Vallée du Rift et derniers jours au Kenya !

Après un stop rapide à Nairobi dimanche 16 février, nous poursuivons notre route car nous ne voulons pas rester une nouvelle nuit dans la capitale. Nous empruntons la route qui remonte la vallée du Rift, cette faille volcanique de 5 à 50km de large qui traverse plusieurs pays d’Afrique sur 6 000km. Cette région est caractérisée par de profondes vallées, des escarpements abruptes le long de la faille et une chaine de lacs alcalins. Nous pensions rejoindre le Lac Naïvasha le soir même, mais la route est chargée en camions avec de gros embouteillages, et la nuit commence à tomber alors que nous sommes encore à une quarantaine de kilomètres. Nous tentons notre chance à la porte du parc national de Longonot, un volcan sur lequel on peut faire une jolie randonnée. Les rangers nous accueillent gentiment et gratuitement, et le cadre est vraiment sympa ! Au réveil, nous apercevons quelques antilopes… Nous hésitons à faire la randonnée, mais s’agissant d’un parc national, même parmi les moins chers du Kenya, il nous faudrait débourser 103$ pour avoir le droit de suer jusqu’au sommet pendant quelques heures. Nous tentons de négocier le tarif « résident » mais sans succès, et nous poursuivons notre route, un peu déçus. C’est le premier pays où nous nous sentons limités par notre budget quotidien, j’y reviendrai probablement dans mon article « bilan ».

Sur les conseils de voyageurs rencontrés précédemment, nous rejoignons le camping du « Sanctuary farm », sur les berges du lac Naïvasha. Et à peine la porte passée, la déception de ce matin (ainsi que le tarif du camping assez élevé) est oubliée. Des girafes sont en plein milieu du chemin ! C’est l’excitation dans le camping-car lorsqu’on s’approche tout doucement, surtout lorsque l’une d’entre elles se penche pour nous regarder à travers le pare-brise ! Nous rejoignons le campsite un peu plus loin et le spectacle continue, avec des dizaines de zebres, de gnous, d’impalas, de cobes et au loin des buffles. La propriétaire du lieu nous confirme que nous sommes chanceux, les animaux étant en liberté il n’est pas rare qu’ils soient dispersés mais aujourd’hui nous sommes littéralement en plein milieu d’eux ! Ils ont d’ailleurs cassé la mince barrière censée protéger l’espace camping et viennent brouter sans crainte à quelques mètres du camping-car. Nous profitons un maximum du lieu en faisant plusieurs promenades dans le vaste espace, passant à quelques mètres des animaux. Les enfants sont aux anges et ça fait vraiment plaisir de voir leurs yeux briller de la sorte. Cet endroit est pour nous le parfait antidote à la petite frustration que nous avons depuis que sommes au Kenya de savoir qu’il y a tant d’animaux sauvages autour de nous mais de ne pas pouvoir en voir faute de budget. Certes nous avons vu quelques zèbres et éléphants sur la route de Mombasa, mais au bord d’une voie rapide sans avoir eu le temps de nous arrêter, c’était un peu court. Là on en profite pleinement !

Nous nous attardons le plus possible avant de reprendre la route le lendemain, en direction du lac Baringo plus au nord. Nous longeons les lacs Nakuru et Bogoria qui sont traditionnellement sur les circuits touristiques, mais ce sont des parcs nationaux donc nous ne nous y arrêterons pas (60$/pers pour 24h à Nakuru) 😉 Nous sommes heureux de dormir en pleine nature le soir, trouvant un petit coin au calme et isolé. Finalement, nous avons fait très peu de bivouacs sauvages ici au Kenya et nous décidons de faire à nouveau l’effort de chercher des coins sympas pour dormir à l’avenir. Nous arrivons au bord du lac Baringo en fin de matinée mercredi 19 février. Les berges sont peu accessibles, et nous nous installons au Robert’s Camp. Nous sommes tous seuls, c’est super calme et nous pouvons installer le hamac. Je passe une bonne heure dedans à lire, uniquement « dérangée » par les cris des dizaines d’oiseaux autour de moi. C’est assez idyllique, je dois dire… même si je dois régulièrement jeter un œil sur les 2 crocos qui sont à quelques mètres du camping-car 😉

A la tombée de la nuit, alors que nous bouquinons Renaud et moi au bord du lac, je vois 2 têtes d’hippopotames émerger du lac et se diriger droit sur nous ! Branle-bas de combat, on prévient les enfants et on se réfugie chez nous car les hippos sont des animaux assez dangereux, ils peuvent charger et vu leur masse, on n’a pas envie de tenter notre chance. Mais avec nos mouvements et nos 3 enfants très discrets, nous les effrayons et ils partent un peu plus loin, nous ne les voyons plus. Mais nous les entendons car ils sont très bruyants, on dirait qu’ils se parlent entre eux ! Un peu plus tard, Renaud et les enfants vont en exploration pour essayer de les voir, lampe torche à la main. Le gardien du camp les accompagne et ils ont le plaisir de voir une famille de 3 hippos à quelques mètres d’eux. Martin nous parlera pendant plusieurs heures de la taille de la bouse laissée par la maman hippo… à chacun ses souvenirs 😉

Le lendemain (jeudi 20 février), nous faisons un tour en bateau sur le lac. La lumière au lever du jour est magnifique, il y a plein d’oiseaux et nous observons un aigle pêcheur en train d’attraper une proie. Les lacs de la vallée du Rift ont vu leur niveau monter de plusieurs mètres en 2014. Plusieurs installations sont désormais à moitié englouties, et le paysage quand on longe la rive est assez fantomatique avec les bâtiments et les arbres à demi-immergés. Les conséquences sont également importantes sur la faune locale : le lac Bogoria était notamment réputé pour ses colonies de flamands roses, mais la composition du lac ayant changé avec cette montée des eaux, une majorité a déserté les lieux.

Nous quittons le lac Baringo en début d’après-midi pour prendre de la hauteur, une route de montagne qui nous conduit à Iten, à 2400m d’altitude. La fraicheur nous fait du bien ! Nous avions lu qu’Iten est un haut lieu d’entrainement des athlètes kenyans, mais ne pensions pas voir autant de personnes en train de courir le long des routes ! C’est donc The place to be pour les amateurs de running 😉 Nous, courir, ce n’est pas notre truc, en revanche chercher un bivouac avec une belle vue, ça c’est plutôt notre truc ! Nous demandons l’hospitalité à Kenneth, le gérant d’un magnifique viewpoint sécurisé avec un café, un petit restaurant et surtout une vue fabuleuse sur la rift vallée. Il ne nous demande rien, mais nous prenons quand même quelques boissons et snacks pour le remercier… on fait pire comme apéro 😉

Le soir, nous penchons sur la suite de notre itinéraire et sur le prochain pays à visiter : l’Ouganda. Et nous sommes alors pris du syndrome de « la fin d’un pays », cette envie d’accélérer les derniers jours dans un pays pour en découvrir un nouveau. Nous avions prévu de descendre sur Kericho, région connue pour les plantations de thé, et en plus nous sommes invités par une famille rencontrée au temple de Makindu. Mais la famille en question n’est pas disponible pendant plusieurs jours, nous décidons donc d’aller directement sur Kisumu, sur les rives du lac Victoria. Alors perso, avant de commencer à m’intéresser vraiment à la géographie africaine, j’étais persuadée que les célèbres chutes Victoria devaient se trouver proches du lac du même nom. Et bien pas du tout. Le lac Victoria est à cheval entre le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie, alors que les chutes sont partagées entre le Zimbabwe, le Botswana et la Zambie. Ne me remerciez pas pour le cours de géo, c’est gratuit 😉 Nous dormons au bord du lac, au matin les pêcheurs autour de nous sont en train de poser leurs filets. Là aussi, le lac est monté de plus d’un mètre, en raison des pluies intensives depuis le mois d’octobre (alors que nous sommes censés être en période sèche… j’en parlerai dans mon bilan). C’est notre dernière journée au Kenya, demain (dimanche 23 février), nous entrerons en Oudanga, après 7 semaines passées ici.

Bye bye Kenya !