Montée d’adrénaline sur les pistes soudanaises
Nous sommes finalement restés une journée de plus à Khartoum. Nous étions sur le départ, en train de faire des courses dans un centre commercial moderne, lorsque j’ai reçu un message de Nina et Jon, un couple voyageant depuis 3 ans avec leur fille Bianca. Nous les rejoignons devant leur guesthouse et passons l’après-midi puis la soirée ensemble à échanger des infos sur les différents pays, les trucs à éviter, les taux de change, les visas etc. Une chose marrante : ils connaissent plusieurs familles voyageuses française que nous connaissons aussi… le monde des voyageurs est vraiment petit 😉
Nous les quittons le lendemain et prenons la direction du nord. Mais avant de quitter complètement la ville, nous devons faire le plein. Après plusieurs stations fermées car non approvisionnées, nous en trouvons une qui a du gasoil… et une file d’attente d’au moins 50 voitures ! Nous nous installons en dernière position et en profitons pour déjeuner, au milieu des effluves de carburant… miam miam ! Au bout d’une heure et demi, un homme vient nous voir et nous propose de passer devant, ce que nous acceptons vu que nous avons très peu avancé ! Le gasoil est encore moins cher qu’à Karima : 4, 11SP/litre, soit 0,05€. Nous roulons ensuite 170 jusqu’à la piste qui nous mènera le lendemain à 2 sites archéologiques.
Nous avons hésité et pris pas mal de renseignements avant de nous engager sur la piste. Nous savons que celle en direction de l’ancienne cité de Musarawat est praticable pour nous, mais nous avons un peu plus de doutes sur celle allant à Naga, qui est beaucoup plus sablonneuse. En attendant, nous trouvons un joli bivouac au milieu de quelques acacias déplumés. Le silence fait du bien après les 5 nuits en pleine ville à Khartoum !
Le lendemain (vendredi 8 novembre), nous sommes réveillés vers 6h par une poignée de gamins qui tournent autour du camping-car pour mendier quelques stylos, vêtements ou de l’argent. Que la vie doit être dure dans ce désert ! On se demande vraiment de quoi vivent les gens. Mais nous ne pouvons pas donner à tout le monde (surtout que lorsqu’on donne des dizaines d’autres gamins rappliquent !), c’est un vrai cas de conscience. Nous préférons donner des dattes et ne refusons jamais lorsqu’ils nous demandent à boire.
Il est temps maintenant de nous attaquer à la piste ! Et comme on ne fait pas les choses à moitié, on décide de tenter Naga, à 20km. Au pire on reste plantés dans le sable, mais come il s’agit d’un site touristique il y aura bien quelques passages de 4x4 dans la journée… du moins on l’espère !! Renaud dégonfle les pneus au maximum pour avoir plus d’adhérence. La piste est effectivement très sablonneuse par endroit, mais relativement plate ce qui nous permet de garder un peu de vitesse et de passer. Certains endroits sont un peu chaud, avec du sable bien mou et bien profond, ou bien des ornières qui font racler le sable sous notre pont. Et à 4km de l’arrivée, un gros banc de sable avec devers + ornières nous contraint de de ralentir et… bim !! Plantage ! A peine enfoncé, Renaud n’insiste pas pour ne pas aggraver la situation et nous enfoncer davantage. Il creuse pour dégager les roues de devant, nous plaçons les cales sous les roues de derrière, il tente de sortir et… réussit ! C’est bien la première fois qu’on se sort tout seuls du sable, en moins de 5 minutes en plus ! On n’en revient pas !!
Tous ragaillardis et tous fiers de nous, nous arrivons finalement sur le site de Naga au bout d’1h30 de piste et nous nous garons crânement à côté de 2 4x4. Qui a dit que notre pépère n’était pas fait pour les pistes ? Le site de Naga est très joli. Sur le côté, on repère 2 hommes en train de faire des fouilles. On s’approche, et l’un des 2 vient à notre rencontre pour nous expliquer le projet sur lequel il bosse depuis 2013… quelle patience ! (et pour l’anecdote, il nous confirme que le Soudan ne finance quasiment aucun projet de recherches archéologiques, en revanche le Quatar est très présent ici). Il nous propose ensuite de nous donner quelques explications sur le site, et passe une vingtaine de minutes avec nous… vraiment super sympa ! La mauvaise nouvelle, c’est que nous devons reprendre la même piste pour le retour… mais Renaud est confiant. Arrivé au passage délicat, il prend un poil plus de vitesse, ça chahute un peu le camping-car mais nous passons sans encombre.
Nous rejoignons ensuite la piste pour Musarawat, 12km de piste gravillonneuse, bien plus facile pour nous. Mais le site est aussi moins joli, beaucoup de pierres sont encore à terre, certaines parties restaurées mais du coup ça fait un peu artificiel. Nous terminons la visite par le petit temple du Lion, une centaine de mètres plus loin et lui, en revanche, est très joli avec de belles gravures bien conservées ! Nous terminons notre journée en retournant au même endroit que la veille, au calme pour nous remettre de nos émotions et de cette journée poussiéreuse !