Grosse frayeur !
Samedi 1er septembre, 18h45.
Je viens juste de cliquer sur le bouton "publier" pour annoncer au monde entier (en toute modestie évidemment) notre prochain projet, quand Renaud m'appelle dans la salle de bain. "Regarde, c'est bizarre, je n'arrive pas à faire la grimace !". Il est là, devant moi, à se regarder dans le miroir en train d'essayer, en vain, de tordre sa bouche. "Fais-moi un sourire ?" Et là mon sang se glace... son sourire n'est pas symétrique, le côté gauche se soulève nettement moins...
18h50 - je compose le 15 sur mon mobile. "Si c'est une urgence vitale, tapez 1" - le cœur battant, je tape 1 sur le clavier. Je décris les symptômes, on me passe un médecin qui m'envoie les pompiers immédiatement. Aussitôt raccroché, j'appelle des amis pour organiser la garde des 3 enfants qui partiront, quelques minutes plus tard, avec leurs petits sacs sur le dos pour faire les 500m qui séparent nos 2 maisons.
19h15 - les pompiers arrivent, je remplis des papiers avec le responsable pendant que les 2 autres se chargent de mettre Renaud sur le brancard. "Suspicion d'AVC" indique-t-il sur le motif de prise en charge. J'ai du mal à déglutir. Ils partent en mettant la sirène et je prends la voiture pour les rejoindre aux urgences de la Timone. Lorsque j'y arrive, Renaud est déjà pris en charge, je ne peux pas le rejoindre et je dois attendre dans la grande salle d'attente, les écrans TV diffusent BFM en boucle. Je me change les idées en répondant à quelques commentaires arrivés entre temps sur le blog ou sur facebook mais le cœur n'y est pas, évidemment. Je peux enfin le rejoindre vers 22h. Il doit faire une IRM mais n'est pas prioritaire car ses symptômes ne sont pas très prononcés, on nous dit que c'est une bonne chose.
5h00 - après avoir fait une IRM qui n'a rien donné puis une ponction lombaire qui ne donne rien non plus, les médecins nous informent qu'ils ont écarté les 2 risques vitaux (AVC et méningite) mais qu'il ne savent pas ce qu'il a. Sa situation n'est plus considéré comme une "urgence", il doit faire des examens complémentaires et est admis dans une chambre au service neurologie. Comme il partage sa chambre avec quelqu’un je ne peux pas rester à ses côtés, je suis mise dehors sans grand ménagement. Autant vous dire que je n'en mène pas large dans les couloirs et sur la route du retour. Lui non plus d'ailleurs...
Le lendemain matin, je dois patienter jusqu'à 12h30 avant de pouvoir aller le voir. Entre temps j'ai récupéré les enfants qui seront gardés par ma soeur toute la journée. Je gère les priorités comme elles viennent : organiser la rentrée des enfants, prévenir le bureau, faire appel à nos amis et aux parents de Renaud pour qu'ils m'aident dans la gestion de l'après-école pendant quelques jours. Lorsque je rejoins mon mari à l’hôpital j'ai un choc : le côté gauche de son visage ne bouge plus du tout, il ne peut plus fermer l’œil gauche. Il n'a plus une ride, c'est encore mieux que le Botox ;) !
Au final, après un encéphalogramme, de nombreuses prises de sang, un bilan ORL complet dans un autre hôpital et très peu d'information pendant plusieurs jours, ils diagnostiquent un virus qui s'est logé derrière son oreille et qui a touché le nerf facial. On n'en saura vraisemblablement pas plus. Rien de très grave, donc, avec le traitement adapté le virus devrait être éliminé en quelques jours. Et il devra suivre des séances de rééducation faciale pendant plusieurs semaines pour retrouver, espérons-le totalement, la mobilité de son visage. Je viens de le récupérer à l'hôpital (jeudi 6 septembre) et nous avons fait la surprise aux enfant d'aller les chercher ensemble à l'école. Nous sommes tous soulagés !
Pendant quelques jours, le voyage est passé en arrière plan. "Du coup... tu es toujours ok pour partir ?" lui demande-je. "Ah mais oui, d'ici là ça ira très bien!" me répond-il avec son demi-sourire... ravageur. Ouf, on peut reprendre les préparatifs ! Et voyons le côté positif : il vaut mieux qu'un truc comme ça nous arrive ici qu'au bord du lac Malawi, non ??