Voyager au Soudan en camping-car : infos pratiques et bilan
Nous avons passé 1 mois à la découverte de ce grand pays méconnu, le parcourant du nord au sud-est avec un gros détour sur la côte de la mer Rouge. Nous avons été marqués par l’accueil incroyable de la population, leurs sourires et gestes de bienvenue. Nous avons également été frappés par la grande pauvreté des habitants et le manque criant d’infrastructures de bases telles que l’eau courante, l’électricité, le ramassage des ordures.
Durée : 30 jours, du 23 octobre au 21 novembre 2019
3 200 kilomètres parcourus
Dépenses : 1183€, soit 39,50€/jour. Les frais administratifs (visas, enregistrement, assurance et « fixer » obligatoire pour les démarches à l’entrée du pays) s’élèvent à 745€, soit 63% du budget ! Si je les enlève, cela nous ramène à des dépenses quotidiennes de 14,50€/ jour. Pour une famille de 5, je pense qu’on aura du mal à faire moins sachant qu’on a visité la plupart des sites archéologiques du pays et qu’on a mangé au « restaurant » à chaque fois que c’était possible !
Concernant les visites, les enfants n’ont jamais payé, il n’y a aucun tarif affiché. Visiblement sur les plus « gros » sites le tarif officiel serait de 20$/personne, mais nous n’avons jamais payé cette somme, il ne faut pas pousser non plus ! L’un des gros postes dépense est finalement « l’hébergement », c’est-à-dire ce que nous avons payé pour dormir sur des parkings sécurisés à Khartoum et Dongola, et au bord de la mer à Port Soudan afin d’avoir accès à une jolie plage.
Ce qu’on a aimé (sans ordre de préférence) :
- Les jus de fruits frais : dans toutes les villes, on trouve des petites échoppes vendant des jus de fruits frais : goyave, mangue, banane, citron ou un mix de tout ! Pour 0,80€ le grand verre, on s’est régalés
- L’ancienne cité de Naga : plutôt bien conservée, on a apprécié de pouvoir discuter avec un archéologue allemand faisant des fouilles sur place. La piste pour y parvenir est très sablonneuse, et nous étions également super fiers d’y être arrivés, ça joue peut-être dans le fait qu’on a bien aimé ce site 😉 à l’inverse, on a trouvé Musawarat, sa voisine, bien moins intéressant (mais plus facile d’accès…)
- Nous avons adoré l’accueil incroyable des soudanais, et plus particulièrement des nubiens au nord. Leur hospitalité est incroyable et fait chaud au cœur, nous rappelant un peu l’accueil reçu en Iran il y a 4 ans.
- Nous avons aussi beaucoup apprécié le calme des bivouacs en pleine nature, facile à trouver. Certes à chaque fois un berger ou un gosse finissait par rappliquer, mais seulement pour nous demander si tout va bien, si on a besoin de quelque chose, voire pour nous inviter chez lui.
- Certes, après l’Egypte les sites archéologiques du Soudan font un peu pâle figure. En revanche, quel plaisir d’avoir les sites pour nous tous seuls, sans horde de touristes ! Un luxe qui nous donnait l’impression d’être de vrais aventuriers 😉
- La route de Wadi Halfa à Dongola : c’était notre première approche du Soudan et on a vraiment beaucoup aimé la route, un paysage de joli désert ponctué de rochers avec des dattiers le long du Nil. On a pu dormir plusieurs fois au bord du fleuve... sympa !
- Le musée de Kerma : quelle surprise de visiter un joli musée, assez moderne, dans cette ville poussiéreuse ! Il nous a permis d’en savoir un peu plus sur les civilisations qui se sont succédées dans la région, ce qui compense le manque d’informations sur tous les autres sites. Mention spéciale au film de 20mn en français racontant les fouilles sur le site.
Ce qu’on a moins aimé
- Quel pays poussiéreux ! Un peu comme en Mongolie, elle s’infiltre partout dans la cellule, et nous en avons partout, sur les lits, dans la vaisselle… un vrai bonheur !
- La ville de Khartoum : sans surprise, nous n’avons pas particulièrement apprécié la capitale du Soudan, ni aucune des grandes villes du pays, d’ailleurs. Trop de circulation sur des routes défoncées et poussiéreuses, pas d’air, beaucoup de bruit et pas de vrai centreville dans lequel on aurait pu prendre plaisir à déambuler.
- La route de Khartoum à Suakin, avec d’énormes nids de poule et beaucoup de poids lourds allant à fond la caisse… pas évident de manœuvrer ou ralentir pour éviter les trous dans ces conditions ! Mention spéciale également aux 100 derniers kilomètres avant la frontière Ethiopienne… Pas un chat cette fois-ci, mais un bitume complètement défoncé nous forçant à rouler à 12km/h en moyenne…
- Les plages de la mer Rouge, ou je devrais plutôt dire l’absence de plages de la mer Rouge ! C’est quand même dommage ce grand littoral non aménagé alors que les fonds sont si réputés dans le mode de la plongée ! Mais nous n’avons trouvé que boue et marécages. Même la plage sur laquelle nous nous sommes posés 4 jours n’était pas top…
- Les paysages au Soudan sont un peu monotones du désert partout, plus ou moins rocailleux, quelques acacias, quelques dattiers lorsqu’on longe le Nile, quelques champs de maïs dans le sud, mais rien de transcendant en termes de paysages.
- Nous avons fait la connaissance de nos premières mouches africaines. Vous savez, celle qui vont dans les yeux, dans les trous de nez et au coin de la bouche. Et vous avez beau les faire partir, elles reviennent aussitôt ! Super pénible…
Les petits trucs qu’on a remarqués
- Les enfants ont été marqués par la quarantaine de vaches mortes trouvée le long de la route à notre au sud de Wadi Halfa. Visiblement des vaches élevées au Darfour pour l’exportation, transportées dans des conditions tellement mauvaises que beaucoup meurent en cours de route et sont jetée sur le bascôté avant de franchir la frontière égyptienne.
- Les maisons sont très simples au Soudan, souvent des carrés en torchis. Mais une chose ressort vraiment, le portail ! En fer, souvent ouvragé et très coloré, cela leur permet de personnaliser leurs maisons. On en a vu des roses fluos, des jaunes, des bleus, des multicolores…
- Saviez-vous que le Soudan était un important producteur d’or ? Nous non, avant de voir des dizaines de personnes fouiller le sol à l’aide d’un détecteur de métaux. Et sur la route entre Khartoum et Suakin, c’est bien plus organisé car ce sont des camions qui creusent le sol, il y a des villages entiers de tentes dédiées aux ouvriers.
- La première fois qu’un policier nous a demandé nos passeports à un checkpoint, je lui ai demandé de me montrer sa carte. Car ici, les policiers sont la plupart du temps en civil ! Et moi je n’aime pas confier mon passeport à n’importe qui ! Il y a beaucoup de checkpoint sur les axes principaux, aux entrées et sorties des villes. La plupart du temps nous avons été très bien accueillis.
- Il n’y a pas de couverts au Soudan. Juste une fois nous avons eu des cuillers pour manger de la soupe, sinon c’est avec la main droite, que ce soit pour du poulet, du riz, le full (sorte de purée de fèves et cacahuètes)
- Hello China ? Ni Hao ! A 3 ou 4 reprises, des personnes nous ont pris pour… des chinois ! Alors qu’on nous prenne pour des allemands ou des russes, nous en avons l’habitude, mais des chinois, c’est bien la première fois !!
- Les enfants ont remarqué que les panneaux publicitaires (surtout à Khartoum, du coup) présentaient surtout des personnes métissées, à la peau assez claire et rarement des personnes noires comme nous en croisons dans la rue. Le culte de la « clarté », que nous avions déjà remarqué en Asie, est très présent ici aussi.
Infos pratiques pour circuler en camping-car
- Point d’entrée : Wadi Halfa, depuis l’Egypte – fixer obligatoire, ce qui nous a valu quelques heures d’attente à la frontière ! voir article dédié. Il faut s’enregistrer dans les 3 jours après l’entrée dans la pays. Nous l’avons fait à Wadi Alfa pour 532SP/pers.
- Visa : obtenu au Caire, il nous a couté 150$/personne (il coûte autour de 60$/pers quand on le fait depuis l’Ethiopie). Validité : 2 mois à partir de la date d’entrée dans le pays.
- Point de sortie : Gallabat, pour entrer en Ethiopie. Frontière relativement facile, un peu longue car tombés pendant l’heure du déjeuner. Aucun frais à prévoir à la sortie (à part le coût de 2 photocopies/passeport à laisser à l’immigration).
- Importation temporaire : le CPD est appelé « Triptyque », parfois demandé aux checkpoints. Dans les frais d’entrée au Soudan, il y a plusieurs taxes et autorisation de circuler. Nous n’avons pas bien compris si nous avions l’autorisation de 30 jours ou plus pour le véhicule. Mais nous n’avons pas eu besoin de prolonger, donc pas plus creusé ce point.
- Assurance : obligatoire pour franchir la frontière, mais c’est le fixer qui s’en occupe. Nous avons payé 320SP pour 1 mois. On s’est renseigné à Khartoum pour prendre l’extension COMESA (yellow card) qui couvre plusieurs pays d’Afrique de l’est, mais le coût proposé autour de 400$ était prohibitif, nous verrons cela en Ethiopie.
- Monnaie : la livre soudanaise, ou sudanese pound (SP). Les cartes internationales ne sont pas reconnues au Soudan, il faut donc changer des euros ou des dollars et avoir tout le cash nécessaire pour la durée du voyage. Officiellement, le taux est autour de 1$ = 45SP, mais au marché noir 1$=75SP (1€=83SP). Nous n’avons changé que 2 fois, à Wadi Halfa puis à Khartoum.
- Routes : Il y a peu de routes goudronnées au Soudan, et nous en avons pris une bonne partie ! Dans la partie nord les routes sont excellentes, celle pour rejoindre Port Soudan est très pénible et les derniers 100km avant la frontière avec l’Ethiopie sont terribles.
- Bivouacs : très facile de trouver des bivouacs en pleine nature. En plein désert il faut faire preuve d’un peu de patience pour trouver la piste praticable avec notre véhicule. Aucun sentiment d’insécurité. En revanche, toujours s’attendre à voir débarquer un berger ou un gosse sur son âne 😉. En ville (dongola et khartoum), nous avons préféré séjourner sur des parkings sécurisés.
- Sécurité : Nous ne sommes pas allés dans les zones sensibles du Nil bleu et du Darfour, très éloignés de notre itinéraire. La délinquance est quasiment inexistante au Soudan, très peu de vols d’une manière générale. Nous n’avons pas ressenti de tension dans la capitale (pour mémoire il y a eu un coup d’état cet été). Il y a beaucoup de checkpoint le long des routes, à chaque fois nous avons été très bien reçus, les documents parfois vérifiés.
- Eau : de tous nos voyages, c’est le premier pays où nous sentons que l’eau est une difficulté. Dans les villages, les gens n’ont pas l’eau courante, ils boivent l’eau du Nil plus ou moins filtrée, ils ont des réservoirs dans lesquels nous nous voyions mal ponctionner 200 litres ! Le long des routes traversant le désert, il y a régulièrement de grosses jarres en terre cuite à la disposition de tous. Nous avons réduit de façon drastique notre consommation, et avons rempli nos réservoirs 3 fois en 1 mois, à chaque fois dans les hôtels où nous avons payé pour stationner. Et les 3 fois, l’eau était très trouble. Heureusement que nous avons un bon système de filtration pour pouvoir la boire !
- Carburant : entre 4 et 6 SP le litre de gasoil, soit un plein à moins de 3€ ! Mais le pays connait depuis plusieurs années une pénurie chronique de carburant. Beaucoup de stations-service sont fermées, et il faut voir les files d’attentes à celles qui ont du carburant ! 1 fois nous avons attendu 1h pour rien car la station n’était pas encore livrée, une autre fois nous avons attendu 1h30, mais la plupart du temps les soudanais se faisaient un plaisir de nous faire passer en premier. Un peu gênant, mais ils ne nous laissaient pas vraiment le choix !
- Internet : nous avons trouvé facilement à Wadi halfa une boutique MTN. Nous avons payé 20SP la carte SIM et 280SP les 10Go de data pour 1 mois. Bon… vu la qualité du réseau moitié moins aurait suffi 😉 La couverture est relativement bonne dans les grandes villes (H+, hein, je ne vous parle quand même pas de 4G !), mais en dehors il faut se contenter d’un filet de réseau en Edge permettant essentiellement des échanges sur WhatsApp.
- Courses : Nous avons trouvé une grande surface à Khartoum. En dehors il faut segmenter les achats : fruits et légumes au bord de la route ou dans de petites échoppes, produits « secs » dans les toutes petites épiceries finalement assez bien achalandées. Quant aux produits frais (yahourt, fromage), ils sont beaucoup plus rares…et pas très frais quand on en trouve ! Nous n’avons pas acheté de viande, celle pendant entre 2 boutiques de pneus ne nous inspirant pas confiance. Quelques prix en SP :
- Tomates : 100 à 150 le kg
- Concombres : 50 à 70 le kg
- Oranges et bananes : 40 le kg
- Carottes et courgettes : 120 le kg
- Pommes : 30 à 40 l’unité
- Lait en brique : 80 à 100 le litre