Untouracinq en auto-confinement… dehors !
Les kilomètres défilent au compteur ; les paysages défilent et se succèdent sous nos yeux : vaste plaine de savane dégagée, champs de bananiers, champs de tournesols, plantations de sisal, baobabs, et enfin cocotiers. Ça y est, nous venons d’achever notre marathon tanzanien : après les 500km en 2 jours au Rwanda, nous avons avalé 1 500km en 6 jours en Tanzanie. Ça ne parait pas tant que ça, mais pour nous c’est une moyenne de 6 heures de route chaque jour ! Ça nous change de notre rythme habituel ! Ici les routes sont globalement très bonnes (à part une portion d’une centaine de kilomètres juste après la frontière rwandaise… l’horreur !), mais il y a beaucoup de villages avec des limitations de vitesses interminables à 50km/h et de nombreux dos d’ânes. Et des contingents de policiers sont dédiés à faire respecter ces limitations. Malgré toutes les précautions prises par Renaud, nous nous faisons piéger à la sortie d’une zone 50km/h. A la fin d’une descente, la route remonte, Renaud accélère un peu avant le panneau de fin de limitation pour prendre de l’élan. 40km plus tard… des policiers nous arrêtent, nous avons été photographiés aux jumelles à 57km/h. L’amende est de 30 000 shillings (12€), payable immédiatement à la banque au prochain village. Notre premier PV en voyage ! Mon conducteur préféré peste et râle pendant plusieurs heures 😉.
Tout au long de ces longues journées de route, les enfants sont vraiment cools. Tous les matins, ils font une session d’école en autonomie en roulant (Et là j’imagine les soupirs d’envie de toutes les familles qui s’initient en ce moment à l’école à la maison 😉) ; après le déjeuner ils ont droit à 20mn de tablette chacun ; et entre temps ils lisent beaucoup. Leur addiction à la lecture est une bénédiction dans ces moments-là ! Autre point positif de ce marathon : nous avons trouvé sans difficulté des bivouacs (et des pauses déjeuner) isolés en pleine nature et nous nous sommes sentis en sécurité. Pendant que nous avalons les kilomètres, nous avalons également nos émotions et digérons ce changement de plan. Nous ne nous approchons pas des parcs mythiques du nord-ouest ; nous n’attendons pas que le Kilimandjaro s’offre à nous et nous dévoile son somment si souvent embrumé ; nous évitons un maximum les contacts avec la population. Nous digérons aussi l’annulation du voyage de mes parents qui devaient nous rejoindre le 15 avril en Tanzanie après 9 mois de séparation. Nous sommes déçus mais nous relativisons néanmoins. Notre situation est loin d’être la pire ! Et qui sait, peut-être reviendrons-nous dans le coin pour profiter pleinement de ce que la Tanzanie a à offrir ?
En attendant, nous voici en sécurité, du moins nous l’espérons. Nous avons jeté notre dévolu sur un écocamp au nord de la côte, au bout d’une lagune. J’ai pris contact avec Simon, le propriétaire il y a quelques jours pour vérifier qu’ils nous acceptent sur une longue durée et comment organiser nos ravitaillements. Nous avons d’ailleurs rencontré Simon à Arusha, il y tient un beau Bed&Breakfast. L’occasion pour nous de constater que les tanzaniens à ce stade ne prennent pas du tout la menace au sérieux, un peu comme nous il y a un mois… Le cadre est idyllique : nous sommes à quelques mètres de l’océan indien, nous avons de l’ombre pour nous abriter, des sanitaires à côté ; les parents de Simon qui vivent ici à l’année ont une quarantaine de poules (donc des œufs frais) et font du pain tous les matins. Quelques pêcheurs passent près de nous mais en dehors de ça nous sommes seuls au campsite. Il y a de jolis spots de snorkelling accessibles depuis le rivage, un labyrinthe de mangrove et des milliers de crabes et bernard-l’hermite à marée basse pour occuper nos 3 monstres pendant des heures. Seule ombre au tableau, mais pas des moindres, qui dit site isolé dit… pas d’internet ! Nous nous en rendons compte dès notre arrivée : nous n’avons aucun signal là où nous sommes installés. Nous devons marcher une dizaine de minutes pour capter un faible réseau (d’où la pénible publication de cet article). Autant c’est sympa de se déconnecter quelques jours, surtout dans un cadre comme celui-ci, autant en ce moment, ce n’est pas l’idéal. Plus que jamais nous avons besoin de rester en contact avec nos familles et amis, avec les autres voyageurs en Afrique, de pouvoir suivre les infos locales et joindre l’ambassade rapidement en cas de besoin. Alors est-ce qu’on teste le confinement ++ sans TV et sans internet ? Ou bien est-ce qu’on change à nouveau nos plans pour trouver un autre refuge ? On n’a pas encore décidé. Et on n'a pas envie de décider. Aujourd’hui on souffle, demain on avisera … affaire à suivre !