été frustrés de devoir raccourcir à cause du covid-19. Nous aurions aimé découvrir un peu plus les abords du lac Bunyuni, voir les gorilles dans la forêt impénétrable de Biwindi.
- Jinja : en réalité nous avons eu un sentiment mitigé à Jinja : c’est une ville vraiment agréable pour les voyageurs : des cafés sympas, des restaurants de différents nationalités, des boutiques de souvenirs alléchantes… mais d’un autre côté, c’est une ville qui nous a paru très artificielle, construite uniquement pour les touristes autour du business des « sources du Nil » et des activités nautiques. Et à 150$/personne la journée de rafting, ou 45$/personne la version familiale d’1h30, c’est un sacré business ! Sans oublier 8$/personne de « droit d’entrée » pour voir le morceau de fleuve censé être la fameuse source… que nous avons vu gratuitement depuis la berge en face.
- Le prix de l’excursion pour aller à la rencontre des gorilles : nous ne l’avons pas faite finalement car nous avons quitté le pays, et nous hésitions beaucoup mais j’avais presque convaincu Renaud de le faire malgré le prix : 600$/personne pour plusieurs heures de marche et 1h au contact des gorilles. Le prix va passer à 700$ au 1er juillet. Il n’y a que 3 pays où apercevoir des gorilles des montagnes : l’Ouganda, la République démocratique du Congo est le moins cher (450$) mais les conditions de sécurité ne sont pas optimales dans ce coin du pays. Et le Rwanda, ou les permis s’arrachent pour la modique somme de 1500$/personne. En Ouganda, le nombre de permis est limité à 80 par jour et les voyageurs sont répartis en groupes de 7 à 8 maximum pour voir la dizaine de familles de gorilles réparties dans la jungle.
Les petits trucs qu’on a remarqués
- Matoke, matoke partout ! Les matoke sont des sortes de bananes plantain, plat important dans l’alimentation ougandaise (bouillies en purée ou bien frites). C’est simple, il y en a partout ! On dirait que chaque maison a son petit lopin de matoke qui pousse à côté. Parfois, ce sont des champs immenses. De nombreux camions parcourent le pays remplis à rasbord, et quand ils déchargent au bord de la route ce sont les vélos qui prennent le relais, tanguant dangereusement sous le poids de ces bananes vertes.
- L’Ouganda est l’un des pays les plus « jeunes » au monde : le nombre d’enfants et de jeunes est impressionnant, il y a un nombre incalculable d’écoles avec des classes surchargées. C’est tellement frappant que j’ai fait une petite recherche sur Internet : l’âge médian ici est de 16 ans ! Ça veut dire que 50% de la population à moins de 16 ans !! ça en fait le 2ème pays le plus jeune au monde, juste derrière le Nigeria avec un âge médian autour de 15 ans. A titre de comparaison, en France c’est un peu plus de 41 ans.
- Une palette de verts incroyable ! L’Ouganda est un pays très vert. Mais il est loin d’être uniforme, et il y a plein de nuances de vert : le vert aéré des grandes feuilles de matoke, le vert intense de la jungle, le vert éclatant des plantations de thé, le vert doux des rizières, le vert sombre des caféiers… Ajoutez-y la couleur rouge des pistes et un ciel bleu azur et vous obtenez un pays vraiment beau à regarder et à photographier.
- Les femmes portent tout sur leur tête : dans nos différents voyages, et particulièrement depuis le Soudan, nous avons l’habitude de voir les femmes porter différents chargements sur leurs têtes. Mais ici ça surpasse tout ce que nous avons pu voir jusqu’à présent : des branches de 3 ou 4 mètres de long, des sauts remplis de beignets, des assiettes débordant de bananes. J’ai même vu une femme portant sur sa tête un chou blanc. Un seul chou blanc bien rond et bien stable alors qu’elle montait une pente. Elle avait les mains libres par ailleurs… c’est vraiment plus pratique que de le prendre dans une main ??
Infos pratiques pour circuler en camping-car
- Point d’entrée : Busia, en arrivant du Kenya. Formalités rapides, nous refusons poliment les quelques fixers qui tentent de nous accompagner. Il y a une Road Tax de 20$ à payer pour le véhicule, en monnaie locale obligatoirement. Il faut payer à la banque qui se trouve à la frontière (et qui prend une com au passage…). Des voyageurs nous précédant nous avaient dit que le montant était calculé en fonction du trajet prévu dans le pays (nombre de kilomètres), mais le douanier ne nous a rien demandé. Ça semble être un forfait. Il nous a indiqué que c’était valide 14 jours et qu’il faudrait le renouveler si on reste plus longtemps. Comme au Kenya, nous ne l’avons pas renouvelé, pensant payer la différence en sortant du pays. Mais on ne nous a rien demandé à la sortie… Pas de fouille du véhicule à l’entrée du pays.
- Visa : Pour les adultes, nous avons acheté au Kenya le visa « East Africa », qui permet de voyager librement au Kenya, Ouganda et Rwanda pendant 90 jours pour 100$/personne. Pour les enfants, le visa ougandais coute 50$/personne, acheté à la frontière.
- Point de sortie : Cyanika. Sortie du pays ultrarapide. RAS
- Assurance : nous sommes couverts par la yellow card achetée en Ethiopie. L’attestation d’assurance ne nous a jamais été demandée.
- Monnaie : le shilling Ougandais, au taux approximatif de 1€ = 4 000UGX. A noter que pendant notre séjour le taux a quand même fortement varié, allant de 3920UGX à 4250UGX (soit 9% de dépréciation de la monnaie locale par rapport à l’euro en 3 semaines !). On trouve des ATM dans toutes les villes, sans frais pour les cartes étrangères. Il vaut mieux avoir du cash car les paiements en CB ne sont pas si fréquents.
- Routes : le réseau routier est globalement très bien entretenu, les routes sont larges et il y a peu de circulation. On a trouvé les pistes principales également très correctes… en saison sèche !
- Bivouacs : ah quel plaisir de refaire des bivouacs sauvages ! Nous nous sommes sentis parfaitement en sécurité ici et avons trouvé par nous-même des coins très sympas. Nous avons parfois dans des campements payants, surtout pour nous poser à côté de lacs mais les tarifs sont bien moins chers qu’au Kenya, avec une moyenne de 8,30€/nuit pour nous 5 et des endroits très sympas. Répartition de nos bivouacs :
- 7 nuits isolés dans la nature en bivouac sauvage
- 7 nuits en campsite payant (2 aux chutes de Sipi, 4 au bord de lacs dans la région des crater makes, 1 à Kalinzu avant le trek des chimpanzés)
- 5 nuits chez l’habitant (4 chez nos amis expatriés belges, 1 chez May à Jinja)
- 4 nuits gratuites à côté d’installations (stade de rugby de Jinja, parc botanique d’Entebbe, parking des Nyero Rocks, embarcadère de Katunguru)
- Sécurité : RAS, nous avons trouvé la population très accueillante, curieuse mais respectueuse ; aucune difficulté pour trouver de beaux endroits sauvages pour dormir tranquillement.
- Police : nous avons souvent été arrêtés pour des contrôles de nos passeports, et surtout pour pouvoir jeter un œil par la fenêtre 😉 A 2 ou 3 reprises les policiers (ou plutôt les militaires, d’ailleurs…) ont tenté de nous demander un bakchich, mais sans grande conviction et nous avons pu esquiver sans difficulté.
- Eau : nous n’avons pas trouvé d’eau dans les stations-service, et les stations de lavage de véhicule se font plus rares (ou plutôt elles sont directement au bord des marres et rivières). Nous avons rempli plusieurs fois nos réservoirs aux bidons jaunes utilisés par la majorité de la population, en payant environ 500UGX/20l (soit environ 1,20€ pour nos 200l d’eau).
- Carburant : Le prix du carburant est moins cher qu’au Kenya, en moyenne nous l’avons eu autour de 3 500UGX/l (= 0,85€/l). Aucune difficulté pour trouver des stations-service.
- Internet : nous avons pris une carte sim Airtel à 4 000 UGX (= 1€) et un forfait à 16 000 UGX pour 10Go (= 4€)
- Courses : Fini les grandes surfaces, on revient en Ouganda aux petites épiceries et surtout aux vendeurs de rue pour les fruits et légumes. Souvent on n’a même pas besoin de descendre du véhicule, c’était la cohue à la fenêtre pour nous vendre des bananes, des mangues, des noix de cajou, de la canne à sucre etc. Les produits de la vie quotidienne sont peu chers. Evidemment ça augmente vite dès lors qu’on achète du lait, du beurre. A noter que nos amis belges nous ont fait découvrir une super fromagerie près du lac Kyaninga, avec du vrai fromage de chèvre ! On en salive encore... Quelques prix sur les étals de rue en monnaie locale :
- 1 Rolex : 1000 à 2000UGX
- 1 chapati : 1000UGX
- 1 carotte : 200UGX
- la pyramide de 4 ou 5 tomates : 1000UGX
- 1 œuf : 500UGX
- 1 ananas : 3 à 4000 UGX suivant la taille
- 1 avocat : 1000 UGX
- 1 chou blanc : 500 à 1000 suivant la taille