Week-end à la campagne
Après une nuit très calme au poste de police, nous retournons dans le quartier d’Eastleight et y retrouvons avec grand plaisir Rashid. Nous avons apporté les veilles photos que nous avions prises en 2006… ça ne nous rajeunit pas ! Nous rencontrons sa seconde épouse, Leila, avec laquelle il a eu 4 enfants, ce qui lui en fait 7 au total (nous ne connaissons que les 3 premiers). Ils habitent un petit 2 pièces au rez-de-chaussée d’un immeuble insalubre, l’eau courante est disponible dans la cour (1 robinet pour toutes les habitations) la moitié de la semaine seulement. La TV tourne toute la journée, et nos enfants feront aujourd’hui une cure non-stop de près de 10 heures de dessins animés ! On laisse couler pour aujourd’hui mais les prévenons qu’ils devront trouver d’autres occupations les jours suivants ! Nous nous installons dans la cour de la résidence, d’abord en bloquant l’accès de tout le monde puis tout au fond entre les cordes à linge lorsqu’un véhicule se déplace. Plus personne ne râle, les gens sont très accueillants et se succèdent pour visiter le camping-car. Effectivement une majorité des résidents est d’origine somali, certains essaient même de nous convaincre que c’est complètement sécurisé pour nous de visiter leur pays… ce que nous ne ferons pas, rassures-toi maman ! Les enfants ont tendance à toucher à tout, nous essayons de les canaliser en faisant de petits ateliers dessins 😉. Je fais quelques courses avec Leïla dans le quartier très animé ; la vie n’est pas forcément très bon marché au Kenya, par rapport aux pays que nous venons de traverser.
Rashid nous propose d’aller passer le week-end dans leur village natal, Mutitu, à 3 heures de route puis 2h30 de piste à l’ouest de Nairobi. Il y fait construire une grande maison à côté de celle de sa mère et serait fier de nous la montrer, ainsi que son village. C’est ok, on ira demain ! Nous envisageons un instant d’y aller en camping-car, mais abandonnons l’idée lorsque nous comprenons que la piste sera trop difficile pour pépère. Nous louerons une voiture 8 places plutôt (des enfants, seul Jamal viendra avec nous).
Avant de prendre la route, le lendemain (samedi 18 janvier), nous faisons un saut 2 blocs plus loin pour voir la 1ère femme de Rashid que nous avions rencontrée en 2006. Elle nous accueille chaleureusement et nous prépare aussitôt un petit-déjeuner… on n’ose pas lui dire qu’on vient d’en prendre un déjà 😉.
Nous partons ensuite pour Mutitu. Renaud prend le volant (à droite !) jusqu’à ce que l’asphalte se termine puis Rashid prend le relais ; nous nous félicitons de ne pas être venus en camping-car, la piste est vraiment mauvaise et certains passages (de rivière notamment) nous auraient été impossibles. Il fait déjà nuit lorsque nous arrivons, la maison est isolée et entourée d’une végétation luxuriante, Leïla nous installe dans une grande pièce avec des matelas par terre. Nous essayons de ne pas voir la chauve-souris au plafond ni les gros cancrelas sur les murs 😉. Lorsque Rashid et sa femme sont là, la maison est un lieu de passage d’une bonne partie du village visiblement. Tout au long des 2 jours passés là-bas, nous aurons en permanence entre 5 et 15 hommes qui viennent discuter, boire le thé, manger un morceau ou chanter. L’ambiance est très décontractée et vraiment sympa ! Le dimanche, Rashid achète une chèvre et la tue en l’égorgeant selon le rituel musulman. Les enfants sont très attentifs, particulièrement Martin qui ne manque aucune miette du dépeçage et découpage de la bête, posant plein de questions pour connaitre les différents organes. Ou comment improviser un cours de biologie/anatomie en pleine jungle kenyane ! Je m’essaie à la préparation de l’ugali, sorte de polenta locale qui constitue la base de l’alimentation au Kenya, mais j’ai du mal avec la cuisson au feu de bois. Louise s’en sort bien mieux que moi, ce qui fait bien rire nos amis !
En milieu d’après-midi, nous reprenons la voiture pour nous rendre au village et surtout dans les 2 écoles où sont scolarisées les 2 filles ainées de Rashid : l’une en fin de primaire, l’autre au lycée. Elles sont internes et ne reviennent sur Nairobi que toutes les 10 à 12 semaines environ. L’accueil dans les écoles est incroyable, surtout au lycée. Nous y rencontrons des professeurs et la directrice avec laquelle nous échangeons sur nos systèmes éducatifs respectifs. Les élèves sont évidemment très curieux ! Louise et Martin n’aiment pas trop être l’objet de toute leur attention et ont plutôt tendance à se cacher. Eliott, lui, joue bien le jeu, se laissant prendre par la main et toucher les cheveux. Comme souvent depuis l’Egypte, les gens le prennent pour une fille, et tous les élèves se mettent à hurler et applaudir lorsqu’il glisse un timide « I am a boy ». Succès garanti ! Nous poursuivons ensuite notre visite du village par un stop au mini-supermarché et au bar. Notre ami Rashid veut se présenter aux élections municipales de 2022 et nous sentons que présenter des « mzungus » (= blancs) peut jouer en sa faveur, il profite de chacun de nos arrêts pour glisser quelques mots de son programme. Ça nous fait bien rire 😉.
Nous passons une 2ème nuit agitée : Louise a très mal dormi sur son matelas encore recouvert de plastique, et Renaud a fait des bonds dans la nuit lorsqu’un lézard, puis un énorme mille-pattes essayaient de se balader sur son ventre. Nous passons encore la matinée du lundi à Mutitu, puis reprenons la route pour rentrer en ville. Quel chouette week-end ! Nous avons vraiment apprécié de passer ce temps en dehors de la frénésie de la capitale. Et quand on voit les embouteillages, le bruit et la pollution de Nairobi, on comprend que nos amis se mettent au vert dans leur village toutes les 2 semaines ! Demain, nous quittons Rashid et sa famille en direction du sud du pays, presque à la frontière avec la Tanzanie. Près de Magadi, nous allons retrouver Patricia, une tante de Renaud mariée depuis des années avec Anuang’a, un masaï. Pour rejoindre le village, nous avons cette indication : « prends la piste la plus fréquentée jusqu’à l’intersection où un masaï vous attendra pour vous indiquer la direction ». En route pour l’aventure !