Premier "safari" en camping-car
Décidément, les bivouacs sauvages ne nous réussissent pas en ce moment ! Comme nous trainons à Addis jeudi 19 décembre toute la matinée pour boucler nos dernières courses, nous sommes trop justes pour arriver avant la tombée de la nuit dans le parc national d’Awash, notre prochaine étape. Nous allons donc chercher un endroit au calme pour nous poser pour la nuit. Le paysage entre temps a bien changé : nous sommes descendus progressivement (Addis est encore à 2200m d’altitude), et c’est un paysage de plaine volcanique qui s’ouvre devant nous. Nous empruntons une piste au hasard et trouvons un coin qui nous semble pas mal, à l’abri des regards et de la route, sans habitation à perte de vue. Vers 19h, alors que la nuit est déjà tombée et que nous sommes en pleine séance ciné/ordi Harry Potter, 2 hommes arrivent. Nous comprenons qu’ils nous demandent de partir, mais ils ne parlent pas le moindre mot d’anglais, donc on ne comprend pas pourquoi. Ils insistent lourdement, l’un d’eux est armé d’une grosse kalach mais ne semble pas être « officiel ». Lorsqu’il monte dans le camping-car, je lui demande poliment mais très fermement de descendre, j’avoue ne pas trop aimer voir une arme aussi proche de mes enfants… On finit par comprendre qu’ils se proposent d’assurer notre sécurité en dormant près de nous, moyennant finance évidemment. Ben voyons… En revanche on ne comprend toujours pas quel est le risque. Je finis par m’emporter et leur claquer la porte au nez… difficilement d’ailleurs car ils m’empêchent de la fermer en continuant à nous faire le geste de dégager. On ne les entend plus pendant un petit quart d’heure, on reprend le film mais ils tambourinent à nouveau à la porte. Renaud leur propose de faire appel à un ami : c’est un grand classique : ils téléphonent à quelqu’un parlant anglais et on peut ainsi à peu près avoir une conversation à 3. Malgré ça le danger n’est pas clair du tout : un coup ce sont les hyènes, un autre coup ce sont des paysans en colère (?), mais on comprend surtout qu’on doit leur verser 50$ ou bien partir ! Ça fait maintenant 2 heures qu’ils squattent devant notre porte, les enfants se sont couchés entre temps. Ce racket ne nous plait évidemment pas, et après réflexion avec Renaud nous décidons de plier bagage. On sent qu’ils ne vont pas lâcher l’affaire et on ne se sent plus en sécurité. 10km plus loin, on emprunte une nouvelle piste et on se pose un peu au hasard au milieu d’un champ de pierres volcaniques, en retrait de la route mais pas trop loin non plus pour pouvoir partir rapidement. Nous nous endormons immédiatement jusqu’à ce que des coups retentissent sur la porte un peu avant 6h du matin. Renaud descend, je l’entends dire 2 mots et claquer la porte violement… le type venait simplement demander de l’argent ! Pas le temps de se rendormir, à 7h de nouveaux coups sur la porte, un autre homme qui ne parle pas plus anglais, mais au moins ne demande pas d’argent. Nous avons néanmoins un peu de mal à l’accueillir aimablement vu la conduite de ses homologues… il restera assis sur un rocher à 10m de nous à nous regarder de loin jusqu’à ce qu’on lève le camp vers 8h30. Pour rejoindre la route nous devons déplacer une barrière en pierre et en branches d’acacias que nous supposons construite par le gars de 6h du matin… sympa !
Nous arrivons en milieu de matinée à la porte du parc Awash. Seule la partie sud est praticable pour notre véhicule, nous décidons d’y rester 2 nuits et de dormir au campsite près de la rivière. Au moment de nous acquitter des droits d’entrée (pas cher du tout, d’ailleurs !), le gardien veut nous imposer un guide armé. Alors que c’était obligatoire et bien indiqué dans les règles du parc aux Simien Mountains, là on ne voit rien d’écrit. On se bagarre un peu mais on finit par avoir gain de cause et nous entrons dans le parc. Ici, plus de route goudronnée, mais quelques pistes plutôt correctes qui nous permettent de nous enfoncer dans la réserve. Malheureusement, nous ne parvenons pas jusqu’au campsite, les derniers 100 mètres ne sont pas praticables pour nous (et je passe sur la dame croisée près du bureau du parc qui n’a pas souhaité nous donner la direction du camping sous prétexte que nous n’avions pas de guide ! Le business éthiopien dans toute sa splendeur !). Comme il est interdit de dormir n’importe où dans le parc, nous irons dormir sur le parking d’un joli lodge. Tient, nous sommes le 20 décembre, l’anniversaire de notre rencontre à Renaud et moi (22 ans !). L’occasion de se faire un petit resto en tête à tête 😉.
Alors clairement, ce parc n’aura pas un grand intérêt pour les personnes venant d’Afrique australe. En revanche, pour les voyageurs venant comme nous du nord, c’est une jolie introduction aux safaris animaliers qu’on fera dans les prochains mois. Nous y avons vu des oryx, plusieurs types d’antilopes (des dik dik, des gazelles de Soemmering), un renard, une famille de phacochères, des babouins, des singes vervets, de beaux oiseaux (aigles pêcheurs…)… Et les enfants ont particulièrement aimé les crocodiles le long de la rivière Awash, ils en ont compté 17 en contrebas de la terrasse du lodge ! Et de beaux spécimens de plusieurs mètres ! A noter que des éleveurs traversent régulièrement le parc, nous nous sommes donc également trouvés nez à nez avec des troupeaux de chèvres, moutons, vaches ou dromadaires, ce qui enlève un peu au côté sauvage du parc.
Au final, nous avons vraiment apprécié des 2 jours passés dans le parc. L’occasion de voir également comment réagissent les enfants au fait de chercher des animaux en roulant doucement. Eliott et Martin se sont montrés enthousiastes et passionnés, à rechercher les animaux dans les livres et à nous lire TOUTES les informations dessus. Quant à Louise, elle s’en balance royalement ! Zéro patience pour chercher les animaux : « Bon y’a rien là, vous m’appelez quand vous trouver quelque chose ?! », plutôt le nez dans sa liseuse, à nous répondre « ouais ben c’est bon je l’ai vu l’oryx on ne va pas rester 1 heure devant ! »… ça promet pour les mois à venir !!