Convalescence et arrivée sur Nairobi
Mardi 14 janvier : cela fait maintenant 4 jours que nous sommes posés derrière un café proche de la « Kisima farm », qui nous a été recommandée par des amis voyageurs. Lucy, la gérante du café et John, son frère qui travaille à la ferme, viennent régulièrement nous voir pour prendre des nouvelles d’Eliott. Les médicaments contre le palu commencent enfin à agir, et après 3 jours sans rien pouvoir avaler, à ne pas arriver à grimper seul dans son lit, hier soir il a réussi à manger du riz et ce matin il prend enfin des tartines. Ouf, le plus dur est passé, il va maintenant falloir qu’il se remplume car il a perdu pas mal de poids je pense ! C’est aussi le signe pour nous que nous pouvons reprendre la route, tranquillement pour qu’il puisse encore se reposer. Nous faisons halte pour la nuit près de la petite ville de Sagana. Nous prenons une piste latérale et nous enfonçons dans le bush jusqu’à un endroit qui nous semble ok. Quelques villageois nous saluent de loin, nous dinons et les enfants vont se coucher tandis que nous regardons un truc sur l’ordi. Vers 21h30, plusieurs lumières balaient le camping-car, puis les inévitables coups raisonnent sur la carrosserie. 7 ou 8 policiers se tiennent devant nous, afin de contrôler notre identité et nous poser quelques questions. D’habitude, ce genre de contrôle vise surtout à s’assurer de notre sécurité. Pour la première fois, nous comprenons que les villageois ont alerté la police car ils craignaient pour LEUR sécurité ! Il faut dire que les autorités kenyanes sont un peu tendues dans une bonne partie du pays à cause d’un risque terroriste lié aux extrémistes islamistes somaliens, appelés shebbabs. La zone dans laquelle nous sommes n’est pas « a priori » concernée, mais un véhicule atypique comme le nôtre attire forcément l’attention. Une fois rassurés sur nos intentions, les policiers nous souhaitent la bienvenue et nous confirment que nous serons en sécurité ici. Tout est bien qui finit bien 😉.
Nous arrivons le lendemain dans l’après-midi à Nairobi. Nous avions prévu de nous rendre sur la côte vers Mombasa, mais la famille que nous devions rejoindre a changé ses plans, et nous nous retrouverons plutôt dans la capitale. Nous nous installons à Jungle Junction, une sorte de camping très connu des voyageurs motorisés. Malheureusement, nous nous rendons compte qu’ici, au Kenya, les campings facturent en fonction du nombre de personnes, et que les enfants comptent aussi ! La note risque d’augmenter rapidement pour nous ! Il est trop tard pour changer d’avis, aussi nous profitons à fond des installations proposées : laverie, douches, électricité… et nous échangeons aussi avec plusieurs couples de voyageurs qui sont, comme nous, sur la route depuis plusieurs mois.
Mercredi 15 janvier, nous nous rendons au David Sheldrick Sanctuary, également connu sous l’appellation « orphelinat des éléphants ». Ce centre recueille des éléphants qui ont perdu leur mère (braconnage, mort naturelle ou dans la majorité des cas des animaux victimes de conflits agraires, liés à l’extension des zones d’élevage et de culture au détriment des terres sauvages), les élève et les remet en liberté à partir de 3 ans et demi à 4 ans, quand ils peuvent se débrouiller seuls et se faire accepter par une nouvelle horde. Et dans cet intervalle, le centre ouvre au public de 11h à 12h pour qu’on puisse assister à leur déjeuner, lorsque les soigneurs leurs donnent le biberon. Les éléphanteaux sont adorables, ils cherchent le contact en venant se frotter à nous et les enfants sont aux anges de pouvoir les voir de si près !
Nous passons une nouvelle nuit à Jungle Junction (Renaud en a profité pour faire la vidange du véhicule), mais décidons que ce sera la dernière au vu du tarif (23$ pour nous). Nous sommes en contact avec Rashid, un ami que notre cousin kenyan, que nous avions déjà rencontré il y a 13 ans lors de notre premier séjour ici. Il nous propose de venir nous garer au pied de son immeuble, ce que nous acceptons. Mais avant de le rejoindre, nous allons visiter le Girafe Center, où l’on peut nourrir une petite dizaine de girafes. Là encore, les enfants apprécient vraiment de les voir de près, et Martin aime tout particulièrement le « bisou » bien baveux de ces grandes dames ! Nous allons ensuite faire quelques courses à Carrefour et à Decathlon avant de rejoindre Rashid chez lui. Nous passons du quartier de Karen, où vivent beaucoup d’expatriés, avec leurs grandes demeures barricadées, des allées d’arbres bien taillés, au quartier d’Eastleight, beaucoup plus populaire et à population majoritairement musulmane. Rashid a un contretemps, c’est son fils Jamal qui nous accueille. Les voisins ne semblent pas contents qu’on se gare dans la résidence c’est vrai qu’avec notre gabarit nous bloquons le portail et personne ne peut plus entrer ni sortir ! Jamal est ennuyé, mais nous propose de dormir dans la rue, devant le portail. Nous paierons demain un type qui se charge de veiller sur nous. Mais dès 22h, de grands coups sur la carrosserie. Un type pas très sympa, soi-disant de la sécurité du quartier, nous mitraille de questions en aboyant. Quelques minutes plus tard, ce sont de vrais policiers qui arrivent, beaucoup plus sympathiques. Ils s’inquiètent pour notre sécurité et ne veulent absolument pas que nous dormions ici. Finalement ça nous arrange bien car on n’a pas très envie de rester non plus. Ils nous accompagnent dans leur caserne où nous passerons une nuit très calme ! Entre temps, nous réalisons que Rashid habite en plein cœur du quartier somali de Nairobi, qui a été l’objet de plusieurs attaques ces dernières années ; nous comprenons mieux la perplexité des policiers ! Mais tout va bien, nous sommes encore là pour vous raconter la suite de nos aventures dans un prochain article 😉.