Les Eglises de Lalibela, creusées dans la roche !
Dimanche 24 novembre, avant de quitter la ville de Gondar, nous prenons le temps d’aller visiter les bains de Fasiladas, ancien souverain du royaume. Le site est petit, mais il dégage une atmosphère particulièrement sereine avec ses arbres aux énormes racines enlacées dans la pierre. Pour déjeuner, nous nous arrêtons au bord de la route dans une minuscule échoppe, pour y prendre le repas typique de l’Ethiopie : du shiro et de l’injera, une pâte à base de farine de pois chiche relevée sur une crêpe très particulière assez acide, fabriquée à base de teff, une céréale cultivée en Ethiopie. Et le tout avec les doigts, évidemment !
Puis nous prenons la route vers le sud et roulons quelques heures. Nous nous arrêtons un peu au hasard dans le village de Awra Amba, qui s’avère être une communauté très particulière, créée en 1972 par un éthiopien un peu utopique qui voulait créer une société basée sur l’égalité entre les personnes (hommes, femmes, enfants), le respect d’autrui et la solidarité. Il a reçu plusieurs prix pour son action, et le village compte à présent environ 600 personnes et est connu dans toute l’Ethiopie. Nous dormons en plein milieu du village, mais la mendicité étant interdite dans le village, nous ne sommes pas importunés par les sollicitations traditionnelles. En revanche, nous suscitons clairement la curiosité ! Le lendemain matin, nous faisons une visite guidée du village avec un guide qui nous explique son fonctionnement, et nous avons même l’honneur de rencontrer le fondateur du village. 2 minibus de touristes en voyage organisé s’arrêtent également pour une visite éclair, et le tour du village est payant… l’utopiste est quand même bien ancré dans la réalité commerciale 😉 Mais nous passons un très bon moment, et ne quittons le village qu’en début d’après-midi. Nous sommes à présent 7 dans le camping-car, car nous embarquons Ferran, un espagnol rencontré à l’auberge du village et souhaitant se rendre, comme nous, à Lalibela.
Mais la route est plus longue que prévue. Pas franchement mauvaise, à part sur quelques tronçons, elle est en revanche très encombrée (des ânes, des gens, des gamins, des travaux…) et nous montons à plus de 3000m d’altitude ! Nous avons le plaisir d’apercevoir nos premiers babouins en plein milieu de la route ; nous faisons plusieurs pauses photo tellement le paysage est beau.
Bref, alors que nous devions déposer Ferran à Gashena, au croisement de la mauvaise piste que nous comptions prendre le lendemain, nous lui proposons plutôt de dormir chez nous pour un bivouac sauvage sur un point de vue magnifique. Mais nous nous apercevons vite que nous ne sommes pas très loin d’un village… très vite c’est une bonne quinzaine de gamins et quelques adultes qui nous entoure, nous demandant de l’argent, des stylos et tout ce qu’ils aperçoivent par les fenêtres du camping-car. Pour calmer un peu tout ça, nous organisons une séance d’ordi/ciné. Ça marche un moment, mais c’est drôle, les gosses n’osent pas s’installer sur le tapis, ils s’agglutinent juste derrière 😉 Alors que je file préparer le diner, je suis à nouveau très sollicitée, jusqu’à ce qu’un gamin commence à lancer des cailloux sur le camping-car. Je fais ma grosse voix, appelle Renaud en renfort et nous ne reverrons plus le gosse (de toute façon il fait nuit noire, je n’ai aucune idée de qui c’est).
Le lendemain, ils sont tout autour de nous dès 7h. A peine le volet descendu, les « money, pen » reprennent. Renaud et Ferran sortent dans la fraicheur matinale pour les saluer (et faire diversion) pendant que nous préparons le petit-dej, l’un des gamins est clair ; soit on donne de l’argent, soit ils nous balancent des cailloux ! Je ne suis pas très sereine, c’est exactement ce genre de situation que j’appréhendais. Finalement, nous trainons jusqu’à ce que les plus jeunes partent à l’école, ils sont remplacés par des ados qui semblent plus calmes et nous pouvons partir tranquillement. La grande majorité des personnes ici sont bienveillantes, et nous accueillent avec de grands sourires qui font chaud au cœur. Mais nous sommes aussi vus comme des portefeuilles ambulants, avec cette idée que parce que nous sommes occidentaux, nous devons leur donner quelquechose. Nous avons évidemment déjà traversé des pays où les gens nous demandent des choses, mais là ça atteint un sacré niveau ! Pour l’instant nous arrivons à faire la part des choses, et nous apprécions vraiment notre séjour ici, mais la prochaine fois nous essaierons de ne pas nous garer près d’un village pour ne pas nous retrouver dans une situation délicate. Nous redoutions les 64km de piste pour rejoindre Lalibela, mais avons la bonne surprise de voir de larges tronçons asphaltés. Heureusement, car avec la pluie tombée ces derniers jours, certaines portions sont bien boueuses et nous savons que notre monture n’aime pas du tout la boue ! Nous mettons un peu plus de 3 heures pour rallier Lalibela, déposons Ferran et trouvons un hôtel avec un grand parking pour nous garer.
Dès l’après-midi, nous commençons à visiter les fabuleuses églises creusées dans la roche. Enfin plus que ça, elles sont carrément creusées au-dessous du niveau du sol ! On imagine le boulot pour creuser et évacuer toute cette roche ! Il y a 12 églises à visiter, avec un billet combiné à 50$... gloups ! Heureusement, ce billet est valable 5 jours et nous pourrons étalier les visites. Nous commençons par les 7 églises du groupe Nord. Il faut faire abstraction des bâches de protection installées par l’UNESCO pour préserver les églises, mais c’est vraiment impressionnant ! Elles mesurent environ 15 mètres de haut et ont été construites aux environs de 1200 sous le règne du roi Lalibela (oui, un peu mégalo il a donné son nom à la capitale de son royaume…). Les églises sont toujours utilisées aujourd’hui par les croyants, et nous assistons à la sortie d’une cérémonie à laquelle se sont rendus de nombreux éthiopiens enroulés dans leur étole blanche.
Aujourd’hui (mercredi 27 novembre), nous poursuivons notre découverte par le groupe sud. Problème : nous ne retrouvons plus le ticket acheté la veille, et nous perdons quasiment 2 heures le temps que Renaud aille chercher une copie au visitor center. Une fois le précieux sésame en poche, il est quasiment l’heure de déjeuner et les églises ferment entre midi et 2. Nous ne pourrons entrer que dans une seule église ☹ Mais les enfants s’amusent vraiment dans les étroits couloirs creusés dans la roche, dont le « couloir de l’enfer », long de 35m dans l’obscurité totale.
Nous prenons un bajaj (= un tuk tuk) pour aller déjeuner dans un restaurant avec une vue incroyable sur les montagnes environnantes. Bon ok c’est un restaurant pour touristes, mais la vue vaut vraiment le coup ! L’après-midi, nous trainons un peu en ville, Eliott joue au babyfoot en pleine rue, nous rechargeons nos téléphones avec un forfait internet puis nous redescendons des hauteurs de la ville en fin de journée pour visiter la plus célèbre des églises de Lalibela : Saint-Georges.
L’intérieur n’est pas le plus grandiose, mais l’extérieur est vraiment remarquable et elle n’est pas couverte donc la vue depuis la petite colline en surplomb est vraiment splendide. Et cerise sur le gâteau pour achever de séduire les enfants (qui ont quand même un gout assez prononcé pour le morbide !), on trouve des momies et squelettes dans certaines cavités entourant l’église.
Ce soir, nous sommes crevés après avoir pas mal crapahuté dans les rues en pente de Lalibela. Demain nous irons visiter les églises du groupe sud dans lesquelles nous n’avons pas pu entrer, puis nous reprendrons la route. Notre prochaine destination est parfois surnommée l’enfer sur terre…