Queen Elizabeth National Park : ou comment changer de plan toutes les 5 minutes…
Après une journée et une nuit de repos, Renaud va bien mieux, nous quittons nos amis belges de Fort Portal mercredi 11 mars. Sur leurs conseils, nous prenons tout d’abord la route qui part vers le nord. Au bout de quelques kilomètres, nous arrivons à un belvédère offrant une vue magnifique sur la vallée en contrebas. Nous sommes sur les contreforts des Rwenzori mountains, une chaine montagneuse de 120 km de long avec un sommet à 5 109m d’altitude, offrant des randonnées spectaculaires. Nous faisons le choix de ne pas y aller, d’une part parce que nous n’avons pas envie de faire un trek de plusieurs jours, d’autre part parce que le temps est vraiment menaçant et nous risquons de prendre la pluie. Nous arrivons doucement mais surement en pleine saison des pluies dans cette partie de l’Afrique, il fallait bien la passer quelque part ! A chaque fois que nous prenons une piste, avec cette terre rouge, nous savons qu’elle sera impraticable pour nous une fois mouillée alors nous scrutons avec attention le temps avant de choisir nos étapes.
Après une pause déjeuner dans une petite échoppe au bord de la route, nous descendons vers le parc Queen Elizabeth, l’un des plus beaux d’Ouganda, parait-il.
Nous avons prévu de visiter une partie du parc sur une journée, mais devons encore décider laquelle car le parc est assez étendu et comme nous n’allons pas vite sur les pistes nous ne pourrons pas tout faire. Ici, l’entrée des parcs tourne autour de 40$/adulte, 20$ pour les enfants (validité 24h). Une belle route asphaltée et une large piste traversent le parc, car des villages sont disséminés à ses extrémités. Emprunter ces routes est gratuit, sous réserve de ne pas s’éloigner de l’axe routier. Le parc englobe les lacs Georges à l’est et Edward à l’est, et un canal de 40km de long, le canal de Kazinga, rejoint les deux lacs. En buvant notre café, penchés sur la carte routière, nous nous décidons enfin : nous allons dormir une première nuit à Katunguru, une seconde plus au sud vers Kisenyi, et nous entrerons dans le parc dans la zone d’Ishasha, tout à fait au sud-ouest du parc. Ça c’est la théorie. Dans la réalité, ce n’est pas du tout ce que nous avons fait ! Dès l’approche du parc, l’environnement change : plus de bananiers à perte de vue, plus de caféiers, mais une immense pleine parsemée d’acacias et de figuiers. Nous observons nos premiers troupeaux d’antilopes : des impalas et des cobes. Alors que nous devons continuer sur l’asphalte pour rejoindre Katunguru, nous jetons un œil à la piste qui part sur la droite vers le village de Katwe. Elle est large et semble belle… ok on tente ! Renaud fait demi-tour, et après s’être assurés qu’on pouvait la prendre sans payer de frais d’entrée du parc nous nous engageons sur la piste. Et quelle bonne idée ! Le paysage, toujours volcanique, nous fait passer à côté de cratères, certains avec un lac au fond. Après une quinzaine de kilomètres nous arrivons sur les rives du lac Edward. Renaud freine d’un coup : un énorme hippopotame s’apprête à traverser la route juste devant nous ! Il est magnifique, la peau luisante, le regard fier. Quelques centaines de mètres plus loin, c’est tout un groupe que nous observons, ils sont dans l’eau, à quelques mètres du rivage. On roule encore un peu et ce sont 3 éléphants qui se grattent le dos et la tête sur des troncs d’arbres. Et je ne vous parle même pas des singes qui traversent la route, c’est devenu un peu banal pour nous 😉
Juste avant le village de Katwe, au bord du lac, s’ouvre un espace accessible en camping-car. C’est donc là que nous passerons la nuit ! Quatre gamins gravitent autour de nous en nous demandant à manger ou de l’argent. Je les fais rentrer, on boit un verre de sirop tous ensemble et je les renvoie ensuite gentiment chez eux. On est loin de la pression que nous mettaient les gosses en Ethiopie ! Vers 19h30, alors que le soleil vient de se coucher avec de magnifiques couleurs, l’excitation est maximum dans le camping-car. Une trentaine d’hippos sont en train de sortir du lac tout autour de nous ! Ils sortent toutes les nuits pour aller manger, ils peuvent faire entre 10 et 15km pour ingurgiter les 50kg d’herbe et de feuilles qu’ils mangent quotidiennement ! Nous les entendrons revenir au petit matin, c’est un peu bruyant ces bêtes-là, on dirait qu’elles se parlent en riant…
Le lendemain, après avoir encore observé nos amis les hippos sur la berge, nous reprenons la piste en sens inverse pour rejoindre la route asphaltée. Mais au lieu de la prendre, nous continuons tout droit pour rejoindre le petit village de pêcheurs de Kasenyi, cette fois au bord du lac Georges. Dans cette immense savane, toujours en restant sur la piste principale, nous voyons de nombreuses antilopes, des phacochères et des buffles dans un décors grandiose digne de Out of Africa. Mais le clou de la matinée, ce sont ces 3 lionnes qui se prélassent tranquillement dans les branches d’un arbre. Il y a très peu de parcs en Afrique où l’on peut assister à ce spectacle étonnant ! Nous restons un bon moment à les observer avant de reprendre la route. Nous déjeunons au village, et reprenons la piste en sens inverse après le café.
Nous arrivons à Katunguru vers 16h. La plupart des personnes qui visitent le parc Queen Elizabeth font une balade en bateau de 2 heures à l’embouchure du Canal de Kazinga et du lac Edward. Les départs les plus fréquents se font depuis Mweya, à l’intérieur du parc. Mais depuis Katunguru, il est également possible de louer un bateau pour faire une excursion un peu plus en amont sur le canal, et sans payer les droits d’entrée au parc. C’est évidemment l’option que nous choisissons 😉 Et nous ne sommes pas déçus ! Nous observons des centaines d’hippos, 2 vieux buffles en fin de vie, des dizaines d’oiseaux différents, un bébé croco, et deux groupes d’éléphants en train de se baigner. Le nombre d’hippopotames est impressionnant, notre guide nous affirme qu’il y en a environ 15 000 dans le canal ! (le canal mesure 40km sur environ 1km de large en moyenne). Le soir, nous restons dormir gratuitement devant l’embarcadère, nous passons une nuit très calme et n’entendons même pas le petit marché au poisson qui s’installe 50 mètres à côté de nous, lorsque les pêcheurs reviennent de leur pêche nocturne pour décharger leurs prises.
Aujourd’hui vendredi 13 mars, nous quittons Katunguru et commençons à prendre la piste qui doit nous conduire à Ishasha, 80km plus loin. C’est là que nous avions prévu de prendre nos billets pour entrer dans le parc et arpenter les petites pistes de cette zone réputée abriter pas mal de lions capables de grimper aux arbres. Mais nous ne les verrons pas. Nous faisons à peine quelques kilomètres sur la piste et décidons de rebrousser chemin. Elle est trop difficile pour nous, les pluies de ces derniers jours ont creusé d’énormes ornières, pour (plus ou moins) les éviter on doit rouler sur les bords très en devers, on ne se sent pas de faire 80km dans ces conditions, d’autant qu’il est probable qu’on doive faire demi-tour car on ne connait pas l’état de la piste après Ishasha. Demi-tour, donc, mais aucun regret ! Les pistes principales gratuites entre les petits villages nous ont déjà permis d’en prendre plein les yeux ! Nous devons donc improviser un nouveau trajet. Nous nous dirigeons vers la forêt de Kalinzu et réservons notre activité pour demain, interdite aux moins de 12 ans…