Arrivée en Ethiopie, et perte totale de repères !
Ça y est, nous sommes en Ethiopie depuis jeudi ! Le final soudanais s’est effectué un peu dans la douleur, avec une soixantaine de kilomètres sur une très mauvaise route avec d’énormes nids de poules et des ornières. On entend la cellule craquer, les suspensions sont bien sollicitées, ce n’est pas très rassurante tout ça ! On va tellement doucement que les garçons vont plus vite que nous en courant 😉
Le passage de frontière se passe bien, nous devons un peu attendre coté éthiopien car nous arrivons à l’heure du déjeuner, mais en 4h30 nous avons effectué les démarches des 2 côtés. Dès les premiers mètres, le changement est radical. D’abord, la route est très bonne, ce qui est un soulagement. Alors qu’au Soudan on ne croisait pas grand-monde sur la route, ici ce sont des dizaines de personnes qui marchent de chaque côté ! Et qui crient à notre passage. Les fameux « youyou » dont on nous avait parlé et qui devraient nous suivre tout au long du pays. Comme il est un peu tard, nous décidons de ne pas prendre la route aujourd’hui et de rester à Metema, la ville frontière. Nous trouvons un hôtel dans lequel nous pouvons nous garer, et nous commandons rapidement quelque chose que nous n’avons plus pris depuis plus de 2 mois : des bières !!!!
Le lendemain, nous prenons la route pour Gondar où nous devons être impérativement à 16h. La route est très belle, le paysage verdoyant, on monte progressivement en altitude… quel changement par rapport au Soudan ! Le changement est sur la route, mais il est aussi plus global : en Ethiopie nous sommes en 2012, et leur journée commence avec le lever du soleil. C’est-à-dire qu’à 7h du matin, pour eux il est 1h du matin… Après 3 mois dans des pays arabes, où nous arrivions à nous faire à peu près comprendre, nous devons également apprivoiser une nouvelle langue : l’amharique, assez difficile à prononcer et carrément impossible à lire pour nous ! Tout au long de la route jusqu’à Gondar, nous sommes accueillis par des cris et des sourires. Les cris sont assez surprenants : adultes comme enfants, ils nous interpellent par des « You ! » criés très forts. Les gamins les enchainent ce qui donne « youyouyou ». Et souvent ils sont accompagnés de « money money » ou encore « dollars » ! Et oui, ici tout particulièrement, nous sommes considérés comme des porte-monnaie ambulants 😉 Je me demande à quoi pensent les enfants qui hurlent « money ! » en courant à coté de nous. Pensent-ils vraiment que je vais leur jeter des dollars par la fenêtre ? Pour l’instant ça nous amuse, nous saluons toutes les personnes qui nous interpellent. Et nous mettons de côté les 2 ou 3 gestes un peu plus déplacés que nous avons pu apercevoir au milieu des sourires et « youyou ».
Nous arrivons à l’heure prévue à Gondar et avons la joie de récupérer à l’aéroport Marion, la sœur de Renaud. Marion nous accompagne à chacune de nos aventures. En 2008, elle avait à peine 15 ans quand elle a pris l’avion toute seule pour nous rejoindre au Chili (et repartir de Bolivie) ; en 2015, c’est au Laos que nous l’avons récupérée, et aujourd’hui elle vient passer les 3 prochaines semaines en Ethiopie. Cerise sur le gâteau, elle nous amène un sac rempli de douceurs euopéennes : bonbons pour les enfants, charcuterie, fromages, quelques livres… sans oublier une liseuse pour Eliott !
Aujourd’hui, nous avons fait notre première journée de visite en Ethiopie. La ville de Gondar, située sur un plateau à 2300m d’altitude (ça caille !!! à peine 20° !! on a ressorti les couettes pour dormir !) a été choisie comme capitale du royaume au XVIIème siècle grâce à sa position privilégiée au carrefour de plusieurs routes caravanières. Nous visitons tout d’abord l’enceinte royale, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO : un grand complexe comprenant plusieurs palais et autres bâtiments occupés par plusieurs souverains successifs.
Puis dans l’après-midi nous allons voir l’Eglise Debré Berhan Sélassié. Enfin, nous essayons car nous essuyons un gros orage avec de la grêle ! Dans l’église, dont le plafond est décoré de peintures de dizaines de têtes d’anges, le moine initie les enfants aux rythmes sacadés des cérémonies religieuses.
La ville de Gondar est plutôt agréable pour se balader à pied. Ça aussi ça change des villes soudanaises qui n’ont pas beaucoup de charme ! Nous avions prévu de faire une boucle en montant dans les montagnes au nord de la ville, mais la météo pour les prochains jours n’est pas terrible. Nous changeons donc nos plans et partirons demain en direction de Lalibela, où se trouvent les églises les plus célèbres du pays.