Voyager au Kenya en camping-car : infos pratiques et bilan
Durée : 47 jours, du 7 janvier au 22 février 2020
3 400 kilomètres parcourus
Visiter le Kenya sans visiter aucun parc national ? C’est possible, et on a adoré ! On a adoré les gens, on a adoré voir nos premiers « gros » animaux en liberté, on a adoré l’océan indien. Arriver au Kenya quand on arrive du Nord, c’est un peu comme arriver en Malaisie ou en Thaïlande après avoir passé plusieurs semaines au Laos, au Mynamar ou au Cambodge. Le pays est moderne, les infrastructures touristiques bien développées, c’est un peu moins l’ « Aventure » mais c’est un pays facile à voyager ! Et parfois, c’est bien aussi quand c’est facile 😉
Deux choses nous ont un peu contrariées au cours des 7 semaines que nous avons passées ici
- la première vient de nous : nous nous sommes trouvés un peu trop sur la réserve. L'Ethiopie nous a vraisemblablement un peu chamboulés, et nous il nous a fallu du temps pour retrouver confiance en nous, en notre capacité à trouver des bivouacs, à retrouver le plaisir d’aller dans des marchés et vers les autres. Du coup, nous nous sommes souvent repliés sur une appli utilisée par les voyageurs motorisés et avons beaucoup plus dormi qu’à notre habitude dans des campings, par facilité souvent.
- la seconde, mais nous le savions avant d’arriver, c’est que le Kenya est un pays assez cher, en particulier les parcs nationaux (jusqu’à 70$/personne pour 24h !) et les activités proposées. Et la plupart des « jolis sites » sont classés en réserves, parcs ou sanctuaires. C’est bien pour la préservation de l’environnement, mais un peu moins bien pour notre portemonnaie 😉
Mais tout ceci est balayé par le fait que nous avons eu la chance de passer du temps auprès des amis et de la famille d’Anuang’a, un cousin kenyan de Renaud. Et ça, ça rend tout de suite le voyage unique et inoubliable !
Dépenses : 2 190€, soit 46,60€/jour tout compris.
Nous nous sommes un peu lâchés sur les courses à notre arrivée dans le pays avec quelques produits importés (cornichons, fromage, courgettes, knackis…) qui font un peu grimper la note. Le poste hébergement (campsite/parking payant d’hôtel) commence également à peser : un peu plus de 300€, c’est ce que nous avons dépensé en bivouacs payants sur l’ensemble de nos 18 mois en Asie ! Côté administratif, nous avons payé environ 250 $ pour nos visas et le foreign driver permit. C’est l’un des premiers pays de ce voyage où nous avons eu l’impression de nous restreindre pour tenir notre budget. Mais à 30$ la moindre balade d’une heure en bateau, 100$ la journée pour nous 5 pour randonner au bord d’un volcan, 100$/pers la sortie plongée, 60$/pers l’heure d’initiation au kite surf à Diani… forcément il faut faire des choix !
Ce qu’on a aimé
- L’immersion chez les masaïs : passer 4 jours dans une famille masaï, au milieu de nulle part, et assister aux répétitions d’un spectacle avec une quinzaine de masaïs du coin… c’est un souvenir qui restera longtemps gravé dans nos mémoires ! Pour les voyageurs qui aimeraient rencontrer des masaïs dans leur environnement quotidien, je vous conseille de descendre au marché de Magadi le mercredi. A l’heure du déjeuner, demandez qu’on vous guide vers le coin de la « Nyama Choma » (= viande grillée), où vous pourrez acheter à l’ombre des acacias des morceaux de chèvre bouillis ou grillés.
- Les 2 semaines à la plage au bord de l’océan indien : Diani Beach, Tiwi Beach et Malindi sont les 3 spots où nous avons lézardé les pieds dans l’eau. Les enfants ont un faible pour Diani car la plage était vraiment belle et nous étions installés dans le jardin d’un hôtel avec 2 piscines et quelques installations sportives (terrain de volley, punchingball…). Renaud et moi aurions pu rester bien plus qu’une semaine au Twiga camping à Tiwi qui correspond vraiment à ce que nous aimons (calme, isolé, jolie plage)
- Les chapatis et les mandazis : nous avons trouvé nos deux snacks préférés : les chapatis sont des espèces de crêpes qui accompagnent beaucoup de plats kenyans : comme ils mangent sans couverts, ils se servent du chapati pour attraper les aliments, souvent des légumes ou de la viande en sauce. Les mandazis sont des beignets légèrement sucrés qu’ils mangent au petit-déjeuner le plus souvent. Et moi j’aime bien les samosas aussi 😉
- Les animaux en liberté : même sans aller dans les parcs nationaux, nous avons vu beaucoup d’animaux au Kenya : plusieurs types de singes, des éléphants et des zèbres le long de la route de Mombasa, des girafes autour de Nairobi, et les animaux du sanctuaire de Naïvasha, en semi-liberté dirons-nous.
- L’accueil des kenyans : toujours très polis et enjoués, des sourires par milliers, des « hello ! » « Karibu » (= bienvenue), de l’intérêt pour notre aventure et notre véhicule mais sans être intrusif. Et cerise sur le gâteau, l’anglais est la langue nationale ici, ce qui nous a permis de communiquer avec quasiment tout le monde, et les enfants ont fait de gros progrès.
- Le Kenya est un pays relativement propre, par rapport aux précédents pays traversés. Un début de tri sélectif se met en place dans les grandes villes, les sacs en plastiques sont interdits, il y a panneaux prévenants qu’on peut avoir une amende si on jette des choses par la fenêtre de la voiture… Certes il reste quelques endroits où les détritus s’amoncellent, mais on sent que des efforts sont faits !
Ce qu’on a moins aimé
- L’ugali : malheureusement, nous ne sommes pas convaincus par le plat populaire kenyan. Enfin ce n’est pas vraiment un plat, plutôt un accompagnement : de la farine de maïs blanche mélangée avec de l’eau en une épaisse pâte un peu fade à notre goût. Cette sorte de polenta est rapide à faire, peu onéreuse et roborative, c’est le plat de base de beaucoup de kenyans qui en consomment de grosses portions une à deux fois par jour. Renaud et moi en mangeons sans problème des portions petites à moyennes (sans apprécier vraiment), mais les enfants ont eu plus de mal.
- Le nord du pays (en tout cas l’axe Moyale/Nairobi) ne nous a pas franchement séduits. On y trouve beaucoup de plantations industrielles, d’immenses champs, quelques villes. Avouons que nous n’avons pas non plus donné sa chance à cette partie du pays : on a tracé après la frontière Ethiopienne ne souhaitant pas nous attarder dans une zone ou des conflit agropastoraux éclatent régulièrement, ensuite nous avons été un peu préoccupés par la malaria d’Eliott, et finalement pressés de rejoindre nos amis sur Nairobi.
- Ne croyez pas qu’on fasse une fixation non plus mais c’est vrai que ça fait partie des trucs qu’on a moins aimé au Kenya : le prix vraiment élevé des parcs nationaux et aussi les campings qui facturent au nombre de personnes, y compris les enfants. Il va falloir qu’on s’y habitue car on sait que la majorité de l’Afrique australe fonctionne sur ce principe, mais pour l’instant on a un peu de mal. D’autant que les autres voyageurs que nous croisons, des couples essentiellement, ne semblent pas concernés par ce sujet puisqu’ils nous conseillent tel ou tel camping « very cheap » (= très bon marché) à 10$/personne. On est presque en train de se demander si on n’aurait pas un peu sousestimé notre budget pour cette partie du monde…
Les petits trucs qu’on a remarqués
- Les maisons peintes aux couleurs des annonceurs : il n’y a pas beaucoup de panneaux publicitaires (en dehors de Nairobi), mais les entreprises se rattrapent en peignant toutes les petites boutiques et parfois des maisons individuelles à leurs couleurs : coca, safaricom, des marques de pain, de farine, de bière… ça rend la traversée des villages très colorée 😉
- En côtoyant de près plusieurs familles aux revenus modestes, nous avons été surpris de voir qu’elles avaient des aides ménagères. Des jeunes femmes souvent logées, nourries et faiblement rémunérées qui s’occupent d’aider à tenir la maison familiale (ménage, cuisine…). C’est très répandu ici !
- Dans les écoles, les enfants ont les cheveux rasés. Tous les enfants, y compris les jeunes filles jusqu’à 15 ou 16 ans ! Une question d’hygiène, j’imagine.
- Si vous ne connaissiez pas Mpesa avant d’arriver au Kenya, impossible de le rater dès la frontière passée ! C’est un système de paiement par mobile très répandu, et on trouve absolument partout des petites échoppes permettant de recharger son compte M-pesa. Ils ont aussi beaucoup de maisons et de boutiques à leurs couleurs (cf point n°1). On peut même payer l’entrée des parcs nationaux avec. Rappelons que le kenya fait partie de ces pays qui ont une bonne couverture mobile et que la quasi-totalité des habitants sont équipés depuis des années (y compris chez les masaïs, comme nous avions pu le constater en 2006 déjà !)
- Malgré la modernité du pays, nous avons été surpris de voir encore de nombreux « petits métiers » : comme par exemple ces nombreux coupeurs d’herbe près des routes qui s’échinent sur leur coupecoupe en pleine chaleur.
Infos pratiques pour circuler en camping-car
- Point d’entrée : Moyale, depuis l’Ethiopie. Le passage de frontière aurait pu être super simple s’il n’y avait pas ce « foreign travel permit » de 41$ pour 30 jours. D’une part il n’était pas très clair pour nous s’il fallait le payer, car plusieurs voyageurs nous précédant ne l’ont pas payé. D’autre part, après plusieurs heures de discussions et comprenant qu’on allait vraisemblablement le payer, Renaud a perdu encore une bonne heure pour remplir le formulaire en ligne dans un cybercafé, aller payer à la banque etc. En principe il faut renouveler ce permis si on reste plus de 30 jours dans le pays. Nous ne l’avons pas fait et les douaniers à la sortie ne nous ont rien demandé. Nous avons appris plus tard que nous aurions pu avoir une grosse amende en cas de contrôle… on ne le saura jamais 😉
- Visa : Nous avons pris à la frontière le visa « East Africa », qui permet de voyager librement au Kenya, Ouganda et Rwanda pendant 90 jours pour 100$/personne (au lieu de 130$ si on les prend séparément). Il faut simplement remplir le formulaire à la douane et fournir une photo d’identité. Mais le visa pour le Kenya est gratuit pour les enfants, et ils ne délivrent donc pas le eastafrican visa aux enfants. En soi c’est une bonne nouvelle financièrement, mais on va perdre en souplesse car on devra leur prendre un visa ougandais puis un visa rwandais et on ne pourra pas re-rentrer en Ouganda sauf à repayer un nouveau visa.
- Point de sortie : Busia, poste frontière le plus au sud pour entrer en Ouganda. Formalités de sortie rapides et efficaces, RAS.
- Assurance : nous sommes couverts par la yellow card achetée en Ethiopie. L’attestation d’assurance nous a été demandée une seule fois.
- Monnaie : le shilling kenyan, au taux de 1$ = 100KSH. On peut payer par CB dans les supermarchés, les stations-service et parcs nationaux. On trouve des ATM partout, mais la plupart des banques prennent une taxe de 4$ pour tout retrait avec une carte étrangère, quel que soit le montant. Nous avons trouvé quelques banques sans frais : cooperative bank et I&M
- Routes : très bonnes après les routes éthiopiennes et soudanaises ! Evidemment, pas mal de pistes quand on quitte les grands axes, mais nous n’avons pas eu de problèmes particuliers. Quelques parcs nationaux auraient pu être accessibles pour notre campingcar : Samburu, Nairobi national parc, probablement Shimba hills et Samba reserve également, ainsi qu’Amboseli. Seul problème : beaucoup de camions et des routes souvent très étroites qui rendent la conduite (à gauche) un peu pénible.
- Bivouacs : pour notre premier bivouac sauvage, 8 policiers ont débarqué, alertés par les villageois qui pensaient que nous pouvions être des shebab somalis… ça calme ! Nous n’avons fait que 3 bivouacs sauvages en pleine nature, et nous le regrettons un peu. Nous avons fait pas mal de campings, souvent pour aller dans des endroits sympas, notamment à la plage où nous n’avons pas trouvé d’endroit gratuit. Nos bivouacs se sont répartis ainsi :
- 21 nuits en camping (dont 13 à la plage), avec une moyenne de 15€ pour nous 5 (on négociait généralement un tarif à 3 adultes)
- 12 nuits chez nos amis à Nairobi, Magadi et Mombasa
- 6 nuits gratuites dans des endroits divers (parking de café, station-service, temple…)
- 3 nuits dans l’enceinte de commissariats (gratuit)
- 3 nuits en bivouac sauvage dans la nature
- 2 nuits devant la gate d’un parc national (gratuit)
Nous conseillons définitivement les bivouacs à l’entrée des parcs nationaux, qui sont super calmes et en pleine nature, et en dépannage les commissariats, nous y avons toujours été très bien reçus 😉
- Sécurité : nous nous sommes sentis un peu mal à l’aise en pleine nuit, seuls, dans le quartier somali d’eastleaight, à Nairobi. Si nous avions su où nous allions, nous aurions certainement trouvé un plan B. Mis à part cette « aventure », nous nous sommes toujours sentis en sécurité. Aucun geste inconvenant, aucune insulte, beaucoup de sourires qui mettent tout de suite à l’aise.
- Police : nous avons été arrêtés quelques fois pour des contrôles de papier (permis le plus souvent, une seule fois l’assurance), surtout pour qu’on ralentisse et que les policiers puissent jeter un œil à l’intérieur. Uniquement sur la route de Mombasa (à l’aller et au retour), des policiers ont essayer de nous demander un bakchich que nous n’avons pas payé.
- Eau : nous avons souvent pris l’eau aux campsites ou bien aux « car wash » en payant autour de 150 shillings pour 200 litres
- Carburant : comme en France, le prix à la pompe varie un peu suivant les stations-services, entre 98 et 104 shillings le litre. A noter qu’en plein milieu de notre séjour les prix ont augmenté de 3 à 4%.
- Internet : carte sim safaricom à 200 shillings achetée à Moyale. 2 000 shillings (=20$) pour 15Go pour 1 mois.
- Courses : quel bonheur de retrouver des grandes surfaces ! Alors qu’en France on n’y va pas trop, nous avons apprécié de pouvoir faire nos courses dans un seul endroit, avec des prix fixes et clairement indiqués, de trouver des produits qui changent un peu, de retrouver des produits laitiers, du beurre, des yaourts… Nous avons bien aimé aussi acheter nos fruits et quelques légumes directement depuis la voiture aux vendeurs qui se battent pour glisser leur marchandise par la fenêtre 😉